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que par un conduit étroit, dont même l’orifice eft fitué
à la partie fupérieure du premier, & prefque aufiï haut
que celui de l ’oefophage; ainfi ce conduit ne peut pas
admettre cet aliment fec, ou du moins il n’en admet
que la partie fa plus coulante; il eft donc néceffairq
que les parties les plus sèches remontent dans l’oefo-
phage, dont l’orifice eft plus large que celui du conduit;
elles y remontent en effet, l’animal les remâche, les
macère, les imbibe de nouveau de fa faiive, & rend
«infi peu à peu l’aliment plus coulant, il le réduit en
pâte affez liquide pour qu’elle puiffe couler dans ce
conduit qui communique au troifième eftomac, où elle
fe macère encore avant de paffer dans le quatrième ; &
c ’eft dans ce dernier eftomac que s’achève la décom-
pofition du foin qui y eft réduit en parfait mucilage :
ce qui confirme la vérité de cette explication, c ’eft
que tant que ces animaux tètent ou font nourris de
lait & d’autres alimens liquides & coulans, ils ne ruminent
pas, & qu’ils ruminent beaucoup plus en hiver &
lorfqu’on les nourrit d’alimens fecs, qu’en été, pendant
lequel ils paiffent l ’herbe tendre ; dans le cheval au
contraire l’eftomac eft très-petit, l’orifice de l’oefophage
eft fort étroit, & celui du pylore eft fort large; cela
feul fuffiroit pour rendre impoffible la rumination, car
l’aliment contenu dans ce petit eftomac, quoique peut-
être plus fortement comprimé que dans le grand efto-
mac du boeuf, ne doit pas remonter, puifqu’il peut
aifément defcendre par le pylore qui eft fort large ; il
n’eft pas même néceffaire que le' foin foit réduit en
pâte molle & coulante pour y entrer, la force de contraction
de l’eftomac y pouffe l ’aliment encore prefque
fec, & if ne peut remonter par l’cêfophage, parce que
ce conduit eft fort petit en comparaifon de celui du
pylore ; c’eft donc par cette différence générale de
conformation que le boeuf rumine, & que le cheval ne
peut ruminer; mais il y a encore une différence particulière
dans le cheval, qui fait que non feulement il
ne peut ruminer, c’eft-à-dire, vomir ffns effort, mais
même qu’il ne peut abfolument vomir, quelque effort
qu’il puiffe faire, c’eft que le conduit de Foefophage
arrivant très-obliquement dans l’eftomac du cheval,
dont les membranes forment une épaiffeur confidé-
rable, ce conduit fait dans cette épaiffeur une e/pèce
de gouttière fi oblique, qu’il ne peut que fe ferrer
davantage, au lieu de s’ouvrir par les convulfions de
l ’eftomac*. Quoique cette différence, auffi-bien que
les autres différences de conformation qu’on peut
remarquer dans le corps des animaux, dépendent toutes
de la Nature lorfqu’elles font confiantes, cependant
il y a dans le développement, & fur-tout dans celui
des parties molles, des différences confiantes en apparence,
qui néanmoins pourroient varier, & qui même
varient par les circonftances ; la grande capacité de la
* Voyez dans ce volume la detcription de l’eitomac du cheval,
& ie mémoire de M. Bertin dans le volume de l’Académie des
Sciences, année ly-ft