manque, ils mangent des fruits, des graines, des rai-
fins., &c. & ils préfèrent toujours tout ce qui, dans un
petit volume, contient une grande quantité de parties
nutritives, c ’eft-à-dire, de molécules organiques propres
à la nutrition & à l’entretien du corps.
Si ces preuves ne paroiffent pas fuffîûntes, que l ’on
conlidère encore la manière dont on nourrit le bétail
que l’on veut engrailTer ; on commence par la caftra-
tion, ce qui fupprime la voie par laquelle les molécules
organiques s’échappent en plus grande abondance; en-
fiiite, au lieu de laifTcr le boeuf à là pâture ordinaire
& à l’herbe pour toute nourriture, on lui donne du
fon, du grain, des navets, des alimens en un mot plus
fubftantiels que l’herbe, & en très-peu de temps la
quantité de la chair de l’animal augmente, les lues &
la grailfe abondent , & font d’une chair alfez dure &
allez lèche par elle-même, une viande liicculente & fi
bonne, qu’elle fait la bafe de nos meilleurs repas.
Il réfulte aulfi de ce que nous venons de dire, que
l ’homme, dont l ’eltomac & les inteftins ne font pas
d’une très-grande capacité relativement au volume de
fon corps, ne pourrait pas vivre d’herbe lèule, cependant
il ell prouvé par les: faits, qu’il pourrait bien vivre
de pain, de légumes & d’autres graines de plantes,
puifqu’on connoît des nations entières & des ordres
d’hommes auxquels la religion défend de manger de
rien qui ait eu vie ; mais ces exemples, appuyés même
de l ’autorité de Pythagore & recommandés par quelques
Médecins trop amis de la diète, ne me paroilTent pas
fuffifans pour nous convaincre qu’il y eût à gagner
pour la fanté des hommes & pour la multiplication du
genre humain, à ne vivre que de légumes & de pain,
d’autant plus que les gens de la campagne, que le luxe
des villes & la fomptuofité de nos tables réduifent à
cette façon de vivre, languilfent & dépérilfent plus tôt
que les hommes de l’état mitoyen, auxquels l’inanition
& les excès font également inconnus.
Après l’homme, les animaux qui ne vivent que de
chair font les plus grands deltruéteurs, ils font en
même temps & les ennemis de la Nature & les rivaux
de. l’homme ; ce n’efl que par une attention toujours
nouvelle & par des foins prémédités & fuivis qu’il peut
conferver fes troupeaux, fes volailles, &c. en les mettant
à l’abri de la ferre de l’oifeau de proie & de la
dent carnacière du loup, du renard, de la fouine, de
la belette, &c. ce n’eft que par une guerre continuelle
qu’il peut défendre fon grain, fes fruits, toute fa fub-
fiftance, & même fes vêtemens, contre la voracité des
rats, des chenilles, des fearabées, des mites, &c. car
les infeétes font aulfi de ces bêtes qui dans le monde
font plus de .mal que de bien ; au lieu que le boeuf,
le mouton & les autres animaux qui paillent l ’herbe,
non feulement font les meilleurs, les plus utiles, les
plus précieux pour l’homme, puifqu’ils le nourriffent,
mais font encore ceux qui confomment & dépenfent
te moins ; le boeuf fiir-tout eft à cet égard l’animal par
K k k iil