fingulières font des défauts ou des excès accidentels-
qui, s’étant d’abord trouvés dans quelques individus, fe
font enfuite propagés de race en race, comme les autres
vices & maladies héréditaires; mais ces différences, quoique
confiantes, ne doivent être regardées que comme
des variétés individuelles qui ne féparent pas ces individus
de leur efpèce, puifque les races extraordinaires
de ces hommes à greffes jambes ou à fix doigts peuvent
fe mêler avec la race ordinaire, & produire des individus
qui fe reproduifent eux-mêmes. On doit dire la même
chofe de toutes les autres difformités ©u monflruofités
qui fe communiquent des pères Sc mères aux-enfans:
voilà jufqu’où s’étendent les erreurs de la Nature, voilà
tes plus grandes limites de fes variétés dans l’homme;
& s’il y a des individus qui dégénèrent encore davantage,
ces individus ne reproduifant rien, n’altèrent ni la
confiance ni l’unité de f efpèce ; - airi-fi il- n’y a dans
i ’homme qu’une feule & même efpèce, & quoique
eette efpèce foit peut-être la plus nombreufe & la plus
abondante en individus, & en même temps laplusincon-
féquente & la plus irrégulière dans toutes fes allions, or
ne voit pas que cette prodigieufe di-verfité de mouve-
mens, de nourriture, de climat, & de tant d’autres
combinaifons que l ’on peut fuppofer, ait produit des
êtres affez différens des autres pour faire de nouvelles
foiiches, & en même temps, affez femblables à nous:
pour ne pouvoir nier de leur avoir appartenu.
Si le Nègre & le Blanc ne pouvoient produire
enfemble, fi même leur produélion demeuroit inféconde,
fi le Mulâtre étoit un vrai mulet, il y aurait
alors deux efpèces bien diflinétes ; le Nègre ferait à
l ’homme ce que l’âne efl au cheval, ou pluflôt * fi le
Blanc étoit homme, le Nègre ne ferait plus un homme,
ce ferait un- animal à part comme le finge, & nous
ferions en droit de penfer que le Blanc & le Nègre
n’auraient point eu une origine commune ; mais cette
fuppofition même efl démentie par le fait, & puifque
tous les hommes peuvent communiquer & produire
enfemble, tous les hommes viennent de la même fouche
& font de la même famille.
Que deux individus ne puiffent produire enfemble,
il ne faut pour cela que quelques légères difconve-
nances dans le tempérament, ou quelque defaut accidentel
dans les.organes de la génération de 1 un ou de
l ’autre de ces deux individus ; que deux individus de
différentes efpèces-, & que l ’on-joint enfemble, pro-
duifent d’autres, individus qui ne reffemblant ni à 1 un
ni à l’autre, ne reffemblent à rien de fixe, & ne peuvent
par conféquent rien produire de femblabie à eux.,
il ne. faut pour cela qu’un certain degré de convenance
entre la forme du corps & les organes de la génération
de ces animaux différens ; mais, quel nombre immenfè
& peut-être infini de combinaifons ne faudrait-il pas
pour pouvoir feulement fuppofer que deux animaux.,
mâle & femelle, d’une certaine efpèce, ont non feulement
affez dégénéré pour n’être plus de cette efjpèca,,
C c c jij