on fait auffi que le génie dé l’obfervateur étoit bien
capable de le guider & d eclairer fes recherches : c ’eft
dans de fi heureufes circonftances qu’Ariftote a pofé
les premiers fondemens de l’Hiftoire Naturelle, en.
nous donnant de bons principes fur la façon de distinguer
& de divifer les animaux ; il a élevé enlùite
1 édifice a un haut point, par la comparailbn qu’il a
laite des differentes parties des animaux, pour tirer des
refultats de leurs reffemblances ou de leurs différences,
Ibit pour la conformation de leur corps, Soit poiu- les
differentes laçons dont ils perpétuent leur efpèce, foit
pour leurs fens, foit pour leurs fonétions, &c. Ce plan
ne pouvait venir que d’un grand maître, qui fàvoit
dillinguer les connoiffànces réelles des conventions arbitraires,
& qui cherchoit à reconnoître dans le mécha-
nifme des animaux le vrai fyftème de leurs opérations,
au lieu de faire de vaines tentatives pour deviner leur
nature avant que de lavoir bien obfervée, & pour faire
des echelles de clafTes, de genres & d’efpèces, comme
on 1 a fait tant de fois, avant que d’avoir bien connu les
individus : fes profondes connoiffànces fur ce fiijet lui
avoient appris au contraire que cette divifion n’eft point
dans la Nature, & que de pareils fÿftèmes ne peuvent
pas etre d accord avec l’hiffoire de fes q>roduétions.
Je ne ferai pas mention des diftributions méthodiques
des animaux que Gefher, Aldrovande, Jonfton, &c„
ont ftiivies, parce qu’elles font trop incomplètes ; je
Yieas a celle que M. Rai donna fur la fin du dernier
fi'ed e(n ). La première divifion de cette méthode eft
tirée d’Ariftote; les animaux en général font divifés en
deux clafTes, dont la première comprend ceux! qui ont
du fang, & l’autre ceux qui n’ont point de fang (o):
mais l’emploi que M. Rai fait de cette différence
générale qui fe trouve entre les animaux, eft contraire
aux principes d’Ariftote, qui foûtient qu’on ne doit pas
divifer les genres; auffi la méthode eft-elle en défaut
dès la première divifion, de l ’aveu même de l’auteur,
qui convient que le ver de terre a du fang, quoiqu’il
fe trouve dans la cfaffe des animaux qui n’en ont point.
Ce caraétère négatif dans les animaux qui n’ont point
de fang, étant donné comme caractère générique, eft
encore contraire aux maximes d’Ariftottf, qui n’admet,
en pareil cas, que des caraétères pofitifs & oppofés : il
me femble qu’il étoit aifé de le rendre tel, en déterminant
cette première divifion par les couleurs de la
liqueur qui circule dans le corps des animaux; on aurait
prévenu J’objeétion par laquelle on prétend que la couleur
rouge n’eft pas eflentielle au fang, mais le ver de
terre fo forait toujours trouvé placé parmi les animaux
qui ont le fang rouge, & l ’auteur aurait toujours été
oblige de dire, comme il l’a dit, qu’il n ’y a point de
réglés générales fans exception, c ’eft-à-dire, qu’il ne
donne pas là méthode comme complète.
(n) Synopfis methotûca Animalium quactrupedum & ferpentmi gmt~
ris, £rc. Londini, 1693, vol. 1, în-8.”
(°j Sanguinea & exfangma. Idem, pag. jo .
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