& lorfque l’herbe manque, ils ne les nourriffent que
de dattes & de lait de chameau, ce qui les rend nerveux
, légers & maigres. Ils tendent des pièges aux
chevaux fauvages, ils en mangent la chair, & difentque
celle des jeunes efl fort délicate : ces chevaux fauvages
font plus petits que les autres , ils font communément
de couleur cendrée , quoiqu’il y en ait aulfi
de blancs, & ils ont le crin & le poil de la queue fort
court & hérifle. D ’autres voyageurs^ nous ont donné
fur les chevaux Arabes des relations curieufes , dont
nous ne rapporterons ici que les principaux faits.
Il n’y a point d’Arabe, quelque miférable qu’il foit,
qui n’ait des chevaux ; ils montent ordinairement les
jumens, l’expérience leur ayant appris qu’elles réfîflent
mieux que les chevaux à la fatigue, à la faim & à la
foif ; elles font aufïï moins vicieufes, plus douces &
hennilfent moins fréquemment que les chevaux : ils les
accoutument fi bien à être enfembie , qu’elles demetn
rent en grand nombre, quelquefois des jours entiers,
abandonnées à elles - mêmes fans fe frapper les unes
les autres, & fans fe faire aucun mal. Les Turcs au
contraire n’aiment point les jumens, & les Arabes
leur vendent les chevaux qu’ils ne veulent pas garder
pour étalons ; ils confervent avec grand foin, & depuis
très-long-temps, les races de leurs chevaux, ils en
(b) Voyez le voyage de M. de la Roque, fait par ordre de Louis
XIV. Paris, 1 7 1 4 , page 19 4 & fiiv . & aulfi l’hiftoire générale
des voyages. Paris, 1 7 4 6 , tome I I , page 6 26 .
connoiffent les générations, les alliances & toute la
généalogie, ils diflinguent les races par des rïoms dif-
férens, & ils en font trois claffes ; la première efl
celle des chevaux nobles, de race pure & ancienne
des deux côtés ; la fécondé efl celle des chevaux de
race ancienne, mais qui fe font mefalliés, & la troi-
fième efl celle des chevaux communs: ceux-ci fc
vendent à bas prix, mais ceux de la première claffe,
& même ceux de la fécondé, parmi lefquels il s’en
trouve d’auffi bons que ceux de la première, font
exceffivement chers ; ils ne font jamais couvrir les jumens
de cette première claffe noble , que par des
étalons de la même qualité ; ils connoiffent par une
longue expérience toutes les races de leurs chevaux
& de ceux de leurs voifins, ils en connoiffent en par-
ticuliei le nom , le furnom , le po il, les marques, &c.
Quand ils n’ont pas des étalons nobles* ils en empruntent
chez leurs voifins, moyennant quelque argent, pour
faire couvrir leurs jumens, ce qui fe fait en pré’fence
de témoins qui en donnent une atteflation lignée &
fcellée par-devant le fecrétaire de l ’E'mir, ou quelque
autre perfonne publique; & dans cette atteflation, le
nom du cheval & de la jument efl cité, & toute leur
génération expofée; lorfque la jument a pouliné, on
appelle encore des témoins, & l’on fait une autre attef-
tation dans laquelle on fait la defeription du poulain
qui vient de naître, & on marque le jour de fa naiffance.
Ces billets donnent le prix aux chevaux, & on les remet