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d’Efpagne, zains ou autres, font tous marqués à la
cuiffe hors Je montoir, de la marque du haras dont ils
font fortis; ils ne font pas communément de grande
taille, cependant on en trouve quelques-uns de quatre
pieds neuf ou dix pouces; ceux de la haute Andaloufie
palfent pour être les meilleurs de tous, quoiqu’ils foient
alfez fujets à avoir la tête trop longue, mais on leur
fait grâce de ce défaut en faveur de leurs rares qualités;
ils ont du courage, de l’obéilfance, de la grâce,.de la
fierté, 6c plus de fouplelfe que les Barbes, c ’eft par
tous ces avantages qu’on les préféré a tous les autres
chevaux du monde, pour la guerre, pour la pompe 6c
pour le manège.
Les plus beaux chevaux Anglois font, pour la conformation
, alfez femblables aux Arabes 6c aux Barbes,
dont ils fortent en effet; ils ont cependant la tête plus
grande, mais bien-faite 6c moutonnée, & les oreilles
plus longues, mais bien placées: par les oreilles feules
on pourrait diftinguer un cheval Anglois d’un cheval
Barbe, mais la grande différence eft dans la taille, les
Anglois font bien étoffés 6c beaucoup plus grands ; on
en trouve communément de quatre pieds dix pouces
& même de cinq pieds de hauteur, il y en a de tous
poils 6c de toutes marques ; ils font généralement forts,
vigoureux, hardis, capables d’une grande fatigue, excel-
lens pour la chaffe 6c la courfe, mais il leur manque la
grâce 6c la foupleffe, ils font durs & ont peu de liberté
dans les épaules.
On
On parle fouvent de courtes de chevaux en Angleterre,
6c il y a-des gens extrêmement habiles dans cette
elpèce d’art gymnaffique. Pour en donner une idée, je
ne puis mieux faire que de rapporter ce qu’un homme
refpeétable (t), que j ’ai déjà eu occafion de citer dans
le premier volume de cet ouvrage, m’a écrit de Londres
le 18 février 174.8. M. Thornhill, maîtrejdc poffe
à Stilton, fit gageure de courir à cheval trois fois de
fuite le chemin de Stilton à Londres, c ’eft-à-dire, de
faire deux cens quinze milles d’Angleterre ( environ
foixante-douze lieues de France ) en quinze heures. Le
29 avril 1745» vieux flile, il fe mit en courte, partit de
Stilton, fit la première courfe jufqu’à Londres en trois
heures cinquante-une minutes, 6c monta huit différens
chevaux dans cette courfe; il repartit fur le champ 6c
fit la fécondé courfe, de Londres à Stilton, en trois
heures cinquante-deux minutes, 6c ne monta que fix
chevaux; il fe fervit pour la troifième courfe des mêmes
chevaux qui lui avoient déjà fervi, dans les quatorze
il en monta fept, 6c il acheva cette dernière courte en
trois heures quarante - neuf minutes; en forte que, non
feulement il remplit la gageure, qui étoit de faire ce
chemin en quinze heures, mais il le fit en onze heures
trente-deux minutes : je doute que dans les jeux Olympiques
il fe foit jamais fait une courfe auffi rapide que
cette courfe de M. Thornhill.
Les chevaux d’Italie étoient autrefois plus beaux qu ils
(t) Mylord comte de Morton.
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