
serve de tons les ouvrages antiques de ce genre,
est le monument double que l’on appelle , om ne
sait trop pourquoi, les trophées de Marias , sculptés
de plein relief en marbre , et qui1 ornent aujourd’hui
la balustrade de la cour du nouveau
Capitole. Ces trophées furent trouvés dans deux
niches ou arcades faisant partie du château d’eau
qu’on appelle Aqua Maria. Rien de plus inutile ,
surtout dans cet article, que de rechercher {pour
quelle victoire ils furent élevés , à quelle époque
et sous quel règne on les consacra. Le luxe et la
beauté de leur composition et de leur sculpture
ne permettent guère de leur assigner une date
trop ancienne. Perro Ligorio les croit du temps
de Domitien. Pietro BeilOri, dans l’oeuvre de' la
colonneTrajane par Pietro Santi Bartoli, estime-,
à la beauté de leur sculpture ;q n ’ils durent appartenir
aux victoires de Trajan. II se fonde sur une
sorte de ressemblance qu’il leur trouve avec deux
trophées sculptés en bas-relief, de l’un et de l’autre!
côté d’une Victoire , qui, dans la série des sujets
représentés autour du lut de la colonne, occupe le
milieu de la hauteur; Ces trophées ont bien sans-
doute quelques points de rapprochement avec-
les trophées du Capitole. Gn y voit de même le'
tronc d’arbre coiflu d’un casque , avec deux sortes
de bras chargée d’armures, e t lè corps du tronc
porte les habillemens des vaincus j au bas sont
des amas d’armes. Mais Cè sont là dé cès rappro-!
chemens qu’on peut rencontrer presque partout ;
Quant à la nature des armes qut pourroient indiquer
le peuple vaincu , ce seroit encore une désignation
assez arbitraire. La plupart des nations;
qui occupèrent les empereurs romains depuis
Trajan-, paroissant avoir eu une commune-origine,'
des usages et des costumés à peu près semblables.—
::
On doit ajouter q ue , dans les trophées appelés
de Marius}n\'se trouve un assemblage de presqtie:
toQles les formes connues d’armes offensives ou
défensives, de casques, de carquois, de cuirasses,
de boucliers, Si quelque chose -même paroît probable
, quand on examine ces deux compositions p
c’est que l’artiste qui les imagina , d u t, en consultant
I,iulérêt’'de son art, introduire le plus de
variété qu’il fut possible»
Rien en effet de plus ingénieusement combiné,
pour plaire à la vue et produire un bel ensemble ,'
que la composition du premier trophée. ; 1-
Malgré quelques mutilations, effet du temps et
de la barbarie, il a été facile de le réintégrer
d’après les restes incontestables qne le marbre a
conservés. Ainsi l ’on en a restauré le haut sur les
données des deux trophées de bas-relief dont -on
vient de parler, et qui appartiennent à tous les
trophées. Il consisloit donc-de même en un-tronc
d’arbre entièrement caché sous l'ensemble des objets
décrits, et qui portoit à son sommet un casque y
un bouclier hexagone garnissoit chacun des deux
bras : il n’y a de restauré que. leur partie supérieure.
Une riche cuirasse forme le corps du
trophée) elle porte un baudrier auquel s’attache
un large sabre. Telle est la moitié supérieure de
cette composition. L’inférieure, beaucoup plus
r ich e , a plus detflargeur, et donne au tout une
forme pyramidale. Le milieu est occupé par une
figure de femme drapée:, dont lés- bras paroissent
devoir être attachés , par derrière , au tronc d’arbre.
C’est sans aucun doute une figure de ville ou
de nation captive. Autour d’elle sont rangés debout
des carquois avec leurs flèches. Deux ligures
de génies ailés sont placés l’un adroite, l’autre à gauche
de cette figure, et supportent chacun un.bouclier
d’une figure quadrangulaire, qui se compose
avec les autres de tormescirculaires,, ovales ou car-
.rées,quelesculpteuna réparties avec beaucoup d’art
dans tout cet ensemble,:Les deux ^génies dont.on
vient de parler, sont des restaurations,; mais je
marbre a voit conservé desdudicaiions depiedset
d’autres parties, qui ont permis.de- suppléer ce
que; la destruction avait enlevé* • : •
-La.com position du.aecond trophée a encore
quelque chose de plus-varié., de plus pittoresque
et d’un effet plusvifiche ; -les armures y sonLrépar-
s lies, d’une manière plus nouvelle, et.entremêlées
avec moins de,symêlai0k Deux génies ailés-y; soutiennent
de même des boucliers, et le sbul pleur a
placé au milieu d’eux un plus petit qui a lavmême
i fonction.. On npsauroit rien imaginer de plus magnifique
que l’assemblage de foutes çes armes, où
l’on retrouve le luxe des ornemeps que 1’qu gra-
voit sur le métal, dpntleursoriginaux étaient formés,
et qui servirent de modèle au sculpteur eu
marbre. On sait, en effet, qu’outré la décoration
que reçoivent les -casques , Ies.^çmrasses et les
boucliers d’usage-à la guerre, il se faisoit encore
de ces armures en bronze, pour servir de trophées.
Des casqués d’un métal solide et d’un pbids ehoime,
furent trouvés dans les Touillés, d’Hérchi^hum et
de Pompeîa, et 'telles, sbiit leur propovlion et leur
pesanteur, qu’il est impossiblede leur présumer
d’autre destination, qué'eèllé' d’obj-ëVsnd’é8bfâiifs
pour servir à la composition de ttôjsft&èkftn"àutrès
monumens militaires. On ne voit pas; dans le fait,
.pourquoi lès tiK)pheçs \primitifs'r^é't'aht'TVôu Vés
naturellement formés dès armures inétaHiques et
portailVes -'des gu ë r riêr s o r f h’auVoit pâsr> aàhs la
suite, iniàginéîlé coiilrefàn'e cés moiiuméas pré-
carres, lôéàüx et insl'antnnés^ par des imitations
plus solides , plus durables, et par] conséquent
faites aussi de métal', ;auqù0l l’art poavoit-donner
toutes lesricliésSes7doTdrnéuléht.,Gela noui paroît
avoir eu très-probâbîéïnen't? lieu èTégard èestrù-
phées que j^appeffêi'ai de rondo brissè ; et isolés.
Gertainemén’t là 'Scalpt ure éri -marbré1 -siemp'ai'a dé
.tous ccs nsagesq et de toutes lëtirs m-édifications,
comme nous le- voyotjs dans les bas-relieb»'- dont
|elle orna, les arcs et tes monumens triomphaux.
Mais lorsqu’on examine lès deux trophées-ée ronde
bosse en marbre doni neuspaf Ions ; quand oa cousidère
la combinaison ingénieuse de tous lès ob- [
jujs positifs et allégoriques qui entrent dans leur
ensemble, ou est porté à regarder leur composition
comme une répétition libre et idéale, de
trophées déjà précédemment disposés par. 1 art et
le goût pour le plaisir des y eu x , et composée
plutôt dans une intention générale, qu affectée a
telle victoire, a telle conquête , à telle guerre
contre telle ou telle nation.
En e ffet, on a cherché vainement dans les
symboles, emblèmes ou détails figuratifs des nombreuses
armures de ces trophées, quelques caractères
qui pussent désigner le peuple dont la deiaile
ou la conquête au voit fait élever de semblables
monumens. La sculpture ne paroît y avoir gravé
sur imites les- armes que des emblèmes trop généraux
'9'pour qu’on puisse en déduire aucun signe
particulièrement caractéristique, de quelques-unes
des nations soumises par les armes romaines. On
y voit suiT des boucliers de toutes sortes de formes,
des ornemens en rinceaux, en ceps et feuilles
de vigne , en corn par timens qüe nous dirions ara-
besquës'ÿ en foudres , en'rosaces ; sur les casques,
00 remarque des centaures, des tritons $ tout
eùfiii annonce des conceptions dans lesquelles 1 artiste
semble avoir été libre de se livrer à ce qui
peuvoit offrir le plus, de richesse , et lui fournir
les moyens de faire le mieux briller son art.
Aussi ees deux monumens sont-ils ranges par
les artistes dans le nombre des modèles les' plus
excèllens de l’antiquité romaine, en fait cle composition
décorative , d’àjuslemens ingénieux^ et
d’ôrneméns applicables à 1 architecture. C est
surtout sous ce dernier rapport , que nous avons
cru devoir donner quelqu’ eténdue à leur description
Louis XV. Pierre Lescot a accompagné de trophées
sculptés en bas-relief, les petites fenêtres de son
al tique, dans une des façades de la cour du Louvre*
On citerqit une multitude d’exemples de cet emploi
Les Modernes ont transporté, non dans leurs
usa^s'milîiaiW* ? mais dans S pratiques de leur?
arls” ët dpleqr architecture, non l’emploi du tro-
phéè j mais l’emploi de son imitation. Chez eux ,
c’est uniquement un signe de victoire, un caraco
tère anciennement consacré a designer des succès
guerriers, qui a pris'place dans le langage et dans
récriture, allégorique, soit de la poésie et de l,é-
loqueuce, soit des arts du dessin,, pour célénrer
les faits militaires et la gloire des vainqueurs.
Ge genre d’ornement ne tenant plus d’une manière
aussi immédiate, aussi nécessaire à la réalité
d’un psage positif, il lui est arrivé , ainsi qu a
beaucoup d’autres, de devenir souvent banal, et,
à vrai dire , insignifiant. Ainsi voyons-nous quon
a plus d’une fois sculpté des groupes d’armes, de
drapeaux et autres , objets semblables , comme
amortissement pyramidal, au-dessus des corniches
d’un bâtiment, sans rapport avec la guerre et ses
résultats. Tels sont ceux qu’on a élevés sur la
balustrade du couronnement du chateau de Versailles
tels ceux qui terminent de la même
lUAi’.ière, le sommet des colonnades de la place de.■
des trophées, comme ornemens indépendaas
d’une destination spéciale.
Mais on doit citer, d’autre part, une fort belle
application de trophées, selon le goût de l’antique.,
faite par François Blondel, à la porte triomphale
de, Paris, connue sous le nom de Porte Saint-*
Denis. On, y trouve aux massifs des deux corps
avancés , qui accompagnent l’ouverture de l’a r c ,
une très-heureuse et très-exaqle imitation des
trophées sculptés sur les quatre faces du piédestal
de la colonne Trajane. Même ajustement , meme
goût de composition même,genre de bas-relief
très-peu saillant.,., même pnéeieux d’exécution.
En faisant; un,examen critique des détails de ce
■ grand monument, nous avons eu 1 occasion de
remarquer d e t r io m p h e ) que Blondel
ayoît ent?issé(dansi sa-décoration , une cumulation
tro p, sensib le.d’o bj et $ é ira n ge r » les uns aux autres,
comme , par exemple , de grands irophées, ados*-
ses. à des . espèces de pyramide. Quoi qu’il eix
•soit,,nous dirons que ile sculpteur y lit une fort
bonne imitation des trophées appelés de Marnes ,
dont on a rendu compte plus haut, et q u i, eux-
mêmes, furent aussi: adossés, comme le montre
la partie postérieure du groupe qui ne fut point
travaillée. ijûbî iS -i-
Une imitation plus sensiblet^encore de l’antiquité
, On ce genre-, l’on pourvoi t presque dire une
copie du genre d’ornemens du piédestal de la cc-
lonne de Trajan , se voit à Paris , sur le piédestal
revêtu de bvonze de la colonne de la place Vendôme
, q u i, à la matière, près, .et à part la: nature
|des sujels, est un J à c simile du monument de
Trajan, Les trophées du monument moderne offrent
en bas-relief, sur les faces de sa base, le
même,;goût.de composition.;.seulement- la sculpture
y a:g.rpupé,fort heureusement toutes les armes
de guerre qui entrent dans le système militaire
moderne , et les coiflures , habillemens ou costumes
des nations belligérantes de cette époque.
Mais les Modernes ont appliqué l’idée et le
genre de composition des trophées de guerre antiques
, à des objets d’une nattne toute différente, J et dont il ne nous semble pas qu’on voie d’exemples
chez les Anciens. Un trophée étant un assemblage
d’armes et d’inslrumens de guerre, le
génie décoratif moderne s’est plu à réunir, à peu
près de la même manière, toutes sortes d’autres
objets relatifs aux arts, aux sciences, et à beaucoup
'de sujels qui peuvent elre-rendus sensiL les
par les i-nstrumens j les ustensiles , ou les symboles
qui lesdésignent. Ou suppose ordinairement que
ces sortes de trophées , qui se font en bas-relief ou
en couleur, sur des panneaux, ou dans des compa-r-
timens peints ou sculptés , sont attachés et comme
suspendus à un fond. Nous voyons dans i*a des
X x x 2