le fon ; mais l’ébranlement ne produira d’abord qu’un
mouvement incertain , parce que l’imprcflion de la
lumière ou du fon n’eft nullement relative à l’appétit;
ce n’eft que par des aéles répétés, & lorfque l ’animal
aura joint aux impreflïons du fens de la vue ou de l ’ouïe
celles de l’odorat, du goût ou du toucher, que le mouvement
deviendra déterminé, & qu’en voyant un objet
ou en entendant un fon, il avancera pour atteindre, ou
reculera pour éviter la chofe qui produit ces impref-
fions devenues par l’expérience relatives à fes appétits.
Pour nous faire mieux entendre , confidérons un animal
inftruit, un chien, par exemple, qui, quoique preffé
d’un violent appétit, femble n’ofer toucher & ne touche
point en effet à ce qui pourroit le fatisfaire, mais en
même temps fait beaucoup de mouvemens pour l’obtenir
de la main de fon maître ; cet animal ne paroît-il pas
combiner des idées! ne paroît-il pas defirer & craindre,
en un mot raifonner à peu près comme un homme qui
voudrait s’emparer du bien d’autrui, & qui, quoique
violemment tenté, eft retenu par la crainte du châtiment!
voilà l’interprétation vulgaire de la conduite de
l’animal. Comme c’eft de cette façon que la chofe fe
paffe chez nous, il eft naturel d’imaginer, & on imagine
en effet, qu’elle fe paffe de même dans l’animal:
l ’analogie, dit-on, eft bien fondée, puifque l’organifation
& la conformation des fens, tant à l’extérieur qu a 1 intérieur,
font femblables dans l’animal & dans l ’homme.
Cependant ne devrions-nous pas voir que pour que cette
analogie fut en effet bien fondée, il faudrait quelque
chofe de plus, qu’il faudrait du moins que rien ne pût
la démentir, qu’il ferait néceffaire que les animaux
puffent faire, & fiffent dans quelques occafions, tout ce
que nous faifons ! or le contraire eft évidemment démontré;
ils n’inventent, ils ne perfectionnent rien, ils
ne réfléchiflent par conféquent fur rien, ils ne font
jamais que les mêmes chofes, de la même façon : nous
pouvons donc déjà rabattre beaucoup de la force de
cette analogie, nous pouvons même douter de là réalité,
& nous devons chercher fi ce n’eft pas par un autre
principe différent du nôtre qu’ils font conduits, & fi
leurs fens ne luffifent pas pour produire leurs a étions,
fans qu’il foit néceflaire de leur accorder une connoif-
fànce de réflexion.
Tout ce qui eft relatif à leur appétit ébranle très-
vivement leur fens intérieur| & le chien fe jetterait à
1 inftant flir l’objet de cet appétit, fi ce même fens intérieur
ne cônfervoit pas les impreflïons antérieures de
douleur dont cette aétion a été précédemment accompagnée;
les impreflïons extérieures ont modifié l’animal
, cette proie qu’on lui préfente n’eft pas offerte à
un chien Amplement, mais à un chien battu ; & comme
il a ete frappé toutes les fois qu’il s’eft livré à ce mou-,
vement d’appétit, les ébranlemens de douleur fe renouvellent
en meme temps que ceux de l’appétit fe font
fentir, parce que ces deux ébranlemens fe font toujours
faits enfemble. L ’animal étant donc pouffé tout à la fois*