pendant tout le temps que fa mère eft au pâturage, ce
qui excite fi fort l’appétit ou la foif, qu au moment que
la vache arrive le jeune veau fe jette à la mamelle, en
tire avec avidité beaucoup de lait, s engrailfe & croît
bien plus vite que ceux auxquels on ne donne point de
fel ; c ’efl par la même raifon que quand les boeufs ou
les vaches font dégoûtés, on leur donne de 1 herbe
trempée dans du vinaigre ou fàupoudree d un peu de
fel ; on peut leur en donner auffi lorfqu ils fe portent
bien & que l’on veut exciter leur appétit pour les en-
graifTer en peu de temps; c ’eft ordinairement a 1 âge de
dix ans qu’on les met à l’engrais, f ilo n attend plus tard
on eft moins fur de réulfir & leur chair n eft pas fi
bonne; on peut les engraiffer en toutes fàifons, mais
l ’été eft celle qu’on préfère, parce que l’engrais fe fait
à moins de frais, & qu’en commençant au mois de mai
ou de juin, on eft prefque fur de les voir gras avant la
fin d’o&obre: dès qu’on voudra les engraiffer, on cef-
fera de les faire travailler, on les fera boire beaucoup
plus fouvent, on leur donnera des nourritures fucculentes
en abondance, quelquefois mêlées d’un peu de fel, &
on les laiffera ruminer à loifir & dormir à 1 etable pendant
les grandes chaleurs; en moins de quatre ou cinq
mois ils deviendront fi gras, qu’ils auront de la peine
à marcher, & qu’on ne pourra les conduire au loin
qu’à très - petites journées. Les vaches, & même les
taureaux biftournés, peuvent s’engraiffer auffi, mais la
chair de la Yache eft plus sèche, & celle du taureau
biftourné eft plus rouge & plus dure que la chair du
boeuf, & elle a toujours un goût defàgréable & fort.
Les taureaux, les vaches & les boeufs font fort fiijets
à fe lécher, fur-tout dans le temps qu’ils font en plein
repos; & comme l’on croit que cela les empêche d’en-
graiffer, on a foin de frotter de leur fiente tous les
endroits de leur corps auxquels ils peuvent atteindre;
lorfqu’on ne prend pas cette précaution, ils s’enlèvent
le poil avec la langue, qu’ils ont fort rude, & ils avalent
ce poil en grande quantité; comme cette fubftance ne
peut fe digérer, elle refte dans leur eftomac & y forme
des pelottes rondes qu’on a appelées égagropiles, & qui
font quelquefois d’une groffeur fi confidérable, qu’elles
doivent les incommoder par leur volume, & les-empêcher
de digérer par leur féjour dans- l ’eftomac : ces
pelottes. fe revêtent avec le temps d’une croûte brune
affez folide, qui n’eft cependant qu’un mucilage épaiffi,
mais qui par le frottement & la coétion devient, dur
& luifant * ; elles, ne fe trouvent jamais que dans la
panfe, & s’il entre du poil dans les autres eftomacs,
il n’y féjourne pas, non plus que dans les boyaux, il
paffe apparemment avec le marc des alimens.
Les. animaux qui ont des dents incifives, comme le
cheval & l’âne, aux deux mâchoires, broutent plus aifé-
ment l’herbe courte que ceux qui manquent de dents
* Voyez ci-après dans ce volume h deicription dé ia partie
du cabinet du Roi, qui a rapport à l’Hifloire Naturelle du
Taureau,
Nnn iii