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pailie, comme ils font plus vigoureux, on a remarqué
qu’ils étoient auffi moins dociles, & plus difficiles à
drefTer (n).
Le mors & l’éperon font deux moyens qu’on a imaginés
pour les obliger à recevoir le commandement, le
mors pour la précilion, & l’éperon pour la promptitude
des mouvemens. La bouche ne paroiffoit pas def-
tinée par la Nature à recevoir d’autres impreffions que
celles du goût & de l ’appétit, cependant elle eft d’une
fi grande fenhbilité dans le cheval, que c ’eft à la bouche,
par préférence à l’oeil 6c à l’oreille, qu’on s adreffe
pour tranfmettre au cheval les fignes de la volonté ; le
moindre mouvement ou la plus petite preffion du mors
ffiffit pour avertir & déterminer l’animal, & cet organe
de fentiment n’a d’autre défaut que celui de fa perfection
même, fa trop grande fenhbilité veut etre menagee,
car h on en abufe., on gâte la bouche du cheval en la
rendan infenhble à l ’impreffion du mors: les fens de
la vue & de l ’ouïe ne feraient pas fujets à une telle
altération & ne pourraient être émouffés de cette façon,
mais apparemment on a trouvé des inconveniens à commander
aux chevaux par ces organes, & il eft vrai que
lés fignes tranfnris par le toucher font beaucoup plus,
d'effet ffir les animaux en général, que ceux qui leur
font tranfinis par l ’oeil ou par l ’oreille; d’ailleurs, la htua-
tion des chevaux par rapport à celui qui les monte ou
qui les conduit, rend les.yeux prefque inutiles à cet effet,,
(n) V. Je nouveau parfait Maréchal, par M. de Garfauit,p^r 86i
puifqu’ils ne voient que devant eux, & que ce n’efl
qu’en tournant la tête qu’ils pourraient apercevoir les
fignes qu’on leur ferait; 6c quoique l’oreille foit un
fens par lequel on les anime & on les conduit fouvent,
il paroît qu’on a reftreint & laiffé aux chevaux greffiers
l ’ulàge de cet organe, puifqu’au manège, qui eft le lieu
de la plus parfaite éducation, l’on ne parle prefque point
aux chevaux, & qu’il ne faut pas même qu’il paroiffe
qu’on les conduife: en effet, lorfqu’ils font bien dreffés,
la moindre preffion des euiffes, 1e plus léger mouvement
du mors fuffit pour les diriger, l’éperon eft même
inutile, ou du moins on ne s’en fert que pour les forcer
à faire des mouvemens violens ; & lorfque, par l’ineptie
du cavalier, il arrive, qu’en donnant de l’éperon il
retient la bride, le cheval fe trouvant excité d’un côté
& retenu de l’autre, ne peut que fe cabrer en faifant
Un bond fans fortir de là place.
On donne à la tête du cheval, par le moyen de la
bride, un air avantageux & relevé, on la place comme
elle doit être, 6c le plus petit ligne ou le plus petit
mouvement du cavalier fuffit pour faire prendre au cheval
fes différentes allures ; la plus naturelle eft peut-être le
trot, mais le pas 6c même le galop font plus doux pour
le cavalier-, 6c ce font auffi les deux allures qu’on s’applique
le plus à perfectionner. Lorfque le cheval lève la
jambe de devant pour marcher, il faut que ce mouvement
foit fait avec hardieffe 6c facilité, 6c que le genou
foit affez plié; la jambe levée doit paraître foûtenue un
A a ij