222 H i s t o i r e N a t u r e l l e
phyfique ; mais fi les hommes ont une fois connu par expérience
que leur race dégénérait toutes les fois qu’ils ont
voulu la conferver fans mélange dans une même famille,
ils auront regardé comme une loi de la Nature celle de
l’alliance avec des familles étrangères, & fe feront tous
accordés à ne pas fouffrir de mélange entre leurs enfàns.
Et en effet, l’analogie peut faire préfiimer que dans la
plupart des climats les hommes dégénéreraient, comme
les animaux, après un certain nombre de générations.
Une autre influence du climat & de la nourriture
eft la variété des couleurs dans la robe des animaux,
ceux qui font fauvages & qui vivent dans le même climat,
font d’une même couleur, qui devient feulement
un peu plus claire ou plus foncée dans les différentes
fàifons de l’année ; ceux au contraire qui vivent fous
des climats différens, font de couleurs differentes, <Sc les
animaux domeftiques varient prodigieufement par les
couleurs, en forte qu’il y a des chevaux, des chiens, &c.
de toute forte de poils, au lieu que les cerfs, les
lièvres, &c: font tous de la même couleur; les injures
du climat toujours les mêmes, la nourriture toujours la
même , produifent dans les animaux fauvages cette uniformité
, le foin de l’homme, la douceur de l’abri, la
variété dans ,1a nourriture, effacent & font varier cette
couleur dans les animaux domeftiques, auffi-bien que le
mélange des races étrangères lorfqu’on n’a pas foin d’af-
fortir la couleur du mâle avec celle de la femelle, ce qui
produit quelquefois de belles fingularités, comme on le
voit fur les chevaux pies, où le blanc & le noir font appliqués
d’une manière fi bizarre & tranchent l’un fur l ’autre
fi fingulièrement, qu’il femble que ce ne foit pas l ’ouvrage
de la Nature, mais l ’effet du caprice d’un peintre.
Dans l ’accouplement des chevaux on aflortira donc
fe poil & la taille, on contraflera les figures, on croi-
fera les races en oppofant les climats, & on ne joindra
jamais enfemble les chevaux & les jumens nés dans le
meme haras; toutes ces conditions font eflentielles, &
il y a encore quelques autres attentions qu’il ne faut pas
négliger, par exemple, il ne faut point dans un haras,
de jumens, à queue courte, parce que ne pouvant fe
défendre des mouches, elles en font beaucoup plus
tourmentées que celles qui ont tous leurs crins, de
1 agitation continuelle que leur caufe la piqûre de ces
infeétes, fait diminuer la quantité de leur lait, ce qui
influe beaucoup fur le tempérament & la taille du poulain
qui, toutes chofes égales d’ailleurs, fera d’autant
plus vigoureux que fa mère fera meilleure nourrice. Il
faut tâcher de n’avoir pour fon haras que des jumens
qui aient toujours pâturé & qui n’aient point fatigué;
les jumens qui ont toujours été à l’écurie nourries au
fec, & quon met enfuite au pâturage, ne produifent,
pas d abord, il leur faut du temps pour s’accoutumer à.
cette nouvelle nourriture..
Quoique la faifon ordinaire de la chaleur des jumens
toit depuis le commencement d’avril jufqu a la fin de
î*iin, il arrive affez fouvent que dans un grand nombre