zo8 H i s t o i r e N a t u r e l l e
qu’on n’auroi-t pas vue depuis. Ce n’eft donc qu’après
cet â°-e qu’on doit comparer l’enfant à fes parens, fi l’on
veut juger exaélement de la reffemblance ; & alors on
trouve dans l’efpèce humaine que fouvent le fils reflem-
ble à fon père, & la fille à fa mère; que plus fouvent
ils reffemblervt à l’un & à l’autre à la fois, •& qu’ils
tiennent quelque chofe de tous deux ; qu’aflez fouvent
ils reffemblent aux grand-pères ou aux grand-mères;
que quelquefois ils reffemblent aux oncles ou aux tantes;
que prefque toujours les enfans du même père & de
la même mère fe reffemblent plus entre eux qu’ils ne
reffemblent à leurs afcendans, & que tous ont quelque
chofe de commun & un air de famille. Dans les chevaux,
comme -le mâle contribue plus à la génération
que la femelle,, les jumens pioduifènt des poulains qui
font affez fouvent femblables en tout à l’étalon, ou qui
toujours lui reffemblent plus qu’à la mère ; elles en pro-
duifent auffi qui reffemblent aux grand-pères; forfque
la jument mère a été elle-même engendrée d’un mauvais
cheval, il arrive afïèz fouvent que, quoiqu’elle ait
eu un bel étalon, & quelle fort belle elle-même, elfe
ne produit qu’un poulain qui, quoiqu’en apparence
beau & bien fait dans fa première jeu nef fe, décline toujours
en croiffant ; tandis qu’une jument qui fort d’une
bonne race donne des poulains qui, quoique de mau-
vaife apparence d abord, embelliffent avec 1 âge.
.Au refte, ces obfervations que l ’on a faites fur le
produit des jumens, & qui femblent concourir toutes a
■* prouver
prouver que dans les chevaux le mâle influe beaucoup
plus que la femelle fur la progéniture, ne me paroifTent
pas encore fuffifàntes pour établir ce fait d’une manière
indubitable & irrévocable; il ne ferait pas impoffible
que ces obfervations fubfiftaffent, & qu’en même temps
& en général les jumens contribuaffent autant que les
chevaux au produit de la génération : il ne me paraît
pas étonnant que des étalons, toujours choifis dans un
grand nombre de chevaux, tirés ordinairement de pays
chauds, nourris dans l ’abondance, entretenus & ménagés
avec grand foin, dominent dans la génération fur des
jumens communes, nées dans un climat froid, & fou-
ventréduites à travailler; & comme dans les obfervations
tirées des haras, il y a toujours plus ou moins de cette
fupériorité de l’étalon fur la jument, on peut très-bien
imaginer que ce n’eft que par cette raifon qu’elles font
vraies & confiantes; mais en mêfne temps il pourrait
être tout auffi vrai que de très-belles jumens des pays
chauds, auxquelles on donnerait des chevaux communs,
influeraient peut-être beaucoup plus qu’eux fur leur
progéniture, & qu’en général, dans l’efpèce des chevaux
comme dans l’efpèce humaine, il y eût égalité dans
l’influence du mâle & de la femelle fur leur progéniture
; cela me paraît naturel & d’autant plus probable,
qu’on a remarqué, même dans les haras, qu’il naiffoit à
peu près un nombre égal de poulains & de poulines ; ce
qui prouve qu’au moins pour le fexe la femelle influe
pour fà moitié.
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