partie qui eft fouvent en mouvement, elles ont plus, frappé la
vûe que les autres taches, & qu’on ne les a prifes le plus fouvent
pour de mauvais fignes, que parce qu’en rendant les pieds for
lefquels elles fe trouvent plus appareils par leur blancheur, on
s’eft imaginé en voyant le cheval en marche, que les pieds
balzans s’approchoient de plus près que les autres, & qu’il étoit
fojet à fe iaiffer tomber, ceux qui ont les quatre pieds balzans
n’en ont pas été foupçonnés, parce qu’il n’y a pas la même
apparence d'inégalité dans leur démarche; mais il eft inutile de
'difcuter plus long-temps cette matière, & de combattre des
préjugés que les meilleurs connoiffeurs en chevaux ont abandonnés;
leur exemple détrompera mieux les autres que des
raifons : quand la vérité eft connue, il ne faut plus que du
temps pour détruire l’erreur.
Je reviens aux obfervations que l’on a faites for fe poil des
chevaux, & principalement par rapport à fon aï-rangement fur
certaines parties.
Tous les chevaux des pays orientaux & méridionaux, c’eft-
à-dire, des pays les plus chauds, comme les chevaux Turcs,
les Perfâns, les Arabes & les Barbes, ont le poil beaucoup
plus ras que les autres : on voit bien que la température du
climat en eft la caufe, mais il feroit difficile d’en donner la
raifon.
L’épi ou la molette eft un arrangement de poils difpofés à
peu près comme les pétales d’une fleur Ample, c’eft pourquoi
on a compare 1 epi à un petit oeillet ; c’eft un point d’où les
poils partent comme d’un centre, & fe renverfent de façon
quils forment une cavité conique comme un petit entonnoir:
il y a ordinairement de ces épis au front, au poitrail & fur le
ventre près des cuiflès ; il fe trouve des chevaux qui en ont
en d’autres endroits : on en voit quelquefois deux ou trois fë-
parés ou réunis fur le front ou fur le pli de la cuiffe par
derrière-
L’épée romaine eft une forte de fillon formé par fe poil
qui eft renverfé ; c’eft un épi alongé, dont on a comparé la
figure à celle des épées qui étaient en ufage chez les Romains :
cette épée romaine s’étend le long du haut de l’encolure près
de la crinière, il n’y a que peu de chevaux qui l’aient, & ils
font fort recherchés par les gens qui font les plus difficiles à fatis-
faire fur le poil des chevaux ; quelquefois il fe trouve une
épée romaine de chaque côté de la crinière, le cheval en eft
encore plus eftimé.
On pourroit juger au fimple énoncé des termes dont nous
avons fait mention, que le cheval eft un des animaux qui nous
font le plus utiles, puifque la plufpait des parties de fon corps &
des variétés de fes couleurs ont des noms particuliers qui ne
font ufités que pour lui. Une pareille attention pour le cheval
n’a pu avoir d’autres motifs que notre propre intérêt ; mais la.
perfection que nous exigeons dans toutes les parties de cet animal
pour le rendre beau, eft autant une preuve du plaifir qu’il
nous fait, que de l’utilité que nous en tirons. Le boeuf nous eft
bien auffi utile que le cheval, puifqu’ii nous fert d’aliment ; cependant
un beau boeuf n’eft qu’un boeuf gros & gras : on a vû
au contraire dans i’hiftoire naturelle du cheval, de combien de-
conditions dépend la beauté de cet animai, que M. de Buffbn ai
repréfenté dans l’état de la belle nature. On a fait des règles pour
juger de la beauté des chevaux, mais en déterminant toutes les-
proportions de leur corps on n’a pas eu feulement en vûe l’élégance
de leur taille, on a auffi confidéré les diftèrens ufages.
auxquels nous employons ces animaux ; ainfi, toute proportion