que comme on i’étoit à Sparte, ils n'ont aucun fouci
de leur poftérité.
L ’orgueil &. l’ambition des animaux tiennent à leur
courage naturel, c’eft-à-dire, au fentiment qu’ils ont de
leur force, de leur agilité, &c. les grands dédaignent
les petits & femblent méprifer leur audace infultante,
on augmente même par l’éducation ce fang froid, cet
à propos de courage, on augmente auffi leur ardeur, on
leur donne de l ’éducation par l’exemple, car ils font
fufceptibles & capables de tout, excepté de raifon; en
général les animaux peuvent apprendre à faire mille fois
tout ce qu’ils ont fait une fois, à faire de fuite ce qu’ils
ne faifoient que par intervalles, à faire pendant longtemps
ce qu’ils ne faifoient que pendant un inflant, a
faire volontiers ce qu’ils ne faifoient d’abord que par
force, à faire par habitude ce qu’ils ont fait une fois par
hafard, à faire d’eux-mêmes ce qu’ils voient faire aux
autres. L ’imitation efl de tous les réfultats de la machine
animale le plus admirable, c’en efl le mobile le plus
délicat & le plus étendu, c’eft ce qui copie de plus près
la penfée ; & quoique la caufe en foit dans les animaux
purement matérielle & méchanique, c’eft par fes effets
qu’ils nous étonnent davantage. Les hommes n ont
jamais plus admiré les finges que quand ils les ont vu
-imiter les aétions humaines; en effet, il n’eft point trop
aifé de diftinguer certaines copies de certains originaux;
il y a fi peu de gens d’ailleurs qui voient nettement
combien il y a de diftance entre faire & contrefaire-,
que les finges doivent être pour le gros du genre humain
des êtres étonnans, humiiians au point qu’on ne peut
guère trouver mauvais qu’on ait donné fans héfiter plus
d’efprit au linge, qui contrefait & copie l’homme, qu’à
l’homme ( fi peu rare parmi nous ) qui ne fait ni ne
copie rien.
Cependant les finges font tout au plus des gens à
talens que nous prenons pour des gens d’elprit; quoi-
qu ils aient l’art de nous imiter, ils n’en font pas moins
de la nature des bêtes, qui toutes ont plus ou moins
le talent de l’imitation. A la vérité, dans prefque tous les-
animaux ce talent efl; borné à l’efpèce même, & ne
s etend point au delà de l’imitation de leurs femblables r
au lieu que le finge, qui n’eft pas plus de notre efpèce
que nous fommes de la fienne, ne laiffe pas de copier
quelques-unes de nos aétions ; mais c’eft parce qu’il
nous reffemble a quelques ^égards, c ’eft parce qu’il eft
extérieurement a peu près conformé comme nous ; &.
cette reffemblance groffière fuffit pour qu’il puiffe fe
donner des mouvemens, & même des fuites de mouve-
mens femblables aux nôtres , pour qu’il puiffe en un
mot nous, imiter groffièrement, en forte que tous-ceux;
qui ne jugent des chofes que par l’extérieur, trouvent
ici comme ailleurs du deffein, de l’intelligence & de
lefprit, tandis qu’en effet il n’y a que des rapports de
figure, de mouvement & d’organifàtion.
C eft par les rapports de mouvement que le chien
prend les habitudes de fon maître, c ’eft paries rapports.