
On ne doit pas négliger de rapporter, à l’occa- i
sion de ces démêlés , la réponse de Vignole au
sujet de la construction du baptistère dont on a
fait mention. Pellegrino , très-prévenu en faveur
de son plan, proposoit d’avoir recours dans les
enlre-colonnemens à des armatures de fer , qui
dévoient en prévenir l’écartement. Vignole lui répondit
que les édifices ne dévoient point être
soutenus par des lisières.
Lorsque Pellegrino étoit occupé de ces débats,
Philippe II , roi d’Espagne , l’appela pour peindre
à l’Eseurial, pour restaurer le vieux palais, et
encore pour d’autres travaux. Notre artiste se
rendit aux invitations du R o i , dont il remplit
les intentions, avec un succès qui contribua à sa
réputation autant qu’à sa fortune. Après un séjour
assèz long en Espagne , il retourna en Italie,
où il rapporta plus de cent mille écus. Le Roi
lui donna de plus la terre de Valsoda , où il
étoit né , et érigea , pour le récompenser encore,
ce fief en marquisat.
Pellegrino est l’auteur de^beaucoup de monù-
mens : on cite de lui à Milan l’église de Saint-
Laurent , où l’on voit une coupole octogone , dont
les côtés sont égaux, sur un soubassement octogone
aussi, mais à côtés inégaux $ l ’église des
Jésuites offre dans sa nef une décoration peu
ingénieuse : sa façade, qui a deux ordres l’un
au-dessus de l’autre , participe des défauts de ce
genre de composition, Ancône vante le beau portique
dont Pellegnno fut l’architecte, Bologne
cite parmi les monumens qu’elle lui doit, le palais
et la chapelle bâtie pour la famille Poggij l’église
de la Madone , près Saint-Celse, une autre dédiée
à la Sainte-Vierge , et 1 q cortile de l’Institut ,
d’ordre dorique , avec des métopes barlongs en*-
tre les pilastres accouplés.
On doit citer comme preuve du talent et de la
rare intelligence de Pellegnno Tibaldi^ la maison
professé des Jésuites à Gênes. L’architecte eut à
tirer parti d’un terrain des plus irréguliers, et bordé
de rues étroites. Il ne paroissoit pas possible qu’un
semblable espace put suffire à tout ce qu’exigeoient
les besoins et les convenances du programme proposé
pour l’établissement. Toutefois Pellegrino
mit tant d’art dans son plan, qu’après avoir trouvé
à y faire entrer une fort belle église au lieu le
plus apparent, il sut profiter de tout le reste du
terrain , de façon que rien n’y fut oublié ; et
l’on y admire comment il ayoil pu y disposer, avec
aisance , les parties si nombreuses.d’un lo c a l, où
il falloit réunir d’amples et spacieux réfectoires,
de beaux corridors , des salles de récréation, une
magnifique bibliothèque, une grande cour, et
tant d’autres pièces d’usage , de nécessité et
d’agrément.
Ce monument est encore aujourd’hui un des
plus remarquables de la ville de Gênes , et par sa
masse , ei par sa richesse , et par la noblesse de
sou architecture. On ne citera point comme un
mérite rare , dans une ville où abondent les plu»
beaux marbres, le luxe des matières. L’éloge
qu’on doit ici à Pellegrino, c ’est d’avoir su fane'
que l’admiration de la matière 11’arrive qu’après
celle de l ’art.
Pellegrino e u t p o u r é lè v e so n f i l s , q u ’o n a p -
p e lla Domenico Tibaldi, q u i f u t c o m m e Son p è r e ,
p e i n t r e à la f o i s , e t a r c h it e c t e é g a le m e n t r e n
o m m é d a n s l ’u n e t l ’a u tr e a r t , e t q u i s u t y a jo u te
r e n c o r e le t a l e n t d u g r a v e u r .
Il exécuta , dans la cathédrale de Bologne , une
chapelle que Clément V I I I , dit-on , déclara supérieure
même aux plus belle > de Rome.
Bologne compte de cet artiste plus d’un ouvrage
et des plus recommandables. Tels sont celui
de la douane, q u i, dans son genre, n’a point son
pareil 5 celui de la Madona del Boigo su le mura ,
celui de la grande porte de l’hôtel-de-ville , où
l’on plaça la statue de Grégoire XIII.
Mais ce qui mérite encore plus d’éloges, c’est
le palais Magnani. Sa façade est décorée de-deux
ordres d’architecture, sans entablement qui les
sépare : de-là un mérite d’unité harmonieuse. Ce
palais est d’une dimension médiocre, mais la
grande manière qui y domine, le fait paroilie
beaucoup plus étendu qu’il n’est. Il en est de même
de sa conr qui, malgré sa petitesse, paroît très-
spacieuse.
Cet habile architecte, né en i 54i » mourut en
i 588, et comme l’on v o it, jeune encore, dans
toute la force de sou talent, et laissa beaucoup
d’enfaps. Il fut enterré dans l’église de l’Annon-
ciade, à Bologne,
PELOUSE, s. f. Nom qu’on donne à un terrain
couvert d’une herbe fine et menue : tels sont les
tapis de gazon qu’on pratique dans les jardins
et les parcs.
PENDANT» Ce mot se prend substantivement
et adjectivement. On dit, en fait d’oùvrages d’art,
faire un pendant, donner un pendant a un tableau
, à une statue j et l’on dit aussi qu’un objet
fait pendant à un autre. Dans ce sens, un corps
de bâtiment fait pendant à un autre corps de bâtiment,
fbrsqu’il est placé dans un rapport de
distance, et composé dans un système de symétrie
q u i, soit en plan , soit en élévation, le répètent
exactement.
PENDENTIF, 5- m. C’est une portion de
voûte entre les arcs d’un dôme, qu’on nonlnie
aussi fourche ou. panache, et dont l’espace se
remplit par des figures sculptées-, comme on le
voit à l’église du Val-de-.Grâce et à celle des Invalides
à Paris. Dans d’autres coupoles , les peu-
' dentifs sont ornés de figures peintes , et tels sont,
à Rome, ceux des églises Üe Sainl-rAndré dello
Valle et de Saint-Charles degli Catenari,ouvrd^
du
du Dominiqurn. Ijespendentifs du dôme de Saint-
Pierre sont en mosaïque.
P e n d e n t if d e m o d e r n e . C’est la p o r t i o n d ’u n e
v o û te g o th iq u e , e n t r e le s f o r m e r e ts , a r c s d o u b
le a u x , o g iv e s , lie rn e s e t tie r c e r o u s .
P e n d e n t if d e V a l e n c e . Espèce de voûte eu
manière de cul-de-four, rachetée par.fourche.
On les appelle de Valence , parce qu’on croit
nue le premier ai été exécuté à Valence en Dauphiné.
>
PENDULE, s. f. On a donné ce nom à la boite
ou au, cartel qui renferme le mouvement et le.cadran
d’une horloge à pendule. Parmi les formes
sans nombre que le caprice de la mode; a. données
aux pendules , il n’est pas rare d’en trouyer qui
ont pris modèle sur le type des autéls , des cippes ,
que les Anciens prnoient de profils, de moulures et
d’aceessoires divers. Cetteforme, qui a l’avantage
de se. prêter commodément an mouvement du^e/i-
dule , est encore susceptible de recevoir des allé*
gories de tout genre, et comme elle présente
aussi l’idée, d’un piédestal, elle est très-propre
à servir de support à tous des couronnemens
qu’on peut imaginer.
PENE, s. m. Terme de serrurerie.') C’est le
morceau de fer q u i, dans une serrure, ferme la
porte , et que la clef fait aller et venir en tournant.,
On dit pêne à ressort ou à démi-toùr. C’est celui
qui se lâche sans le'secours de la clef.
Pêne dormçint. celui qui ne se meut qu’avec
le secours de la clef.
Pêne en bord, celui dont le bout est coudé eu
équerre 'ou en rond, pour faciliter la place des
ressorts et des mouvemens de la serrure.
Pêne à pignon. Pêne qui se meut par le moyen
d’un pignon fixé et tourné sur le palastrèr
PENSEE , s. fi Ce mot se dit, en architecture
gomme dans les antres arts , soit de la conception
que fait l’artiste d’un plan ou d’une élévation d’édifice
, et qui n’est encore que dans son imagination
, soit du trait léger qu’il en trace sut lé papier
, pour en fixer les masses principales et l'ensemble,
avantage mettre au net èt de soiguer, par
un dessin plus formé, chacune des parties.
Ou dit, ouvrage qui manque de përïséë, celui
dans lequel f auteur n’a reproduit que des réminiscences
d’autres ouvrages, ou un parti commun et
vulgaire.
On d it , ce fut une grande pensée à Bramante
de placer su ries reins des voûtes du temple de la
paix, la coupole du Panthéon.
PEN l AGtXNE, s. tn. Figure qui a cinq côtés
B k t io n .. d'Archit. Tome li t .
et. cinq angles. Le mot de vient .aussi adjectif, et
l’on.dit un bâtiment pentçfgpnç.
PENTE f*. Incïinaispu peu, sensible qu’on
pratique sur divers genres de superficies, comme
terrains.., terrasses, $ pavés, pour faciliter L’écoulement
des eaux, ou pour tout autre objet. Ainsi,,
on a vu plus haut que l’espace, dés théâtres que.
l ’on nomme parterre ( voyez ce mot ) étoit dispose
eu pente, pour.que les spectateurs places les uns
devant les autres ne se cachent point la vue de la
scène.
Il y a des degrés de pente différemment fixés
pour chaque genrë dé Superficie,"selon lês'besoius
et les usages. La p'e'hte se règle à tant de lignes
par toise courante , pour le pave:è ll:es terres, pour
les canaux des aquêducs , pour les conduits des
égouts, , pour les chéneaux et 'gdultîèrès des
combles.
On a p p e lle càhtre-penlé d a n s lé .c a n a l d ’u n
à q u é d u c o u d u r u is s e a u d ’u ü e i'aè, l’intèiT Ù 'pÉ iorl
d ’u n n iv e a u d è péritè c a u s é e p a r m a l-f a ç o n o a
p a r l’a f ib ib lis s e m e n t d u t e r r a i n , e n s o tte q u e le s
e a u x n ’a y a n t p a s tè iif l i b r e 'c è ü r s , S’é te n d e n t o u
r e s t e n t d o rm a n te s .
P e n t e d e c h e n e â v . Plâtre de Couverture , conduit
en glacis , sous la longueur d’ un èhénèàu, do
part et d’autre , depuis son heurt.
P e n t e dé c o m b l e . "C'est l'in c lin a is o n d é s c ô té s
d ’u n c o m b le , q u i le r e n d p lu s o u m o in s ro 'id e sur
l a h a u t e u r , p a r r a p p o r t à s a b a s e .
PENTELÏQUE ( m a r b r e ) . Le marbré appelé
ainsi a tiré son nom du mont P ente les près d’Athènes.
VoyC-z M a r b r e .
PËNTURE , s-. f. ( Terme de serrurerie. ) Morceau
dé fer plat , replié èn rond pair tin bout et
creusé de ‘manière -à recevoir le mamelon d’un
gond. On l’attache sur une porte ou sur un contrevent,
avec clous rivéis , pour lés soutenir et
les faire mouvoir sur iètVrs gonds , soit quand oa
veut les- ouvrir, soit q-trand on lès ferme.
P e n t u r e f l a m a n d e . C’est une peniure faite de
deux barrés dè fer, soudées l’une contré l’autre,
et rè'pliëes en rond , pour faire passer le gond.
Après qu’elles sont soudées, on.lés ouvre , on les
séparé T pire dè l’autre, autant que la porte a
d’épaisseur, et on 1-és■ courbe ensuite carrément,
pour les faire joindre des deux côtés de la porte.
On ornoit jadis les p'enlures 'de feuillages en
tôle découpée ou ciselée j aujourd’hui cela lia
guère lieu que pour les bâtimens communs.
PEONTUS, architecte grec qui eut l’honneur
de terminer la construction du grand temple de
Diane à Ephèse , et qui, avec Daphnis de à iile t,
M