commande, elle en détruit ou en fait naître l’aélion : ce
fens, en un mot, qui fait tout .dans l’animal, ne fait
dans l’homme que ce que le fens fupérieur n’empêche
pas ; il fait aulfi ce que le fens fupérieur ordonne.
Dans l’animal ce fens eft le principe de la détermination
du mouvement & de toutes les aétions, dans
l ’homme ce n’eu eft que le moyen ou la caufe fecon-
daire.
Développons autant qu’il nous fera poffible ce point
important;, voyons ce que ce fens intérieur matériel
peut produire : torique nous aurons fixé l’étendue de la
lphère de fan activité, tout ce qui n’y fera pas compris
dépendra néceflairement du fens Ipirituel : l’ame fera;
tout ce que ce fens matériel ne peut faire. Si nous
établiflons des limites certaines entre ces deux puif-
fances, nous reconnoîtrons clairement ce qui appartient
à chacune ; nous diftingnerons aifément ce que les
animaux ont de commun avec nous, H ce que nous
avons au defïùs d’eux.
Le fens intérieur matériel reçoit également toutes
les impreftîons que chacun des fens, extérieurs lui tranf-
met: ces impreftîons viennent de l’action des objets r
elles ne font que paffer par les fens extérieurs, & ne
produifent dans ces fens qu’un ébranlement très-peu-
durable, & , pour ainfi dire, inftantané; mais:elless’arrê-
tent ftir le fens intérieur, & produifent dans le cerveau,,
qui en eft l’organe r des ébranlemens durables & dif-
tinéts. Ces ébranlemens font agréables ou defagréables^
SUR LA NATURE DES ANIMAUX. 35
c ’eft-à-dire, font relatifs ou contraires à la nature de
l’animal, & font naître l’appétit ou la répugnance, félon
l ’état & la difpofition préfente de l’animal. Prenons
un animal au moment de fà naiflance ; dès que par les
foins de la mère il fe trouve débarraffé de fes enveloppes
, qu’il a commencé à refpirer & que le befoin de
prendre de la nourriture fe fait fentir, l’odorat, qui
eft le fens de l’appétit, reçoit les émanations de l’odeur
du lait qui eft contenu dans les mamelles de la mère :
ce fens ébranlé par les particules odorantes, communique
cet ébranlement au cerveau, & le cerveau agiflant
à fon tour fur les nerfs, l’animal fait des mouvemens
& ouvre la bouche pour fe procurer cette nourriture
dont il a befoin. Le fens de l ’appétit étant bien plus
obtus dans l’homme que dans l’animal, l'enfant nouveau
né ne fent que le befoin de prendre de la nourriture,
il l’annonce par des cris; mais il ne peut fe la
procurer feul, il n’eft point averti par l’odorat, rien
ne peut déterminer fes mouvemens pour trouver cette
nourriture ; il faut l’approcher de la mamelle, & la lui
faire fentir & toucher avec la bouche : alors ces fens
ébranlés communiqueront leur ébranlement à fon cerveau,
& le cerveau agiflant fur les nerfs, l ’enfant fera
les mouvemens néceflàires pour recevoir & fuccer cette
nourriture. C e ne peut être que par l’odorat & par le
goût, c ’eft-à-dire, par les fens de l’appétit, que l’animal
eft averti de la préfence de la nourriture & du lieu où il
faut la chercher : fes yeux ne font point encore ouverts,
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