aux autres, on n’auroit plus que des degrés de variété très-peu
étendus, & des nuances fort légères , en paffant d’une race à
une autre; on trouverait même des différences plus marquées
entre les individus d’une même race, de forte que les moyens
que l’on donnerait pour reconnoître leur origine, la feraient le
plus fouvent méconnoître, & on attribuerait à une race, des
chevaux qui viendraient d’une autre: de telles règles ne pourraient
donc fèrvir que pour juger des extrêmes, qui font
toujours allez reconnoiflables, fans que l’on foit obligé de def-
cendre dans un auffi grand détail; Mais la plufpart des différences
qui fe trouvent entre les individus d’une même elpèce,
deviennent très-légères lorlqu’on les compare aux individus d’une
autre efpèce, c’eft pourquoi il ne m’a pas paru néceflàire de
faire beaucoup de recherches pour avoir un cheval for lequel
je pufîê prendre les mefores qui doivent être comparées aux
mefores prifes fur le corps des animaux des- autres efpèces;
d’ailleurs on ferait fort embarraffé dans ce choix, & , toute
réflexion faite, on viendrait peut-être à préférer le cheval le
plus commun du pays où l’on eft, comme plus analogue aux
autres animaux que l’on y obferve: mais on pourrait auffi regarder
ce cheval de race groffière, comme un individu qui aurait
dégénéré dans fon elpèce, & qui ne pourrait la repréfenter
qu imparfaitement ; c’eft ce qui m’a déterminé à prendre les
mefores dont il s’agit fur un beau cheval d’Efpagne, c’eft par
la même raifon que nous avons fait graver la figure d’un beau
cheval de chaffe des écuries du Roi, de poil tigre, dont les
taches étoient bai-brunes ( pl. i ) . Il a été peint par M. Oudry,
Peintre ordinaire du Roi, & Profeffeur en fon Académie Royale
de Peinture & Sculpture, & on l’a copié fous fes yeux.
Le cheval d’Efpagne dont il vient d’être fait mention, eft
d’une taille médiocre, qui m’a paru la plus convenable à des
obfervations pour lefquelles il ne falloit ni un grand cheval ni
un petit, mais un individu reffemblant au plus grand nombre
des autres individus, & qui fût par conféquent le plus éloigné
des extrêmes, que l’on ne peut trop éviter lorlqu’on veut prendre
une idée jufte des produits de la Nature, & en comparer
différentes efpèces. Le poil du cheval qui m’a fervi de fojet,
eft d’une longueur qui varie entre fix lignes & un pouce &
demi: ce cheval avoit fix pieds un pouce de longueur meforée
en ligne- droite, depuis l’entre-deux des oreilles jufqu’à l’anus,
quatre pieds cinq pouces de hauteur prife à l’endroit des jamhes
de devant, & autant à l’endroit des jamhes de derrière, ce
qui eft un défaut; la longueur de la tête étoit d’un pied dix
pouces depuis le bout des lèvres jufqu’à l’occiput: cette mefore
jointe à celle qui s’étend tout le long du cou & du corps jufqu’à
l’origine de la queue, donne près de huit pieds de longueur
à ce cheval depuis le bout du mufeau jufqu’à l’anus, ce qui n’a
pû être meforé qu’à deux fois, parce que l’animal étant vivant,
il n’étoit pas facile de lui faire , lever le mufeau affez haut pour
effacer autant qu’il eft poffible la courbure de l’occiput, comme
on peut le faire for les animaux morts pour prendre cette
mefore principâle, qui doit s’étendre ea ligne droite depuis
l’extrémité des lèvres jufqu’à l’anus, & qui eft la plus fifre que
l’on puiffe avoir pour comparer enfemble des animaux de
même efpèce.
Le bout du mufeau avoit un pied quatre pouces de circonférence
prife entre les nafeaux & l’extrémité des lèvres; le
contour de l’ouverture de la bouche étoit de onze pouces, rne-
furés fur les lèvres depuis l’une des commiffiires jufqu’à l’autre;
la mâchoire inférieure avoit cinq pouces de largeur à l’endroit