n S D e la d e s c r i p t i o n
foiipèdes : les voici. Le cheval, 1 ane <Sc le mulet
diffèrent par la queue; celle du cheval eft garnie de
crins dans toute fa longueur, celle de 1 ane & du mulet
n’en a qu’à l’extrémité, & le zèbre a pour caractère
diftin&if les bandes tranfverfales de différentes couleurs
qui font fur fa peau : voilà tout. Le méthodifte eft fatif-
fait, il ne prendra jamais un cheval pour un âne, dès
qu’il en verra la queue. Mais quelle idee a -t -o n des
chevaux, parce qu’on connoîtra le nombre & la pofition
de la moitié de leurs dents Sc de leurs mamelles, la
figure de la corne de leurs pieds , & l’arrangement des
crins de leur queue ! Voyons un cheval parmi d autres
animaux, obfervons quels font les caractères qui nous
le feront diftinguer : ce ne feront certainement ni les
dents ni les mamelles, on ne les voit pas, & cependant
perfonne ne s’eft jamais mépris à connoître un cheval:
ce qui caraétérife un animal à nos yeux, c’eft l’enfemble
de fa figure, fon attitude, fon port, fa démarche, &
les proportions des différentes parties de fon corps,
voilà ce qui nous le fait reconnoître à l’inftant que
nous l’apercevons : en 1 obfervant de plus près, nous
fuivons le détail de fes différentes parties, & nous ne
le connoiffons bien qu après avoir tout vû, autant qu’il
nous eft poffible de voir.
L ’Hiftoire Naturelle n’eft pas bornée aux connoif-
lances de l'extérieur, elle s étend bien plus loin ; fon
objet principal eft de développer 1 intérieur, & de
reconnoître, par i’inljaeCtion du dedans, le mechanifme
d e s A n i m a u x . i ip
des mouvemens qui paroiffent au dehors, & les caufes
des appétits & des inclinations qui font propres à chaque
elpèce d’animaux; par conféquent leurs defcriptions ne
font complètes qu’autant qu’elles s’étendent à l’intérieur.
Les Naturaliftes ont trop négligé cette partie, la plufpart
fembient s’être reftreints à ne connoître les productions
de la Nature que par l’écorce ; fembfables à des voyageurs
qui ne voudroient voir que, les murs des villes
ou les façades des palais, au lieu d’entrer dans l’intérieur
& d’examiner en détail tous les chefs-d’oeuvre
de l’art qui y font renfermés. N ’imitons pas ces obfer-
vateurs fuperficiels, approfondiffons notre fujet dans
tous fes points intéreffans; mais gardons-nous des détails
minutieux, qui nous jetteroient dans de vaines recherches,
tandis qu il y a tant de chofes importantes à
découvrir dans la Nature.
Tout ce qui peut contribuer à perfectionner les
eonnoiffances de l ’économie animale, doit entrer dans
les defcriptions d’Hiftoire Naturelle ; c ’eft là l ’objet
que l’hiftorien ne doit jamais perdre de vue, c ’eft la
règle qui fert de guide à tout obfervateur intelligent :
ceux au contraire qui n’aperçoivent pas ce but, & qui
ne fe propofent aucun plan qui puiffe les y conduire,
loin de faire des réflexions fur leur fujet, contemplent
làns difcernement tout ce qui fc préfente à leurs yeux.
Toutes les aCtions des animaux leur paroiffent également
intereffantes, ils ne négligeroient pas même celles
que le halàrd occafionne indépendamment de l ’animal;