
» cuivre et le fer ; des violets de divers degrés
» d’intensité dus au manganèse, quelquefois des
» jaunes dus à l’introduction de la fumée dans le
» verre au moyen de la sciure de bois.; et enfin
» des rouges. Ces verres rouges, teints dans leur
» masse, sont les plus difficiles à obtenir. Les
» personnes qui ont des notions de chimie, le
» concevront facilement, quand elles sauront,
» qu’on n’a pu avoir, jusqu’à présent, des serres
» teints d’un beau rouge purpurin, ni par le fer,
» ni par l’o r , mais uniquement parle protoxyde
» de cuivre. Celles qui veulent absolument que
» les procédés de la peinture sur verre soient
» perdus, pourroient ici trouver un appui à leur
» opinion, si on leur disoit qu’en effet, pendant
» très-long-temps , on n’a plus fait de ces verres
» rouges. Mais cette prétendue perte de procédé
» rentre dans celle qu’on signaloit au commence-
» ment de cet article. Le tour de main pour faire
» prendre à une masse vitrée , fondue dans un
» creuset de verrerie, la teinte purpurine que lui
» donne le protoxyde de cuivre, et pour la lui
» faire conserver, lorsqu’elle a été soufflée et
» étendue en vitre, est difficile à atteindre. L ’exé-
» cution en paroîtra encore plus difficile, quand
» on saura, que ces vitres rouges, comme beau-
» coup de verres teints employés dans la peinture
» sur verre} sont composées de deux couches,
» l ’une de verre incolore et limpide, et l’autre,’
» beaucoup plus mince que la première* du verre
» coloré en rouge. On verra tout à l’heure le but
» de cette disposition.
» Cependant ces procédés ne sont pas perdus.
» Ils ont été trop bien décrits par Audiquer de
Biancourt. M. P. Robert de Sèvres le^possède,
» et M. Bontemps, directeur des travaux de la
» verrerie de Choisy, en a fait à cette verrerieen
» i 823; il en a fait en 1826; il vient d’en refaire
» encore pour Sèvres en 182&, et il continuera
y> d’en faire, s’il reçoit des commandes assez
» considérables pour le dédommager de ses ten-
» tatives et d’une fabrication réelle.
» Voilà donc à quoi se réduit la prétendue
» perte des procédés de la peinture sur verre.
» Je ne parle pas des jaunes, des g ris, qui sont
» le blanc ou le verre d’apparence dépoli, du noir,
» parce que ces couleurs ne sont presque jamais
» données à la masse du verre9 mais seulement
» à sa surface, au moyen des oxydes vitrifiables,
» qui y sont appliqués et cuits ensuite à un feu de
» moufle, couleurs que l’on fait facilement, et
» d’autant mieux, qu’on est plus instruit en chi-
» mie, plus industrieux et plus habile manipu-
» lateur.
» Mais les verres teints dans leur masse, ne
» sont pas du domaine de la peinture sur verre pro-
» prcment dite, telle que peuvent l’exécuter des
» procédés analogues à l’art des peintures sur por-
» celaine. C’est une dépendance de l ’art de la ver-
» rerie; c’est aux fabriques de verrerie qu’il faut
: » les demander; et on répète qu’à l’exception des
» verres rouges purpurins, toutes les verreries de
» France , qui s’adonnent à ce genre de fabrica-
» lion , font facilement et bien toutes les autres
» couleurs, et la plupart de leurs nuances. Cette
» classe de peintures sur verre est elle-même sus-
» ceptible de se diviser en deux sections, selon
» qu’on a pour objet de faire de grands panneaux
» en vitraux d’église, ou de petits vitraux de
» cloître ou d’appartement; mais la base du prü-
» cédé est la même.
» Dans l’un et l’autre cas, \epeintre en verre doit
» se procurer les verres teints les plus beaux et les
.» plus convenables à son objet, sous le rapport du
» ton, de l’épaisseur, de la dureté. Us sont destinés
» à faire les teintes plates de toutes les parties du
» tableau. Il les coupe en conséquence, et y fait
» avec des couleurs vitrifiables, qui se réduisent
» presqu’uniquement à des gris, des bruns, des
» noirs , ou des roussâtres, les ombres ou demi-
» teintes qui doivent faire tourner les figures, ou
» dessiner les plis des draperies. Il les découpe,
» les réunit avec des plombs, et en fait des pan-
» neaux plus ou moins grands. Comme les nus ou
» le carnation, ne sont pas susceptibles d’être faits
» avec des verres teints, et qu’on ne connoissoit
» autrefois dans cet art aucune couleur propre à
» donner les nuances nécessaires, on remarquera
» qug. les têtes et les figures sont toujours d’une
» couleur terne , roussâtre, ou camayeux, seules
» téintes que pouvoient former les couleurs que l’on
» possédoil alors. Il n’y a pas une carnation , pas un
» fruit, pas un groupe de fleurs, tous objets qui
» exigent une véritable peinture au pinceau, avec
» ses effets , ses nuances , ses passages. J’ai bien
« examiné tout ce qui a été fait dans les églises de
» Paris, et qui appartient à cette première classe.
» J ’ai recueilli pour la manufacture beaucoup
» de fragmens de têtes et de figures, et aucune
» ne m’a fait voir une véritable peinture.
» Dans cette peinture en grand , les verres
» teints à defcx couches, l’une incolore et l ’autre
» colcrrée} n’étoient pas nécessaires. AussMa plu-
» part de ces verres sont-ils teints en plein, à
» l’exception des rouges qu’on ne pouvoit point
» faire autrement.
» Mon intention n’étant point de décrire les
» procédés de la peinture sur v e r ré , mais seu-
» îement de caractériser ses différentes classes,
» pourvoir dans le moment actuel, quel est l’état
» de chacune de ces classes, je dois borner à ce
» qui précède ce que j ’ai à dire sur la première
» section de la première classé.
» Mais lorsqu’il s’agit de faire de ces petits
» tableaux qui -doivent être vus de près, et se
» faire remarquer par l’éclat de leur couleur et
» la finesse de leur exécution , on a recours aux
» verres à deux couches , l’üne teinte, et l’autre
» incolore. On enlève avec la meule la couche
» coloriée ; on met à nu la couche limpide, en
lai donnant exactement les contours de l’objet
à représenter; on recouvre cette place creuse
et incolore de la couleur qu’on veut donner à
l’objet, et on obtient ainsi un ornement ou
toute autre chose, d’une couleur différente de
celle du fond sur lequel il est peint ; par exemple
, des fleurs de lys d’un jaune d’o r , sur un
fond bleu, ou une bordure d’hermine sur un
fond rouge, etc.
» Dans l’une ou l’autre section de cette classe
de peinture, les couleurs d’ombre, où celles
qui sont nécessaires , soit pour donner des
teintes, que les verres de couleur ne fourni-
roient pas, soit pour peindre les objets qu’on
veut figurer, sont mises avep plus ou moins
d’épaisseur, sur l’une ou sur l’autre surface du
verre , et fondues au feu que l’on nomme de
moufle. Les couleurs y adhèrent avec une
force au moins égale à celle qui fait tenir les
couleurs sur la porcelaine. Elle sont néanmoins
susceptibles d’une légère altération par les
météores atmosphériques. C’est une imperfection
que les Anciens n^OnCpu éviter. Si on
croit le contraire , c’est parce que l’on confond
sans cesse dans leurs tableaux, les parties faites
avec des morceaux de verre teints dans la
masse, et celles qui résultent des couleurs
appliquées à la surface du verre et cuites à la
ipoufle. Mais comme ces dernières couleurs'
eioienl chez les Anciens en très-petit nombre ,
et qu’elles ne sont pas toutes altérables, on
les ay>our ainsi dire oubliées, pour ne remarquer
que les parties en verre teiut, dues non
pas à la peinture sur verre , mais à la verrerie
qui les a fabriquées et fournies.'
» 2e. Classe. Elle renferme la véritable peinture
sur verre , art à peine connu des Anciens
et porté déjà à un haut degré de perfection,
depuis que les connoissances de la chimie moderne
sont venues l’aider.
» Il consiste à peindre sur du verre blanc des
sujets de toutes sortes de figurés, ornemens ,
fleurs, avec des couleurs vitrifiables, c’est-à-
dire composées d’oxydes métalliques , et semblables
aux couleurs d’émail ou de porcelaines,
et à fixer ces couleuvs sur le v erre,
en les y incorporant au moyen d’une chaleur
incandescente qni ramollit le verve et fond les
couleurs.
» Le mérite.de ces peintures résulté, comme
celui des porcelaines, du Concours de deux
talens, de celui du chimiste fabricant, qui
fournil au peintre sur verre des couleurs appropriées
, belles ét bonnes, et qui Sait cuire à
propos ces peintures, et de celui du peitttrè
qui doit connoître l’effet des couleurs, effet
qui paroîtra différent,‘ qüand éfle ser'ônt vues
par réfraction, de celui qu’elles présenteront
quand on les verra par réflexion1, et qui doit
savoir, comme artiste, donner à ses peintures,
» les tons, les nuances, et les effets que de-
» mande l’objet qu’elles représentent, et l’usagé
» auquel elles sont destinées.
» Les couleurs doivent donc avoir beaucoup
» de puissance, sans qu’on soit obligé de les
» mettre épaisses; car cette épaisseur leur enle-
» veroit de la transparence, et les feroit paroîlré
» lourdes et sombres. II.faut savoir mettre sur
» chaque face de v erre, les teintes qui^ doivent
» concourir par leur superposition à 1 effet re-
» cherché.
» Ici il n’y a plus de verres teints, plus de
» plombs, plus de réunion ; mais comme on ne
» peut pas peindre un sujet, ou une figure de
» grandeur naturelle, sur une seule pièce dé
» v e f r e , parce qu’on n’en fait pas de celle di-
» niension, et parce qu’en supposant qu on par-
» vînt à en faire, elles n’auroient aucune soli-
» d ité , on est obligé de peindre ces grandes
» figures Ou ces tableaux , sur des picces de
» verre rectangulaires, qu’on réunit ensemble ,
» au moyen d’une monture en f e r , ce qui place
» le sujet derrière une espèce de grille.
» Ces peintures sont fixées par la cuisson a la
» moufle, à plusieurs feux. Le nombre des feux ,
» va jusqu’à quatre, et peut aller au-dela. Les
» couleurs sont incorporées dans le verre. Elles
» sont aussi solides , pour ne pas dire plus , que
j; » les couleurs employées par les Anciens pour les
» ombres à donner aux parties faites sur les
» verres teints. Il n’y a donc aucune objection
» fondée à faire contre ce genre de peinture,sous
» le rapport de la solidité des couleurs, mais il
» peut*y en avoir sous celui de l’effet.
» En général les peintures sur verre ne sont pas
» destinées à être vues de près. Leur principale
» destination, leur véritable placé, est de rém-
» plir les immenses et hautes fenêtres des églises
» et des temples. Il faut donc que les peintures,
» vues de loin et sur le ciel, par l’oeil déjà fatigué
» de la lumière directe qui lui arrive, soient
» montées a un ton élevé et brillant. Or il n’est
» pas probable'qu’on y arrive au moyen des seuls
» verres peints. Il faudra avoir recours, comme
» l’ont fait les Anciens , aux vertes téints dans la
» massé , ét on obtiendra par la réunion dé ce
» moyen, avec celui des peintures réelles, des
» carnations , des fleurs, moyens qui , ainsi que
» je l’ai dît plus haut, éloient inconnus des An-
» ciéns. On obtiendra alors dés effets plus bril—
» lans, et quelquefois aussi harmonieux que ceu*
» des tableaux à l’huile.
» Les plombs dé réunion né doivent pas être
» regardés comme un obstacle. Placés avec dis—
eérnemenl, ils augmenteront i’èfiet loin de lui
» nuire, et ils sont, dans beaucoup de cas, prefé-
» râbles au grillage de fer qui s’interpose entre
» le spectateur e.t le tableau.
» C’est la . réunion de ce moyen dé,.* '.ve'bes
» ternis dans la masse , avec les verres réeiWÆht
D d d d