l ’étalon doit avoir encore toutes les tonnes qualités
intérieures, du courage, de la docilité, de l’ardeur, de
1 agilité, de la fenfibilité dans la touche, de la literté
dans les épaules, de la fureté dans les jamtes, de la
foupleffe dans les hanches, du refîtrt par tout le coips,
& fur-tout dans les jarrets, & même il doifavoir été
un peu drefle & exercé au manège : le cheval efl de
tous les animaux celui qu’on a le plus obfervé, &
on a remarqué q-u’il. communique, par la génération,
prefque toutes, fes tonnes & mauvaifes qualités naturelles
& acquifes : un cheval naturellement hargneux,
ombrageux, rétif, &c. produit des poulains qui ont le
meme naturel; & comme les défauts de conformation
& les vices des humeurs fe perpétuent encore plus fûre-
ment que les qualités du naturel, il faut avoir grand
foin d’exclurre du haras tout cheval difforme, morveux,
pouffif, lunatique, <Scc.
Dans ces climats la jument contribue moins que
l ’étalon à la beauté du poulain, mais elle contribue peut-
être plus à fon tempérament & à fa taille; ainfi if faut
que les jumens aient du corps, du ventre, & qu’elles
foient bonnes nourrices: pour avoir de beaux chevaux
fins on préfère les jumens Elpagnoles & Italiennes, &
pour des chevaux de carroffe les jumens Angloifes &
Normandes ; cependant avec de beaux étalons, des
jumens de tout pays pourront donner de beaux chevaux,
pourvu qu’elles foient elles-mêmes bien faites & de
bonne race; car fi elles ont été engendrées d’un mauvais
cheval, les poulains qu’elles produiront feront fouvent
eux - mêmes de mauvais chevaux : dans cette efpèce
d’animaux, comme dans l’efpèce humaine, la progéniture
reffemble affez fouvent aux afcendans paternels ou maternels
; feulement il femble que dans les chevaux la
femelle ne contribue pas à la génération tout à fait
autant que dans l’efpèce humaine; le fils reffemble plus
foiivent à fa mère que le poulain ne reffemble à la
fienne, 8c lorfque le poulain, reffemble à la jument qui
l ’a produit, c ’efl ordinairement par les parties antérieures
du corps, & par la tête & l’encolure..
Au refte| pour bien juger de la reffemblance des;
enfans. à leurs païens-, il ne faudrait pas les comparer
dans les premières années, mais attendre lage où, tout
étant développé, la comparaifon en ferait plus certaine &
plus fenfible : indépendamment du développement dans
l accroiffement, qui fouvent altère ou change en bien
les formes, les proportions & la couleur des cheveux, il
fe fait, dans le temps de la puberté, un développement.
prompt & fubit,; qui change ordinairement les traits, la
taille, l’attitude des jambes, &c. le vifage s’alonge, le
nez groffit & grandit, la mâchoire s’avance ou fe charge,,
la taille s’élève ou fe courbe, les jambes s’alongent 8c
fouvent deviennent cagneufes ou effilées; en forte que
la phyfionomie & le maintien du corps changent quelquefois
fi fort, qu’il ferait très-poffible de méconnoître,
au moins du premier coup d’oeil, après la puberté, une
perfonne qu’on aurait bien connue ayant ce temps, &