fi on lui couvre les yeux, il relie immobile; & lorfqu’il
eft couché fur le côté, ft on lui place la tête de manière
que l’oeil foit appuyé fur la terre, & qu’on couvre
l ’autre oeil avec une pierre ou un morceau de bois, il
reliera dans cette fituation fans faire aucun mouvement
& lans fe fecouer pour fe relever : il marche, il trotte &
il galoppe comme le cheval, mais tous fes mouve-
mens font petits & beaucoup plus lents; quoiqu’il puilfe
d’abord courir avec alfez de vîtelfe, il ne peut fournir
qu’une petite carrière pendant un petit efpace de temps;
& quelque alure qu’il prenne, fi on le prelfe, il eft
bien-tôt rendu.
Le cheval hennit, l’âne brait, ce qui fe fait par un
grand cri très-long, très - defagréable, & difcordant
par dilfonances alternatives de l ’aigu au grav'e & du
grave à l’aigu; ordinairement il ne crie que lorfqu’il
eft prelfé d’amour ou d’appétit: l ’ânelfe a la voix plus
claire & plus perçante; l ’âne qu’on a fait hongre ne
brait qu’à balfe voix, & quoiqu’il paroilfe faire autant
d’effort & les mêmes mouvemens de la gorge, fon
cri ne fe fait pas entendre de loin.
D e tous les animaux couverts de poil, l ’âne eft celui
qui eft le moins fujet à la vermine, jamais il n’a de
poux, ce qui vient apparemment de la dureté & de la
féchereffe de la peau, qui eft en effet plus dure que
celle de la plufpart des autres quadrupèdes ; & c ’eft par
la même raifon qu’il eft bien moins fenfible que le
cheval au fouet & à la piqûre des mouches.
A deux ans & demi les premières dents incifives du
milieu tombent, & eniuitc les autres incifives a coté
des premières tombent aiiffi & fe renouvellent dans le
même temps & dans le même ordre que celles du
cheval, l ’on connoît auffi l’âge de l’âne par les dents,
les troifièmes incifives de chaque côté le marquent
comme dans le cheval.
Dès l’âge de deux ans l’âne eft en état d’engendrer;
la femelle eft encore plus précoce que le mâle, &
elle eft toute auffi lafeive; c’cft par cette' raifon qu’elle
éft très-peu féconde, elle rejette au dehors la liqueur
qu’elle vient de recevoir dans l’accouplement, à moins
qu’on n’ait foin de lui ôter promptement la fenfa-
tion du plaifir, en lui donnant des coups pour calmer
la fuite des convulfions & des mouvemens amoureux,
fans cette précaution elle ne retiendrait que très-rarement:
le temps le plus ordinaire de la chaleur eft le
mois de mai & celui de juin; lorfqu’elle'eft pleine, la
chaleur ceffe bien-tôt, & dans le dixième mois le lait
paraît dans les mamelles; elle met bas dans le douzième
mois, & fouvent il fe trouve des morceaux folides dans
la liqueur de l’amnios, femblables à J’hippomanès du
poulain; fept jours apres l'accouchement la chaleur fe
renouvelle, & laneffe eft en état de recevoir lé mâle,
en forte qu’elle peut, pour ainfi dire, continuellement
engendrer & nourrir; elle ne produit qu un petit, &
fi rarement deux, qu’à peine en a-t-on des exemples:
au bout de cinq ou fix mois on peut fevrer l’ânon, &
D d d i j