pofitif, par exemple, un animal qui rampe n’a point de
pieds, un animal qui eft couvert d’écailles n’a point de
plumes. Voilà des caraétères pofitifs, par conféquent
l’équivoque cefife, & il n’y a plus d’incertitude fur
l ’objet dont il s’agit : c’eft pourquoi Arifiote conclud
qu’on ne doit établir les divifions que lur des caraéteres
pofitifs & oppofés, & non pas fur dès caractères en
partie pofitifs & en partie négatifs, parce que les caractères
oppofés font toujours bien diftingues les uns des
autres & bien tranchés. Il donne pour exemple une
divifion, dont l’une des branches eft déterminée par le
caradère de la couleur blanche, & l’autre par celui de
la couleur noire, ou par l’oppofition d’une ligne droite
à une ligne courbe: cette divifion feroit bien moins
équivoque & bien plus certaine que telle autre divifion
d’animaux, dont les uns auraient pour caraétère la propriété
de nager, tandis que les marques diftinétives
des autres feraient dans leurs couleurs ( k j.
Cependant Ariftote n’a exécuté aucun plan de distribution
méthodique des animaux; ce firblime métaphy-
ficien qui avoit lu réduire l’art de penfer cri ïÿftème,
& le raifonnement en formule, ne nous a tracé aucune
fuite de clafles , de genres , d’efpèces pour la divifion
des animaux; il s’en eft tenu aux définitions générales
/k j Oppoftis item dividendum
tji ! diftant enim inter fe apporta
pmiiia, ut albedo éd nigrèdo, ut
reélitudo id curvitas. Quod fi altera
diverfa font, dividendum per oppofta
eji, id non ita, ut alterum natatione,
alterum colore dijfinguqtur, De paît.
Auitn. lib. i , enp. j ,
le plus communément reçues, & ne s’eft pas foucié de
combiner des méthodes de nomenclature, parce qu’il
étoit bien perfuadé que ces combinaifons feraient trop
compliquées pour qu’il frit poftïble d’éviter les réfultats
équivoques ou faux qui rendraient infructueux tous les
travaux de ce genre ( l) ; il en avertifloit certains auteurs
de fes contemporains (m), & fon opinion a été confirmée
par la deftruCtion fucceflive du grand nombre de
Jyftèmes méthodiques qui ont été faits dans ces derniers
fiècles fur différentes parties de l’Hiftoire Naturelle.
Les maximes d’Ariftote fur ce fujet peuvent éclairer
les plus grands Naturaliftes, & leur prouver qu’en Hif-
toire Naturelle, comme en toute autre Science, on
s’égare dès le premier pas, fi on n’a de bons principes
de métaphyfique. Nous voyons l’application de ces principes
dans les ouvrages qu’Ariftote nous- a laiftes fur
les animaux : ce Naturalifte, fi fameux depuis tant de
fiècles & en tant de genres de Sciences, fera encore
d’autant plus célèbre en Hiftoire Naturelle, que cette
Science fera plus de progrès, & que l’on fera plus en
état de comprendre & de vérifier ce qu’a écrit ce
grand homme. On fait qu’Alexandre lui avoit donné des
facilités pour obferver des animaux de toutes efpèces ;
( !) Cum idem in plures cadat
divifiones, dd contraria reniant in
eamdem. Depart. Anim. i. i, c. 3.
(m) Species igitur individuas col-
ligi ita non pojfe, ut dividunt qui
emimalia, aut quodyis aliud genus
feorfum in duo fecant, apertum jam
eft. Fit enim autoribus illis, ut ultimas
differentias totidem eJJe, quot
animalia omnia individuâ fpecie ne-
cejfe fit. Ibidem.;
T i j