ï 94 H i s t o i r e N a t u r e l l e
adoucit la fecouffe ; aufli plus ce refîort du jarret eft liant
6c Toupie, plus le mouvement du galop eft doux ; il eft
aufli d’autant plus prompt 6c plus rapide, que les jarrets
font plus forts, 6c d’autant plus foûtenu, que le cheval
porte plus fur les hanches 6c que les épaules font plus
foûtenues par la force des reins. Au relte, les chevaux
qui dans le galop lèvent Lien haut les jambes de devant,
ne font pas ceux qui galopent le mieux, ils avancent
moins que les autres 6c fe fatiguent davantage, 6c cela
vient ordinairement de ce qu’ils n’ont pas les épaules
affez libres.
Le pas, le trot 6c le galop font donc les allures naturelles
les plus ordinaires; mais il y a quelques chevaux
qui ont naturellement une autre allure qu’on appelle
l ’amble, qui efl très-différente des trois autres, 6c qui
du premier coup d’oeil paraît contraire aux loix de la
méchanique 6c très-fatigante pour l’animal, quoique dans
cette allure la vîtefle du mouvement ne foit pas fi
grande que dans le galop ou dans le grand trot: dans
cette allure le pied du cheval rafe la terre encore de
plus près que dans le pas, 6c chaque démarche eft beaucoup
plus alongée; mais ce qu’il y a de hngulier, c ’eft
que les deux jambes du même côté, par exemple, celle
de devant 6c de derrière du côté droit, partent en même
temps pour faire un pas, 6c qu’enfuite les deux jambes
du côté gauche partent aufli en même temps pour en
faire un autre, 6c ainfi de fuite; en forte que les deux
côtés du corps manquent alternativement d’appui, &
qu’il n’y a point d’équilibre de l’un à l ’autre; ce qui
ne peut manquer de fatiguer beaucoup le cheval, qui
eft obligé de fe foûtenirdans un balancement forcé, par
la rapidité d’un mouvement qui n’eft prefque pas détaché
de terre; car s’il levoit les pieds dans cette allure
autant qu’il les lève dans le trot ou même dans le bon
pas, le balancement ferait fi grand qu’il ne pourrait
manquer de tomber fur le côté; & ce n’eft que parce
qu’il rafe la terre de très-près, & par des alternatives
promptes de mouvement, qu’il fe foûtient dans cette
allure, où la jambe de derrière doit, non feulement
partir en même temps que la jambe de devant du même
côté, mais encore avancer fur elle 6c pofer un pied
ou un pied 6c demi au-delà de l’endroit où celle-ci a
pofé : plus cet efpace dont la jambe de derrière avance
de plus que la jambe de devant, eft grand, mieux
le cheval marche l’amble, 6c plus le mouvement total
eft rapide. Il n’y a donc dans l ’amble, comme dans le
trot, que deux temps dans le mouvement; 6c toute la
différence eft que dans le trot les deux jambes qui
vont enfemble font oppofées en diagonale, au lieu que
dans l ’amble ce font les deux jambes du même côté
qui vont enfemble : cette allure, qui eft très-fatigante
pour le cheval, 6c qu’on ne doit lui laiffer prendre que
dans les terreins unis, eft fort douce pour le cavalier,
elle n’a pas la dureté du trot, qui vient de la réfiftance
que fait la jambe de devant lorfque celle de derrière fe
lève, parce que dans l ’amble cette jambe de devant fe
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