mais dont il eft dédommagé par les fervices continuels
que lui rend celui-ci. Dès le temps du premier âge on
a foin de féparer les poulains de leur mère, on les
laide téter pendant cinq, fix ou tout au plus fept mois,,
car l’expérience a fait voir que ceux qu’on laide téter
dix ou onze mois, ne valent pas ceux qu’on sèvre
plus tôt, quoiqu’ils prennent ordinairement plus de chair
<Sc de corps: après ces fix ou fept mois de lait on les
sèvre pour leur faire prendre une nourriture plus folide
que le lait, on leur donne du fon deux fois par jour
& un peu de foin, dont on augmente la quantité à
mefiire qu’ils avancent en âge, & on les garde dans
l ’écurie tant qu’ils marquent de l’inquiétude pour retourner
à leur mère ; mais lorfque cette inquiétude efl:
paflee, on les laide fortir par le beau temps, & on les
conduit aux pâturages, feulement il faut prendre garde
de les biffer paître à jeun, il faut leur donner le fon &
les faire boire une heure avant de les mettre à l’herbe ,
& ne jamais les expofer au grand froid ou à la pluie ;
ils paflent de cette façon le premier hiver : au mois de
mai fuivant, non feulement on leur permettra de pâturer
tous les jours, mais on les biffera coucher à l’air
dans les pâturages pendant tout l ’été & jufqu’à la fin
d’oétobre, en obfervant feulement de ne leur pas laider
paître les regains ; s’ils s’accoûtumoient à cette herbe
trop fine, ils fe dégoûteraient du foin, qui doit cependant
faire leur principale nourriture pendant le fécond
hiver avec du fon mêlé d’orge ou d’avoine moulus; on
les conduit de cette façon en les laiffant pâturer le jour
pendant l ’hiver, & la nuit pendant l’été jufqu a l ’âge
de quatre ans, qu’on les retire du pâturage pour les
nourrir a 1 herbe sèche: ce changement de nourriture
demande quelques précautions, on ne leur donnera
pendant les premiers huit jours que de la paille, &
on fera bien de leur faire prendre quelques breuvages
contre les vers, que les mauvaifes digeftions d’une
herbe trop crue peuvent avoir produits. M. de Gar-
fauit (k), qui recommande cette pratique, efl fans doute
fondé fur l’expérience; cependant on verra qu’à tout
âge <& dans tous Jes temps l ’eflomac de tous les chevaux
efl farci d’une fi prodigieufe quantité de vers,
qu’ils femblent faire partie de leur conftitution; nous Jes
avons ( l) trouves dans les chevaux fàins comme dans les
chevaux malades, dans ceux qui paiffoient l’herbe comme
dans ceux qui ne mangeoiem que de l ’avoine & du foin ;
& les ânes, qui de tous les animaux font ceux qui approchent
le plus de la nature du cheval, ont auffi cette prodigieufe
quantité de vers dans l ’eflomac, & n’en font pas
plus incommodes; ainfi 1 on ne doit pas regarder les vers,
du moins ceux dont nous parlons, comme une maladie-
accidentelle, caufëe par les mauvaifes digeftions d ’une
herbe crue, mais piuflôt comme un effet dépendant de
É f V - ie nouveau parfait Maréchal, par M. de Garfault. Paris,
6, page 84 fr gj,
(IJ y . ci-apres dans ce volume la defcription de Feftoniac du
cheval, & la planche qui y a rapport.