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qui se plaisoit à causer familièrement avec lui,
lui demandoit un jour , ce qu’il pourroit lui donner
qui lui fût le plus agréable : quelques bouteilles
de bon v in , Saint-Père, répondii-il. Le
pape sourit, et fiii fit porter, avec une caisse de
vin-de Monte Pulciano, un brevet de pension de
dix étus par mois.
Le site généralement humide sur lequel a été
élevée la basilique de Saint-Pierre, endommageant
les peintures à fresque de ses chapelles, on prit
le parti de prévenir leur ruine, et de les remplacer
au même lieu, par des copies faites en mosaïque.
Ou desiroit toutefois conserver les originaux.
Zabaglia proposa, et il lui frit ordonné d’enlever
ces peintures avec la masse même du mur, sur
lequel on les avoit exécutées. 11 commença par
la peinture du Martyr de Saint-Sébastien, ouvrage
du Dominiquin. Plusieurs regardoiént l’entreprise
impossible ; mais le succès la, justifia. Il faut
lire dans la description de celte opération embarrassée
et délicate , surtout par rapport à la surface
peinte, et au fond sur lequel l’ouvrage étojt J
exécuté, avec quelle intelligence Zabaglia'parvint
à isoler peu à peu la masse du mur, cora--
ïnent ayant commencé cet isolement par lé bas,
il Ht passer dessous La masse une forte table en
bois posée sur des rouleaux, comment il dégagea
cette masse latéralement et par en haut, et comment
étant parvenu à l’isoler'du reste du-mur, il
la fit, au moyeu des rouleaux, avancer sur le chemin
dressé d’avance, puis comment il la fit
remparer et encaisser, de façon à"" pou voir la
coucher, et la faire conduire à l’atelier des mo-
saïquistes.
On sait qu’a près avoir été- traduite en mosaïque
, cette fresque fut transportée dans l’église
de Sainte-Marie des Anges , où on la voit encore
aujourd’h ui, dans le meilleur état de conservation.
-
Zabaglia mourut à 86 ans , et fut inhumé dans
l’église de Santa-Maria Tràspontina, avec l'épitaphe
honorable que nous allons rapporter.
Nicolaus Zabaglia romanus , litterarum plane
ru dis, sed ingénu acumine adeo proetcins, ut
omnes artis architectonicoe peritos, maehi-
nalionuin inventione ac facihtate , magna urbis
cupi admiraiione, superavit. VirJ'uit cu/n anfiqui
rnoris ,tum a pecuniee aviditate alienus.
V ix it annos 86. Obiit die 27 mensis junua-
: tii anni jubilçei 1760.
A e igilur ipsius memoiia interiret a fratribus
lïiijus coenobii S. Marias Transpontinoe ordinis
S . Marias de monte Carmeli, hominis éopupiis hcec
a duo ta tio apposita est.
ZAMPÏERI ( D o m e s i c o ) , connu particulièrement
en Italie sous le nom de Domenichino, et
en France, sous celui de Dominiquin.
C’est comme peintre qu’il est surtout renommé.
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JSous ce rapport, son article biographique deman-
derpit une grande étendue dans un ouvrage dont
la peinture seroit le principal o b je t.'Ic i , quel
qu’ait été le talent, et quelle que soit la réputation
de cet artiste, nous serons forcés de resserrer dans
un fort,petit .espace les notions qui regardent le
peintre , pour faire considérer plus particulièrement
le peu d’ouvrages qui lui ont assuré un rang
encore assez distingué parmi les architectes célèbres
dé son époque»
Zampieri, appelé en Italie Domenichino, en
français Dominiquin, étoit né à Bologne, où il
vint au monde en 1581. Bien que soii père ne fût
pas très-accommodé des biens de la fortune , il né
laissa pas de lui donner de l'instruction et de prendre
soin de cultiver son esprit. Ayant déjà un fils
qui s’appliquoit à la peinture, il dèslinoit l’autre
à quelqu’un de ces emplois qui exigent des con-
noissances littéraires.‘Mais il est difficile à un père
de prévoir dès leur bas âge quelles seront les dispositions
,de se.s eufans, et la nature souvent en
ordonne tout au configure de ses intentions. C’est
ce qui arriva au père de Dominiquin. Il n’avoit
pas prévu que cèlui de ses enfans qu’il destinoil
aux lettres, embrasserait l’étude des arts, et que
l’autre qui!tëroit la peinture pour s’attacher à l’étude
des sciences. Il en fut cependant ainsi,
Dominiquin, qui étoit le plus jeûné , lassé des
premiers éléinens de la grammaire , en abandonna
les écoles pour s’appliquer au dessin , et son frère,
qui y faisoil fort peu de progrès, quitta le crayon
pour s’adonner aux lettres. Lè père ne mit aucun
obstacle à cette échange d’étude et de vocation,
entre ses deux fils , et Dominiquin prit la place
de son frère chez un.peintre flamand, nommé
Denis Calvart , q u i, sorti' fort jeune d’Anvers, lieu
de sa naissance , s’étoit établi à Bologne , ou il
avoit et beaucoup d’ouvrages et de nombreux
■ élèves-.
Comme le Guide et l’Albane avoient déjà quitté
son école , pour entrer dans celle dès Carraches ,
Denis Calvart voyoit avec peine l’accroissement
qu’elle prenoit aux dépens d e 'la sienne. Ayant
1 surpris nu jour Dominiquin occupé à copier quelques
dessins-des Carraches, il s’en irrita tellement
, que', sous un arçlre prétexte (à la vérité),
il lë frappa outrageusement et lé chassa de chez
lui. Cela fut cause que son père s’adressa à A u gustin
Carrache, qui le reçut avec plaisir, et
fintroduisit dans l’école dé Louis Carrache.
Il travailla avec la plus grande assiduité, et ne
tarda pas à s’y faire distinguer autant par le talent
que par la modestie, Celte vertu souvent, dans le
cours de la v ie , nuit à la réputation, et lorsqu’il
s’y joint une certaine timidité, elle s’oppose
aux faveurs de la fortune, qui veut trop souvent
qu’on lui arraché ses dons. Or il nous semble
que c’est là ce qui explique en partie ls destinée de
Dominiquin dans.la carrière qu’ il eut à parcourir.
On sait que dès ses premiers pas, comme dans
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tout le reste de sa vie ,.il chercha beaucoup plutôt
à mériter qu’à obtenir les bienfaits de la capricieuse
déesse. Il avoit contracté de très-bonne
heure une manière d’apprendre et de faire , qui
souvent a fait juger désavantageusement des hommes
les plus habiles. Lorsqu’il avoit a commencer
un ouvrage, il ne se mettoit d.abord ni a dessi-r
11er, ni à peindre. Il demeuroit long-temps à
méditer sur ce qu'il devoit exécuter. De là on
auroit pu croire qu’il y avoit chez lui ou difficulté
de compréhension, ou stérilité d’idees., ou irrésolution
entré le bien et le mal. Mais on prenoit
ensuite une tout autre idée de Fauteur, eu voyant
ses productions. Dès qu’il avoit commencé un tableau,
il demeuroit tellement a Haché au travail,
que de lui-même il nfî 1 auroit jamais quitté, ni
pour prendre ses repas, ni pour toute autre afiaire,
si on ne l’en avoit tiré comme, par force. Celte
conduite fut habituelle chez lu i, et il l’a tenue
toute sa vie» .
Nous tenons la plupart de ces observations du
judicieux de Files , qui fut son. contemporain , et
s’étoit procuré les plus exaeîs renseigneinens sur
les artistes dont il a parlé dans ses Entretiens sur
le$ vies et les ouvrages des Peintres.
Gomme Dominiquin apporloit autant de considération
dans l'exécution de ses ouvrages, qu’il
avoit mis de préméditation dans leur composition,
ses adversaires appeloient cela lenteur d’esprit.
Ils disoient que ses ouvrages étoient faits avec
peine , et comme labourés, à la charrue, le comparant
à un boeuf. C’étoit le nom qu’on lui don-
noit. Mais Annibal Càrrache disoit que ce boeuf
laboureroit le champ qu’il rendroit fertile , et
qu’un ^pur il nourriroit la peinture.
Il n’appartient pas à l’objet qui est le principal
de ce Dictionnaire , que nous entrions dans
le détail > 1^ description ou la critique des grands
et remarquables ouvrages qui ont placé Domini-
quin à la tête des ]ÿus célèbves peintres du dix-
septième siècle ; nous ferions un article trop
étendu , et hors de mesure avec les bornes qui
lions sont prescrites. Mais Dominiquin , comme
tous les maîtres de son époque, avoit réuni les
connaissances et la pratique des autres arts du
dessin. Nous lisons même dans la notice denses
diftéreps ouvrages par Félibien , que , chargé de
la construction d’un tombeau pour le cardinal
A^uçehi , à S. Pietro in V in c o li, il donna la
composition de ce mausolée , où il fit le portrait
du cardinal, qu’on voit peint dans une ovale
entre deux s^hinxs de marbre, et ou p sculpta
lui-même en marbre plusieurs parties dornemens
qui embellissent cette sépulture ^ ^
Félibien nous dit encore que pour s’instruire à
fond de l'architecture, Dominiquin s’appliqua à
la lecture de Vitruve, que cette élude lui avoit
même inspiré le désir de penetrer^ dans la cou”
noissance de la musique des Anciens et qu il
consacra à celte recherche un temps qu il auroit
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mieux employé à la peinture. Il s’appliqua encore
avec beaucoup de persévérance à l’é'ude des mathématiques
, particulièrement à ce qui regarde
l ’optique et à la perspective , dont il reçut d’ex-»
cellentes instructions du père Mallheo Zaccolino ,
religieux théalin.
Il n’y a donc pas lieu, comme on va le voir ,
de s’étonner que le nom de cet excellent peintre
figure parmi les noms de ceux , qui concoururent
à soutenir encore l’art de l’architecture dans le
cours du dix-septième siècle. Ce fut comme architecte
qu’il mérita la confiance du pape Grégoire
X V , qui le nomma surintendant de ses palais.
Il composa deux fort beaux projets pour la
grande église de Saint - Ignace à Rome. De ces
deux projets, dit-on, le pere Grossi jésuite en
fit un seul en les combinant, et de cette combinaison
naquit le monument qu’on voit aujourd hui.
Si l’on en considère le plan, cù l’on trouve un
ensemble aussi corre ct, que régulier et bien
entendu, on est tenté de croire que c’est là qu’il
faut cherclièr particulièrement l’idée originale de
Dominiquin. Ce sera probablement l’élévation
qui aura subi le plus de modifications. Tant est
que Dominiquin, voyant qu’on dénaluroit ses
idées, se relira de l’entreprise , qui fut terminée
par Algardi.
On attribue à Dominiquin la composition du
riche plafond de l ’église de Sain te-Marie in Transe
tevere dont on admire les ingénieux çomparti-
mens; et on lui donne aussi dans la même église
l’archileotme d’une très -r belle chapelle qu’on
appelle de la Madona di Strada Çupa.
Parmi les morceaux de détail d’architecture,
qui sont en possession de fixer les regards des
artistes, à Rome, moins par leur importance,
que par un accord toujours assez rare d’une
composition harmonieuse, et d’une pure exécution
, on se plaît à faire remarquer la grande
porte du palais Lancellplli, exécutée d’après
les dessins de Dominiquin. Elle est flanquée de
deux colonnes d’ordre ionique, qu’on aimeroit
toutefois à ne pas voir engagées sans aucune raison
, et qui soutiennent un balcon, dont les
balnstres ont une forme élégante. Les colonnes
posent sur des bases circulaires, ce qui fut fait
dans la vue d’élargir la voie pour l’entrée des
voitures. On approuve moins dans cette composition
la forme carrée donnée à l’ouverture de la
porte, forme qui ne s’accorde plus avec l’intérieur
de la cour, tout en arcades. On aimeroit aussi
a voir supprimés au-dessus de la porte , quelques
ornemeus d’un goût assez lourd, et qui ont encore
riucopvénienl de couper la ligne de l ’architrave.
Dominiquin donna les dessins de la villa Ludov
i c , qui est dans l’intérieur de Rome. Elle fut
embellie par lui de belles allées, de bosqnets
agréables, de statues, et principalement d’uu