
 
        
         
		pendant  tout  Je  temps  qu’elles  font  en  amour;  car elles •  
 jettent  au  dehors  une  liqueur  gluante  &  blancheâtre  
 qu’on  appelle  des  chaleurs, &  dès  qu’elles  font  pleines  
 ces  émiffions  celfent:  c’eft  cette  liqueur  que  les  Grecs  
 ont appelée  l’hippomanès  de  la  jument,  &  dont  ils  prétendent  
 qu’on  peut  faire  des  filtres,  fur - tout  pour  
 rendre  un.  cheval  frénétique  d’amour :  cet  hippomanès  
 eft bien  différent  de  celui  qui  fe  trouve  dans  les  enveloppes  
 du poulain,  dontM. Daubenton (q) a  le premier  
 connu & fi bien  décrit la nature, l’origine &  la fituation :  
 cette  liqueur  que  la  jument  jette  au  dehors  ,  eft  le  
 figne  le  plus  certain  de  fa chaleur; mais  on  le  reconnoît  
 encore au  gonflement  de  la partie  inférieure  de  la vulve  
 étaux  fréquens  henniffemens  de  la  jument,  qui  dans  ce  
 temps  cherche  à  s’approcher  des  chevaux:  lorfqu’elle  
 a été  couverte  par  l’étalon,  il  faut  fimplement la mener  
 au  pâturage  fans  aucune  autre  précaution.  Le  premier  
 poulain  d’une  jument  n’eft  jamais  fi  étoffé  que  ceux  
 qu’elle  produit  par  la  fuite,  ainfi  on  obfervera  de  lui  
 donner  la  première  fois  un  étalon  plus  gros,  afin  de  
 compenfer  le  défaut  de  l’accroiffement par  la  grandeur  
 même  de  la  taille ;  il  faut  auflï  avoir  grande  attention  à  
 là  différence  ou  à  la  réciprocité  des  figures  du  cheval  
 Si  de  la  jument,  afin  de  corriger les défauts  de  l’un  par  
 les  perfections  de  l’autre,  Sc  fur-tout  ne  jamais  faire  
 d’accouplemens  difproportionnés,  comme  d’un  petit 
 ^q J  Voyez  les  Mémoires  de  l'Académie  Royale  des  Sciences,  
 innée  i  j j e . 
 cheval  avec  une  groffe  jument,  ou  d’un  grand  cheval  
 avec  une  petite  jument,  parce  que  le  produit  de  cet  
 accouplement  feroit  petit  ou  mal  proportionné :  pour  
 tâcher  d’approcher  de  la  belle  nature,  il  faut  aller par  
 nuances;  donner,  par  exemple,  à  une  jument  un  peu  
 trop  épaiffe  un  cheval  étoffé,  mais  fin,  à  une  petite  
 jument un  cheval un  peu plus haut qu’elle,  à une jument  
 qui  pêche  par  l’avant-main  un  cheval  qui  ait  la  tête  
 belle  &  l ’encolure  noble,  &c. 
 On  a remarqué  que  les  haras  établis  dans  dès  terreins  
 fecs  Sc  légers  produifoient  des  chevaux  fobres,  légers  
 &  vigoureux,  avec  la jambe  nerveufe  &  la  corne  dure,  
 tandis  que  dans  les  lieux  humides  &  dans  les  pâturages  
 les  plus  gras  ils  ont  prefque  tous  la  tête  groffe  & pelante, 
   le  corps  épais ,  les  jambes  chargées,  la  corne  
 mauvaife  &  les pieds  plats :  ces  différences  viennent  de  
 celle  du  climat  &  de  la  nourriture,  ce  qui  peut  s’entendre  
 aifément;  mais  ce  qui  eft  plus  difficile  à  comprendre, 
   &  qui  eft  encore  plus  effentiel  que  tout  ce  
 que  nous  venons  de  dire,  c ’eft  la  néceffité  où  l’on  eft  
 de  toujours  croifer  les  races,  fi  l’on  veut les  empêcher  
 de  dégénérer. 
 Il  y  a  dans  la  Nature  un  prototype  général  dans  
 chaque  efpèce  fur  lequel  chaque  individu  eft  modelé,  
 mais  qui  fembie,  en  fe  réaiifànt,  s’altérer  ou  fe  perfectionner  
 par les  circonftances;  en forte que, relativement  
 à  de  certaines  qualités-,  il  y  a  une  variation  bizarre  en  
 apparence dans  la  fucceffion  des  individus, &  en même