d ’y enfoncer & d’y tenir le nez & les nafeaux pendant
«n temps confidérable, ce que l ’on préviendrait en ne
leur donnant jamais d’eau froide, & en leur elfuyant
toujours les nafeaux après qu’ils ont bû. Les ânes, qui
craignent le froid beaucoup plus que les chevaux, &
qui leur reffemblent fi fort par la flruéture intérieure,
ne font cependant pas fi fiijets à la morve, ce qui ne
vient peut-être que de ce qu’ils boivent différemment
des chevaux; car au lieu «d’enfoncer profondément la
bouche & le nez dans l ’eau, ils ne font prefque que
l ’atteindre des lèvres.
Je ne parlerai pas des autres maladies des chevaux,
ce ferait trop étendre l’Hiftoire Naturelle que de joindre
à l ’hiftoire d’un animal celle de fes maladies ;
cependant je ne puis terminer i ’hiftoire du cheval, fans
marquer quelques regrets de ce que la fànté de cet
animal utile & précieux, a été jufqu a préfent abandonnée
aux foins & à la pratique, fouvent aveugles, de
gens fuis connoifiànce & fans lettres. La Médecine que
les anciens ont appelée Médecine Vétérinaire, n’efl
prefque connue que de nom: je fuis perfuadé que fi
quelque Médecin tournoit fes vues de ce côté-là, &
faifoit de cette étude fon principal objet, il en ferait
bien-tôt dédommagé par d’amples fiiccès ; que non
feulement il s’enrichirait, mais même qu’au lieu de fe
dégrader il s’illuftrçroit beaucoup, & cette Médecine
ne ferait pas fi çpnjeéturale & fi difficile que l ’autre:
la nourriture, les moeurs, l’influence du fentiment,
toutes
toutes les caufes en un mot étant plus Amples dans
l ’animal que dans l ’homme, les maladies doivent auffi
être moins compliquées, & par conféquent plus faciles
à juger & à traiter avec fuceès ; fans compter la liberté
qu’on aurait toute entière de faire des expériences,
de tenter de nouveaux remèdes, & de pouvoir arriver
fans crainte & fans reproches à une grande étendue
de connoiflànces en ce genre, dont on pourrait même
par analogie tirer des induétioriS utiles à l ’art de guérir
les hommes.