4 ,5 6 Histoire Naturelle
taureau, il eft très-certain que le taureau a la voix beaucoup
plus forte, puifqu il fe fait entendre de bien plus
loin que la vache, le bceuf ou le veau ; ce qui a fait
croire qu’il avoit la voix moins grave, c’eft que fon
mugiflement n’eft pas un fon fimple , mais un fon
compofé de deux ou trois oétaves, dont la plus elevee
frappe le plus l’oreille ; & en y faifant attention, l’on
entend en même temps' un fon grave, & plus grave
que celui de la voix de la vache, du boeuf & du veau,
dont les mugiflemens font auifi bien plus courts : le
taureau ne mugit que d’amour, la vache mugit plus
fouvent de peur <5c d horreur que d amour, 8c le veau
mugit de douleur, de befoin de nourriture & de defir
de la mère.
Les animaux les plus pelans 8c les plus parefleux ne
font pas ceux qui dorment le plus profondément ni
le plus long-temps : le boeuf dort, mais d’un fommeil
court 8c léger, il fe réveille au moindre bruit ; il fe
couche ordinairement fur le côté gauche, 8c le rein
ou rognon de ce côté gauche eft toujours plus gros 8c
plus chargé de graifle que le rognon du côté droit.
Les boeufs, comme les autres animaux dpmeftiques,
varient pour la couleur; cependant le poil ropx paroît
être le plus commun, 8c plus il eft rouge, plus il eft
eftimé ; on fait cas auftî du poil noir, & 1 on prétend
que les boeufs fous poil bai durent long-temps; que
les bruns durent moins & fe rebutent de bonne heure;
que les gris, les pommelés 8ç les blancs ne valent
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rien pour le travail & ne font propres qu a être en-
graiffés ; mais de quelque couleur que foit le poil du
boeuf, il doit être luilànt, épais & doux au toucher,
car s’il eft rude, mal uni ou dégarni , on a raifon de
ftippofer que l’animal foudre, ou du moins qu’il n’eft
pas d’un fort tempérament : un bon boeuf pour la charrue
ne doit être ni trop gras, ni trop maigre, il doit avoir
la tête courte 8c ramaflee, les oreilles grandes, bien
velues 8c bien unies, les cornes fortes, Juifàntes 8c de
moyenne grandeur, le front large, les yeux gros 8c
noirs, le muffle gros 8c camus, les nafeaux bien ouverts,
les dents blanches & égales, les lèvres noires, le col
charnu, les épaules grofles 8c pefantes, la poitrine large,
\e fanon, c ’æft-à-dire, la peau du devant pendante jufque
fur les genoux, les reins fort larges, le ventre fpacieux
8c tombant, les flancs grands, les hanches longues, la
croupe épaifle, les jambes & les cuifles grofles 8c ner-
veufes, le dos droit & plein, la queue pendante jufqu’à
terre, 8c garnie de poils touffus & fins, les pieds fermes,
le cuir greffier & maniable, les mufcles élevés 8c
l ’ongle court 8c large*; il faut aufli qu’il foit fenfible
à l’aiguillon, obéiflant à la voix & bien drefle; mais
ce n’eft que peu à peu, 8c en s’y prenant de bonne
heure, qu’on peut accoutumer le boeuf à porter le joug
volontiers, 8c à fe laifler conduire aifément: dès l’âge
de deux ans & demi ou trois ans au plus tard, il faut
commencer à l’apprivoifer de à le fubjuguer, fi l’on
* Voyez ta nouvelle inaifon ruftique, tome I , page ayp.
Tome I V Mmm