Mais ne fuivons pas pins loin ces confidérations, qüï
nous éloigneroient de notre fiijet: lorfque l’étalon eft
choifi & que les jumens qu’on veut lui donner font
raffemblées, il faut avoir un autre cheval entier qui ne
fervira qu’a faire connoître les jumens qui feront en
chaleur, & qui même contribuera par fes attaques à les
y faire entrer; on fait palfer toutes les jumens l’une
après l’autre devant ce cheval entier, qui doit être ardent
& hennir fréquemment; il veut les attaquer toutes, celles
qui ne font point en chaleur fe défendent, & il n’y a que
celles qui y font qui fe lai fient approcher; mais au lieu
de le lai (fer approcher tout à fait, on le retire & on lui
fubftitue le véritable étalon. Cette épreuve eft utile
pour reconnoître le vrai temps de la chaleur des jumens,
& fur-tout de celles qui n’ont pas encore produit; car
celles qui viennent de pouliner entrent ordinairement
en chaleur neuf jours après leur accouchement, ainfr
on peut les mener à l’étalon dès ce jour même & les
faire couvrir; enfuite eflàyer neuf jours après, au moyen
de l’épreuve ci-deflus, fi elles font encore en chaleur;
& fi elles y font en effet, les faire couvrir une fécondé
fois, & ainfi de fuite une fois tous les neuf jours tant
que leur chaleur dure, car lorfqu’elles font pleines la
chaleur diminue & celle peu de jours après:
Mais pour que tout cela puiffe fe faire aifément,
commodément, avec fliccès & fruit, il faut beaucoup
d’attention, dé dépenfe & de précautions; il faut établir
le haras, dans un bon terrein & dans un lieu convenable
Sc proportionné à la quantité de jumens & d’étalons
qu’on veut employer; il faut partager ce terrein en plu-
fieurs parties, fermées de palis ou de foffés avec de
bonnes haies, mettre les jumens pleines & celles qui
alaitent leurs poulains dans la partie où le pâturage eft
le plus gras, féparer celles qui n’ont pas conçu ou qui
n’ont pas encore été couvertes, & les mettre avec les
jeunes poulines dans un autre parquet où le pâturage foit
moins gras, afin qu’elles n’engraiffent pas trop, ce qui
s’oppoferoit à la génération ; & enfin il faut mettre les
jeunes poulains entiers ou hongres dans la partie du ter-,
rein lapins sèche & la plus inégale, pour qu’en montant
& en-defeendant les colines ils acquièrent de la liberté
dans les jambes & les épaules: ce dernier parquet, où
l’on met les poulains mâles, doit être féparé de ceux
des jumens avec grand foin, de peur que ces jeunes chevaux
ne s’échappent & ne s’énervent avec les jumens.
Si le terrein eft affez grand pour qu’on puiffe partager
en deux parties chacun de ces parquets, pour y mettre
alternativement des chevaux & des boeufs l’année fùi-
vante, le fond du pâturage durera bien plus long-temps
que s’il étoit continuellement mangé par les chevaux;
le boeuf répare le pâturage, & le cheval l’amaigrit: il
faut auffi qu’il y ait des mares dans chacun de ces parquets;
les. eaux dormantes font meilleures pour les chevaux
que les eaux vives, qui leur donnent fouvent des
tranchées ; & s’il y a quelques arbres dans ce terrein il
ne faut pas les détruire ; les chevaux font bien aifes de
D d i j