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OEUVRE , s, m. Ce terme s’emploie diverse-
ihent dans plus d’une locution , en architecture.
j
On dit mettre en oeuvre. — C’est employer une j
matière quelconque, lui donner, par le travail, i
la forme et la place qu’elle doit avoir.
Dans oeuvre et hors d?oeuvre. — Le mot oeuvre , \
synonyme d'ouvrage, se prenoil autrefois d’une j
manière plus générale dans la bâtisse, pour le j
bâtiment ou la fabrique {voyez plus bas). Les !
deux mots dans oeuvre et hors d’oeuvres’appliqu eut \
donc aux mesures prises de l’intérieur ou de l’ex- j
térieur d’un bâtiment. Par suite de cet usage , je !
mot hors d*oeuvre se dit de tout corps de bâtisse, ;
de tout objet, de tout travail accessoire et étranger
à l’ensemble, quel qu’il so it, du corps de l ’ob- ,
jet ou du travail principal.
Sous oeuvre (Repriseeu).— Se dit, en bâtisse, de
l’opération par laquelle on rebâtit sous la partie
supérieure d’une construction, une construction
nouvelle, soit qu’on veuille changer la disposition
d’ un rez-de-chaussée, soit que la partie intérieure
de l’édifice dans ses fondations, et de
même au-dessus du sol, menace ruine par l’effet
d’un vice de construction ou de la mauvaise qualité
des matériaux. C’est ainsi qu’on vient de reprendre
en sous oeuvre et de reconstruire dans
l ’église de l’A bbaye, à Paris, tous les piliers de
sa n e f, dont les pierres, prêles à s'écraser, me-
uaçoient d’une ruine prochaine.
Toute opération de reprise en sous oeuvre a
lien par le moyen de forts étais qu’on place, de
manière à supporter la construction supérieure ,
sans qu’elle puisse éprouver ni tassement ni dérangement.
On démolit alors la construction vicieuse
qu’il s’agit de remplacer , et on rebâtit
jusqu’à ce qu’on arrive à la rejoindre a celle
d’en haut j ce qui exige des soins, une exactitude
et une précision particulières.
v OE uvre d’église. On appelle de ce nom,
dans nos églises, l’espèce d’enceinte et de place
distinguée, qu’occupent lès marguilliers ou fabri-
ciens, & ce dernier mot, qui signifie préposés à
lajabrique, nous explique l ’étymologie du mot
oeuvre dans nos églises.
Il suffit d’ouvrir les histoires des anciennes
constructions des églises , surtout en Italie , pour
voir que ces grands ouvrages, furent entrepris et
exécutés par des corporations ou compagnies
qu’on appeloit magistri de LC opéra, les maîtres de
l ’ouvrage ou de Yoeuvre. Ces grands édifices terminés
avoient besoin d’être continuellement surveillés
, réparés, entretenus. Des fonds plus ou
moins considérables éloient affectés à cet entretien.
L’administration de ces fonds , leur emploi,
la police du lieu saint et toutes les dépensés relatives
au culte extérieur, continuèrent d’être dans
les ali ri bu lions des maîtres de l’oeuvre , appelés
depu'.sfabriçiejiSt On leur donna une place d honneur
dans l’église, et cet usage subsiste encore* IL.
paroît que le langage aura abrégé la dénomination
dont il s’agit. On aura dit le banc des maîtres
de l’oeuvi-e , le banc de Voeuvre,, et enfin , par
ellipse, l'oeuvre.
Ce-banc tFbonneuv, où se placent les intendans
de la fabrique, qu’on nomme aujourd’hui mar-
guilliers, est devenu l’objet d’une décoration particulière
dans certaines églises. Ou a souvent
adossé ce banc, ou cette enceinte en menuiserie ,,
à une cloison en bois, plus ou moins ornée 5 on
l’a décorée d’une espèce de dais ou d’impériale.
Enfin, on y a élevé des colonnes, et ce banc primitif
est devenu quelquefois une construction.plus
importante, qu’il ne conviendroit d’en faire dans
des intérieurs, quiseroient soumis à une architecture
régulière..
L'oeuvre de la paroisse de Sajnt-Germain-l’Au-
xerrois., à Paris , passe avec raison pour le travail
en bois le plus considérable et encore ie plus
remarquable en ce genre. C’est aussi à.son importance
que s’adresseroit la critique qu’on vient
de faire, si ces sortes de hors-d’oeuvres ne seni-
bloient trouver leur excuse dans le genre des intérieurs
gothiques.
OFFICE, s. m. Dans les palais et les grands
hôtels, on comprend sous ce nom l’ensemble de
toutes les pièces qui forment ce qu’on appelle le
département de la bouche , comme les cuisines ,
garde-mangers, dépenses, sommelleries, salles
du commun , etc. .
On appelle aussi particulièrement office une
pièce , près de la salle à mange roù l’on renferme
tout ce qui dépend du service de la table et du
dessert.
La meilleure situation des offices, considérés
en grand, est à l’extrémité des ailes du bâtiment,
supposé que le terrain ne soit pas très-étendu,
c’esl-à-dire, que l’aile ne soit pas trop longue;
car alors il faùdroit faire une cour pour les cuisines
, et on y disposeroit à volonté les offices. '
Ce qu’il faut surtout éviter dans leur disposi-
tien, c’ est de les placer sous le corps principal d® &■
logis, à moins qu’on n’ait pas d’autre emplacement
à leur donnér.
O G Y Y E , s. m. Il n’est pas facile de s’accorde?
sur l’origine de ce mot. Il n’y a , sur son étymologie
, que des conjectures êt des notions douteuses
qui le cbmposèntde deux anciens mots français.
Quoi qu’il en soit, ce nom a été donné et se
donne encore , et généralement au pluriel, dans
dans l’architecture gothique, à ces courbures saillantes
que nous appelons nervures, q u i, dans les
travées ou croisées des voûtes (comme on le voit
à toutes les églises gothiques), se croisent diago-
n ale tuent au sommet, en allant d’un angle à l ’autre,
et produisent, dans les voûtes, ces comparût
mens angulaires qu’on y remarque.
Les
Les ogyyes ou les nervures des voûtes, qu’on
appelle ainsi, sont quelquefois méplates, quelquefois
arrondies avec filets, quelquefois elles se
composent de plusieurs moulures.
Les ogyves ainsi définies forment toujours, dans
les voûtes où elles se croisent , ce qu’on peut appeler
Y ossature de la construction. Elles sont ordinairement
de pierres dures et d’une plus grande
dimension que celles, qui forment les remplissages
, et ne sont guère autre chose que de petits
moellons qui , comme les briques , servent de revêtement
à une maçonnerie de blocage.
Les ogyves , dans les constructions gothiques ,
ne sont donc rien autre chose.que les arêtes saillantes,
au lieu d’être les arêtes sans saillie des
voû tes lunelatoe, à lunettes, ou ployées (du verbe
luno , qui signifie courber'), que les Anciens ont
appliquées à leurs grands intérieurs voûtés ,- tels
que furent ceux des vastes salles des thermes. _
Le besoin.d’établir dans les églises catholiques
( voyez G othique (Architecture ). des voû .'es à
de très-grandes hauteurs, dans de vastes dimensions
et sur des s apports-isolés , fit adopter aux
architectes d’alors le système de construction ,
qui tend le plus possible à diviser la pesanteur
des voûtes, à en répartir la pouffée, et à eu décharger
le plus possible leurs supports.
L’angle aigu produit par le. croisement des
ogyves ou arêtes saillantes dans les voûter , occasionne
encore le ploiement des arcs tiers-point j
ou arcs doubleaux formant le remplissage entre
les ogyves, et de-là naturellement l’usage des
arcs aigus, soit dans les arcades des nefs d’église ,
soit dans celles des fenêtres des bas côtés ou des
nefs qui correspondent aux arcs doubleaux.
Toutefois on ne sauroit s’empêcher de remarquer
que les ogyves des voûtes gothiques nous
prouvent, non-seulement que l’arc aigu ne fut
pas une invention de leurs architectes, puisqu’on
en trouve des exemples dans toutes loi architectures
intérieures , mais que. ces -architectes ne
.méconnurent p a s c om m e on le répète trop souvent,
l’arc plein cintre. En effet, l’arc plein cintre
, outre qu’on le trouve employé souvent dans
les arcades des. édifices gothiques, existe de fait
dans toutes les voûtes à ogyves. Les angles produits
dans le dessin des voûtes par le croisement
des ogyves, 'empêchent souvent de remarquer
que ces quatre compartimens angulaires 11e sont
dus qu’aux deux arcs en plein cintre qui forment
les nervures de Vogyve. Ces arcs sont plus ou
moins exhaussés ou surbaissés , selon l’élévation
ou la largeur que doivent avoir les voûtes. Voy.
G othique' ( Architecture).
OLIVE, sub. f. Le fruit de l ’olivier a fourni à
1 ornement, dans l’architecture , une imitation qui
trouve sa place en grains obloags, enfilés comme
des chapelets , et qu’on taille sur les astragales
e! sur les baguettes.
Diction, d’Archit. Tome III.
O P I
Olive ( feuille d’ ). O11 l’emploie dans l'ornement
, et nous avons vu qu’on distingue dans les
chapiteaux corinthiens ceux dont les feuillages
sont taillés d’après l’imitation de l’acanthe , ou
d’après celle des feuilles de l’olivier. Voyez Chapiteau
corinthien.
ONGLET. Voyez A ssemblage en onglet.
OPA. Mol latin qui est le même qu'ozret ou esr*?,
lequel, en grec, signifie trou, ouverture.,
Les Romains usèrent du mot opa, opoe , dans
l’architecture , pour désigner, comme Vitruve le
d i t , ces trous que nous appelons trous de boulin ,
lesquels sont formés dans la construction par l’ in-
itèrvalle qu’occupent les solives , ’ intervalles qui
restent vides et produisent des ouvertures carrées
lorsque les solives disparoissent.
Les Grecs j et Vitruve après eux , ont donné le
nom d'opa, trou, à ces intervalles q u i, dans la
charpente des plafonds, séparent les solives do.jfc
les bouts extérieurs furent décorés du triglypbe
( voyez T rig l ypbe ) , et de-là le nom de métope,
composé de p.iT» et de owîj, trou intermédiaire
entre les solives ou les triglyphes. Voyez, sur cet
objet, la discussion qui a lieu à l’article Métope.
OPAION. Du mot oît«, les Grecs ont fait le mot
07. ohm , qui signifie ouverture d’en haut dans les
bâtimens.
OP1STHODOMÉ. Ge mot estgrec {oxtoqoéo/^oe),
et se compose en grec de deux mots , et
(Lo/nos, q.ui signifient derrière et maison , et dans
leur composition veulent dire la partie de derrière
d’une maison.
Le u\.ot domos s’applique aux temples ,■ comme
les Italiens disent encore, z/ duomo pour église ;
c’est la maison par excellence. Ainsi opisthodome
signifie, appliqué aux temples grecs, celte partie
de leur ordonnance qui correspondoit au pronaos,
et que les Romains appelèrent posticu/n.
Cependant opisthodome a , dans le sens que nous
lui donnons , la propriété de signifier dans le temple
grec deux parties distinctes , quoique toutes
deux situées au côté opposé de celui qui formoit
le devant de l’édifice ; et nous verrons encore
que , par suite de l’emploi qui fut donné à une
de ces parties postérieures du temple , on peut
appeler opisthodome un édifice distinct et séparé
du temple.
. Nous allons parcourir les trois manières d’entendre
ce mot.
L ’opisthodome, selon la première manière d’être
appliqué à l’ensemble et à l’ordonnance générale
du temple, est celte partie q ui, dans le parallélogramme
dont est formé le naos, répète symétriquement
à l’extrémité postérieure la partie an—
j lérieuve qu’on appelle pronacs ou avant-temple. 1 L’avanl-lemple se compose, dans les temples a/u-
!