
quou employoit aussi aux répétitions des choeurs.
L’autre moitié du théâtre, celle qui, comme on
l’a dit, étoit, selon le sens propre du mot, véritablement
théâtre} ou lieu fait pour voir, se cotn-
posoit nécessairement d’un demi-cercle, forme
dictée par la nature , pour qu’un grand nombre
d’hommes réunis pussent également, de tous les
points de la demi*circonférence, et voir et entendre
ce qui se faisoit et se disoit au point de cèntr.e de
la ligue du proscenium _, qui, chez les Romains ,
termiuoit _ le demi-cercle.
On a déjà dit que, dès l’origine, ce besoin, et
celui d’assembler une multitude d’individus, placés
par degrés les uns au-dessus des autres, avoient
suggéré le choix des premiers théâtres, dans des
.empiacemens donnés parla nature. Effectivement,
le très-grand nombre de théâtres dont les restes
nous sont parvenus, démontre que partout où les
localités le permettoient, on plaçoit cet édifice,
de manière à économiser la dépense de construction,
que son élévation dans un terrain un iauroit
occasionnée. La croupe dune cote dans laquelle
on pouvoit creuser la partie demi-ciculaire des
gradins, offroit de grands avantages, car d’abord
on étoit souvent dispensé de faire des fondations,
et ensuite les bancs circulaires ou les degrés se
tailloient à même la masse. Cependant on ne pra-
tiquoit ainsi que la partie qui constituoit spécialement
le fonds du demi-cercle. Les deux extrémités
qui terminoient de chaque côté les gradins, étoieut
construites, et formoient un massif propre à augmenter
la solidité de l’ensemble, et à lier les gradins
à la scène. C’est ce que font voir les ruines de plus !
d’un théâtre antique, et c’est ce que nous avons
déjà décrit avec beaucoup plus de détails, aux articles
des deux villes de S agon ie et de T auromi-
kiüm , ou existent les deux théâtres les mieux conservés
de tous ceux que le temps a épargnés.
Au mot Amphithéâtre {voyez ce mot), on
trouve la description anticipée de ce que .nous
aurions à faire connoître ic i, sur la disposition des
gradins, et sur les escaliers qui établissoient une
facile circulation, entre toutes les rangées de degrés.
L’amphithéâtre ne fut, en effet, que la
conjonction de deux théâtres , et les Romains
n’eurent , à cet égard , qu’à se régler sur les pratiques
des théâtresgrecs.
Plus, d’une variété toutefois eut beu dans la distribution
des degrés. Souvent on ne les divisoit
pas en étages, c’est-à-dire en groupes. Il existe
effectivement des théâtres d’une fort grande étendue
,' dont tous les gradins se suivent sans aucune
interruption. Lorsqu’on vouloit établir des étages
de degrés, par les séparations des paliers, on ré-
gioit le nombre de ces étages , d’après la hauteur
totale, ou l’étendue de l’intérieur. On en établis-
soit trois dans les grands théâtres , et deux dans
les petits.. Ces séparations ou paliers , sont ce que
Vitruve appelle proecinctiones. Voyez B alteds.
Pour monter aux Jegrés et circuler facilement
entr’enx, l’on séparoit leurs rangées en plusieurs !
sections , entre lesquelles éloient pratiqués des !
escaliers. Lorsque la hauteur du théâtre étoit par,
tagée par plusieurs proecinctions, chacun de ces ;
étages avoit ses escaliers particuliers formés de !
marches, ayant en hauteur la moitié du gradin !
servant de siège. Ces escaliers avoient leur direction
vers le centre de l’orchestre, et formoient
pour ainsi dire les rayons du demi-cercle. Ils
furent désignés par les Romains, sous le nom de
cuneiy parce que les gradins ou sièges compris
entre-deux, présentaient la figure d’un coin.
Les ouvertures ou entrées qui conduisoiént aux
gradins, différoient, selon que ceux-ci avoient été
taillés et pratiqués dans le penchant d’une montagne,
ou bien construits comme partie d’un édifice
élevé sur un sol plane. Aux théâtres tout en construction
, les entrées des différens étages faisoient
partie de la construction même, sur laquelle se
trouvèrent établis les gradins, et ils aboutissoient
à chaque étage. Dans les autres, on praliquoit
souvent, sur le côté de la montagne, des chemins
qui conduisoiént jusqu’aux gradins les plus élevés,
d’où les escaliërs conduisoiént au reste des gradins
inférieurs. Cela se remarque ainsi au théâtre de
Taurominium.
Au-dessus de la montée totale des gradins qui,
selon l’acception du mot grec, étoit véritablement
le théâtre9 que l’on désigne en italien par
le mot gradin ata y et qu’on appelle généralement
en français am p h ith éâ tr e s’élevoit, le.plus sou-
vent,en colonnes , une galerie couverte , destinée
à des places distinguées, et pouvant servir aussi
de refuge en cas de mauvais temps : car on ne
doit pas oublier que dans les villes grecques, l’édifice
consacré spécialement aux représentations
scéniques, avoit quelquefois une autre destination,
celle de servir de lieu d’assemblée,' lorsque,1e
peuple entier d’une ville étoit appelé à délibérer
en commun sur les intérêts publics. Tacite, dans
le chap. 80 dn second livre de son Histoire, le dit
expressément deshabitans d’Antioche, et Ausone
en dit autant des Athéniens 5 il ajoute même que
cet usage étoit généralement adopté dans la
Grèce,
On ne doit donc pas s’étonner que 1 e théâtre
ait participé , dans ses décorations , aux pratiques
■ des institutions 1 iviles. Aiusi voyons-nous qu’au
théâtre d’Herculannm, d’un côté et de l’autre du
proscenium, on avoit élevé à Nonius Balbus,
ainsi qu’à son fils, une statue équestre en marbre.
Ces deux morceaux se sont retrouvés sous les laves
qui engloutirent ce théâtre. Au théâtre de Taornn-
nium, la galerie dont on parle, au-dessus des
gradins, avoit des niches qui sans dout.e reçurent
des statues.
Ce double emploi du théâtre en Grèce pour les
; jeux de la scène , et pour les délibérations ou assemblées
politiques, fut cause, sans doute, que cet édifice devint, dès' l’origine , de première
nécessitéÎ
H É
nécessité. Aussi est-il p'ehûis dô croire qu*il y
en eut dans toutes les villes. On ne trouve éffecti-
vement aucun emplacement de villes antiques en-
core reconnoissables par quelques débris, ou ne se
fassent remarquér des restes de théâtre. Celte
sorte de monument étant d’une grandeur et d’une ;
solidité remarquables, auroit certainement survécu
paxlont à toutes les destructions; si ses masses
n'eussent offert, par la suite des sièfcles , uns sorte !
de carrière aux habit a ns des villes nouvelles, qui
employant à leurs constructions des matériaux,
déjà tout taillés, achevèrent de ruiner des édifices
devenus désormais inutiles. Nonobstant ces causes
de dégradation, quelques vestiges leur ont toujours
survécu, et l’on feroit une listé infinie de
toutes les villes., où de semblables témoins déposent
de leur ancienne existence.
Pour ne pas laisser celte assertion sans quelque
preuve, nous allons citer, d’après les voyages de
ïocoké et dé Chàndler, les villes de l’Asie mi-
1 neufe qui onl des - restes de théâtre 3 savoir . :
Epbèse , Alabanda, Teo-s, Smyrne , Hieràpolis ,
Cyzique , Alinda , Magnésie, Laodicéè, Mylassa,
[■ Sardes, Milet, Stratonicée ,, Te lui es s us, Jasus,
Patara,
On trouve en Sicile des restes de théâtre à Ca-
tane', à Taurominium, à Syracuse, à Argyrium , à
Segeste.
Les principaux théâtres de la Grèce proprement
dite, et dont il existe des ruinés, furent
ceux d’Ailiènes , de ' Sparte, de l’ile d’Egine ,
d’Epidaure et de Megàlopolis. Selon Pausaoias, j
celui d’Escuiape à Epidaurè, et qui avoit été bâti
par Polyclète, surpàssdit, pour l'a. beauté de sa
disposition et les proportions de ses parties, tous
les diïiiïes théâtres dé la Grèce.
Toutefois, en parlant de cet édifice, le même
auteur observe, que, les théâtres des Romains
surpassoient ceux des Grecs,'en grandeur et en
magnificence. Il nous paroi.t qu’il dut en être-ainsi,
et la chose s’explique de soi-même. D’abord, en
fait d’édifices destinés à contenir, cbmme devoit
le faire le théâtre } les citoyens d’une ville , il est
évident que leur étendue fut nécessairement proportionnée
à chaque population. Or , quelle disproportion
ne dut-il;‘pas y avoir, entre les villes
même principales de chacun des petits Etats de la.
Grèce, sous le rapport de la’ population, et l.a
ville de Rom‘e , avant mê.trïè qu’elle fût devenue' Ta
veine du Monde? Mais'si Pausanias a entendu
comparer le plus Ngrand nombre des théâtres des
Grecs., avec ceux de la'ville proprement dite de
home-, oa a pu .se: convaincre déjà par la situation
, et'lé choix habituel dés emplacemens dù
plus grand nombre-dé' des édifices en Grèce ,
qu ils exigèrent une b Lé a m'oins grande1 dépensé
que ceux de Rome. Ceux-çi élevés sur dés terrains
planes, ciônvme nous le voyons encore aujourd’hui,
par les restes du théâtre. de Marcel lus, néceSsitè-
ieut d’itnmeusés' consi rue fions de ‘ portiques les
Diction. d'Archit. Tonie HL
T H É 4?3
uns sur les autres, à l’extérieur, et dans l’intérieur
dés combinaisons très-multipliées, pour les
issues, les dégagemens et les corridors destinés à
la circulation d’une immense multitude. Ou sait,
en effet, que le théâtre de Marcellus devoit contenir
trente mille spectateurs.
Vitruve a employé six chapitres de son cinquième
livre, à parcourir les notions théoriques
et ■ pratiqués de l’art de construire les théâtres.
Dans le premier de ces chapitres, il traite des
, Soins à prendre pour situer convenablement l’é-
! dificè sur un lieu sain, et qui ne soit pas exposé au
midi , ainsi que de l’élévation qu’on doit lui donner,
en raison de la portée de la voix et des effets
acoustiques. Le- chapitre suivant est. rempli uniquement
par une théorie sur la musique ancienne,
et les différens genres de chant, théorie qui, assez
étrangère déjà à l’art de bâtir , ne sauroit etre
aujourd’hui d’aucun intérêt pour l’architecte. La
notion relative aux vases de bronze placés entre
les sièges du théâtre y occupe le troisième chapitre,
qui se termine par un passage important dans
l’histoire du théâtre de Rome. Vitruve nous y apprend
que l’emploi de ces vases n’avoit lieu, chez
les Gïécs, qu’à L’égard des théâtres en pierre ou en
marbre , qui étoieut peu favorables à la répercussion
des sons qii’àRome, au contraire, où les
théâtres étoieut généralement en bois , celle pratique
étoit inutile. DanS-le chapitre qui a rapport à
1a disposition du plan des théâtres y l’auteur indique
les précédés géométriques', d’après lesquels devoit
être tracé lé plan du cercle décrit par le degré inférieur.
Il falloit y faire quatre triangles équilatéraux.
C’ètoit sur les différens angles résultant de
la combinaison des quatre triangles inscrits les
uns dans les autres, que dévoient se régler là
place des escaliers et les diverses parties de. la
scène. Dans Tes deux derniers chapitres, Vitruve
traité des rapports que doit avoir la hauteur du
portique qui s’élève au-dessus des degrés, avec
la hauteur de la scène, de la disposition de la
scène, des machines à décoration , des trois sortes
de décorations analogues aux trois caractères des
pièces tragiques, comiques, satyriques , enfin de
la différence entre le théâtre romain et le théâtre
gi*èd!, pour ce qui regarde les procédés géométriques,
d’après lesquels devoit être tracé l’intérieur
de leur plan.
■ J’ai donné i’idée'succincte de ces détails; beaucoup
moins , comme on voit, pour les faire con-
noîlre j que pour faire sentir combien seroit inutile
à cet égard, un plus grand développement dé
notions , qui seraient aujourd’hui sans aucune
application. J’ajoute qu’en général elles exige-
rôienf, pour être comprises, et de nombreux com-
mèntaires , et le secours? d’un grand nombre de
dessins. ’
L'histoire chronologique des théâtres romains
reposé sur des renseignemens plus positifs, que
ceux auxquels on auroit voulu soumettre les épo-
Ooo