
verte tout à l’entour. L'area de ce péribole a conservé
ses autels encore debout, et une très-petite
oedicula. Mais cela suffît, pour nous faire concevoir
comment le péri b oie pouvoit former souvent
un ouvrage de beaucoup supérieur en travail, en
dépense et en grandeur, à celui du naos. C’est
aussi en considérant cet entourage de portiques et
de colonnades, formant sur une grande échelle,
l’encadrement, si l’on peut dire, d’un de ces
vastes temples périplères ou diptcres, dont nous
avons parcouru les variétés, que nous entendons
qu’on doit placer cet ensemble au premier rang,
non-seulement des temples grecs, mais encore
des plus spacieux, qui aient été imaginés \et
construits chez les peuples anciens , même en y
comprenant les Egyptiens.
On se rappelle , qu’au commencement de cet
article, en montrant la différence élémentaire du
temple grec, d’avec le temple égyptien , nous
avons fait remarquer que ce dernier, loin de former
un tout architectural, subordonné à l’unité
de plan , d’ordonnance et d’élévation , susceptible
d'offrir de spacieux intérieurs, et tous les rapports
sous lesquels la science et l’art de bâtir peuvent se
montrer , n’étoit au contraire qu’une série de
corps appliqués les uns aux autres, et dans des '
mesures toutes différentes. Or, quelque grandeur
de dimension qu’on puisse accorder à de tels assemblages
, nous ne saurions y voir ni la grandeur
linéaire du grand temple grec à péribole, ni surtout
la grandeur morale de ce qu’on doit appeler
un ensemble : car autre chose est un ensemble,
autre chose un assemblage.
Mais rien n’a du être plus exposé à la destruction,
surtout dans les régions de l’antiquité grecque
et grseco-romaine, où les villes ont succédé
aux villes, où de nouvelles religions, de nouvelles
moeurs, de nouvelles dominations ont remplacé
les anciennes, que ces grands corps de bâtimens,
ces grandes enceintes formées de portiques en colonnes.
En vain chercheroit-on à Athènes des restes
de celle qui compléta jadis le temple olympien de
cette ville. A peine est-on d’accord sur l’emplacement
occupé autrefois par ce temple9 enrichi de
toutes les merveilles de la sculpture et de l’architecture.
Son vaste péribole, selon Pausanias,
étoit rempli tant des statues de l’empereur, qui
avoit terminé le temple , que des anciens simulacres
des'divinités, et de quelques petits édifices
sacrés.
Pour nous faire une juste idée de cette sorte de
temple, il faut comparer aux récits des monumens
qui ne sont plus , les plans et élévations du grand
temple de Palmyre, qui, bien que dégradé et mutilé
dans beaucoup de parties de sa vaste circonférence
, doit cependant à l’abandon total où est
réduit depuis long-temps le lien qu’il occupe,
d’avoir conservé les restes les plus remarquables
de ce qui composa jadis , et son temple périptère,
et le péribole qui lui seryoit d’accompagnement.
Nous avons dit que le péribole du temple olympien
d’Atliènes avoit quatre stades de circuit, c’esl-à.
dire deux mille quatre cents pieds. Celui du temple
de Palrnyre avoit, d’après les plans des voyageurs
anglais, de sept à huit cents pieds, dans chaque
coté de son quadrangle. Les dessins de cette enceinte
, dont il subsiste de très-grandes parties
nous montrent qu’elle étoit formée , dans trois de
ses cotés, d’un mur percé par des portes. Eu dedans
de ce mur s’élevoient deux rangs de colonnes, ré-
gnant tout à l’entour, ce qui produisoit deux galeries
ou promenoirs. Si l’on en croit les plans que
tout le monde peut consulte!*, ce grand péribole
avoit une entrée magnifique, consistant en une
colonnade.extérieure, occupant le milieu du mur,
qui, de, ce côté, étoit plein. Cette colonnadecon-
duisoit à trois portes , et dans l’intérieur , au-delà
des portes, une colonnade semblable répétoit celle
de.l’extérieur, espèce de composition qui rappelle
l’idée des propylées d’Athènes et d’Eleusis. l,e
rang intermediaire des colonnes du doté de 1 entrée
manque dans le plan que nous avons sous les yeux.
S’il manqua de même autrefois, le nombre des '
colonnes du péribole auroit été de 3 6 o.
Si un sort heureux ne nous eût pas conservé un
semblable témoignage de la grandeur et du luxe
architectural des grands temples, on l’auroit révoqué
en doute, et l ’on auroit eu quelque droit d’en
contester l’application , aux périboles des temple
célèbres, dont nous trouvons de si nombreuses citations
chez les écrivains. ( V o y . Péribole.) Maintenant,
lorsque nous voyons que ce fut généralement
aux principaux édifices sacrés, aux plus
grands et aux plus renommés, que furent affectées
ces sortes d’enceintes, qui dévoient ajouter une si
grande magnificence à leur aspect, ne nous sera-
t-il pas permis, et de croire que ces enceintes qui
n’existent pins que dans les paroles des historiens,
durent ressembler à celles dont nous connoissons
les restes, et qu’elles constituèrent dans l’échelle
des temples antiques, le degré le plus élevé, auquel
l’art ait atteint en ce genre ?
Pour restreindre dans les bornes d’un article de
dictionnaire, la notion principale d’un des plus
vastes sujets de l’histoire de l'architecture, nous
avons annoncé dès l’abord, que nous ne traiterions
ici que du temple grec ou romain, le seul qui soit
véritablement en rapport ,avec la critique et la
théorie de l’art proprement dit. Il resteroit sans
doute beaucoup d’autres points de vue sous lesquels
le temple, objet de cet article, pourroit être
considéré par l’architecte, comme , par exemple,
les différées ordres qu’on y employa, le nombre
de colonnes qne comportoient leurs frontispices,
la manière d en espacer les colonnes, au gré de
plus d’une sorte de convenance. Mais tous les détail*
de ces différentes pratiques se trouvent à tous les
mots grecs latinisés qui les expriment, et qui sont
passés dans le vocabulaire de l’architecture, chez
les Modernes : tels que ceux qui se composent du
mot style (colonne en grec) et du nombre ou de
l'épithète qui en désignent les variétés. Voyez
Eustyle, E x a s t y l e , D ia s t y l e , etc.
Sans doute , si l’on vouloit encore parcourir
tout ce qu’une telle matière comporte de details
accessoires, il faudroil non pas un article, mais
un volume. Tout en restant dans le cercle de l’art
des Grecs, l’histoire complète de ses temples, la
discussion de toutes leurs variétés , et la description
de tous les objets de décoration qui les embellirent,
se roi en t le sujet d’un très-intéressant ouvrage.
Il nous semble inutile de faire remarquer au lecteur,
qu’un semblable dessein est tou t—à-fai t en opposition
, avec.celui qui doit constituer le système
et l’esprit d’un dictionnaire, où chaque notion,
chaque partie d’un tout doit s’en trouvt*r divisée,
par la sujétion qu’impose l’ordre alphabétique..
Si nous touchons ici quelques mots des principaux
ornemens qui trouvèrent place au dehors ,
comme dans l’intérieur des temples, ce sera uniquement
pour avoir occasion de rappeler au lecteur,
les articles-où il pourra rencontrer.les notions
que celui-ci ne pouvoit pas embrasser.
L’architecture grecque avoit dû, comme on l’a
dit bien des fois, au principe même, ou si l’on
veut, au besoin de sa construction primitive, une
de ses principales beautés décoratives ; on veut
parler de la forme du fronton, qui, créé par la nécessité
, devint un tel sujet de luxe et de magnificence,
que rien de semblable dans toutes les
autres architectures ne peut y être comparé. On
entend parler surtout de ce qui en fait le complément,
cest-à-dne des sculp'uresen bas-relièf ou en
statues, qui remplirent les superficies de son tympan.
Voyez Fronton.
Ce fut,ainsi que lu frise, celte partie de l’entablement
qui, dans le dorique, représente!t ce qu’il
y avoit de plus vulgaire originairement, devint ,
par les accessoires dont on i’orna depuis , une des
richesses les plus remarquables du temple grec.
Voyez Métope , F rise.
On ne sauroil dire à quel pointy fut portée la richesse
des matières, des peintures, des métaux
précieux, et de tout ce qui ajoute au mérite de
la forme, celui de l’éclat, de la rareté, de la
grandeur des masses, et de la variété des couleurs.
Voyez B ronze, Peinture, C olossal , B a s -
relief, Sta tu e .
U faut dire, en terminant cet article, que si
l’architecture parvint à donner au temple grec ce
rare mérite d’unité, d’ensemble et d’harmonie,
qu on est encore aujourd’hui forcé d’admirer , jusque
dans les ruines qui en subsistent, cela fut dû,
indépendamment du principe primitif de la construction,
à la nature même du culte, qui n’ad-
nieltoit point la multitude dans l’intérieur des
édifices sacrés, et dont les cérémonies, toutes
extérieures, n’impqsoient à l'architecte aucune
sujétion susceptible de contrarier la régularité de
‘ ordonnance la plus-simple.
Diction. d}'Arch.it. Tome III.
Or j on l’a fait observer déjà dans plus d’un article
dé ce Dictionnaire, le culte du christianisme
repose sur des nécessités directement contraires,
et le nom d’église, ecclesia, assemblée, suffît pour
faire comprendre comment, d’un principe si divers,
devoit naître une aussi grande dissemblance
dans ies plans, les élévations, les mesures,
■ les proportions et les décorations des deux genres
d’édifices. A celte simple cause d’une assemblée
nombreuse, réunie dans (’intérieur du temple
chrétien, est dû le système moderne, qui a transporté
au dedans toute la magnificence, l’étendue v
et la dépense de colonnes, d’ornemens , d’ovdon-
nances, qui.constituèrent le principal mérite de
l’exlér.eur du temple grec. De l’obligation d’une
grande étendue en plan ,‘naquit celle d’unè'procé-
nlé exIra ordinaire dans les nefs, et par conséquent
dans les frontispices des églises. Ces réflexions
ont été déjà produites à l’article Eglise.
( Voyez ce mot.) Nous n’en reproduisons ici la
mention, que dans la vue de prémunir les architectes,
contre une indiscrète imitation de l’antiquité
, dans la formation des temples c\\retiens.
Imiter l’antique n’est pas transporter à d’autres emplois,
des plans et desdisposilions qui ne sauioient
leur convenir. Cette sorte d’imitation mécanique
riiériteroit à peine le nom de copie. Ce que l’artiste
doit chercher à imiter chez les Anciens , c’est,
non le positif de leurs ouvrages, non les règles
.que la mesure et je compas y font trouver, mais les
raisons de ces ouvrages , mais l’esprit de ces règles,
mais le principe moral, dont, et les ouvrages etles
règles , sont les conséquences. Ce n’est donc pas à
faire dans une église , le jf'ac simjle d’un temple
grec, que doit tendre L imitateur intelligent de
l’anlitjue : mais en employant les formes , les types,
les détails de l’architecture grecque , qui ne sont
antre chose, que ce que les mots, si l’on peut dire,
et les formules du discours, sont à l’art d’écrire,
il doit s'efforcer , non de faire ce qui lut lait par
les grands architectes de l’antiquité , mais de (aire
ce qu’ils auraient fait, si d’autres usages, d’autres
convenances, d’autres besoins politiques civils et
religieux, leur eussent prescrit d’au lies obligations.
TÉNACITÉ, s. f. Ce mot exprime, dans la
composition des corps , une qualité en vertu de laquelle
, leurs élérnens et les parties dont ils sont
formés, acquièrent une forte adhérence, ce qui
les rend [dus propres à soutenir la pression, à ré- ..
sisler à la percussion ou à toute autre action qui
1 endroit à les dissoudre. Ainsi l’on dit de certains
matériaux, qu’ils ont, ou qu’ils n’ont, pas delà
ténacité. On le dit de certains enduits, de certaines
couleurs.
On le dit aussi des terrains, et il est essentiel
d’avoir égard à leur plus ou moins grande ténacité,
dans le prix de la fouille des terres, dans le calcul
des mines.
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