lève en même temps que celle de derrière du même
côté; au lieu que dans le trot cette jambe de devant
du même côté demeure en repos & réMe à Timpul-
lion pendant tout le temps que fe meut celle de derrière.
Les connoiffeurs affurent que les chevaux qui
naturellement vont l’amble, ne trottent jamais & qu’ils
font beaucoup plus foibles que lès autres; en effet les
poulains prennent alfez fouVent cette allure, fur-tout
iorfqu’on les force à aller vite, & qu’ils ne font pas
encore alfez forts pour troter ou pour galoper; & l ’on
obferve aulfi que la plufpart des bons, chevaux, qui ont
été trop fatigués & qui commencent à s’ufer, prennent
eux-mêmes, cette allure lorfqu’on les. force à un mouvement
plus rapide que celui du pas (o ).
L ’amble peut donc être regardé comme une allure:
défeétueufe, puifqu’elle n’efl pas ordinaire & qu’elle
n’eft naturelle qu’à un petit nombre de chevaux; que
ces chevaux font prefque toujours plus foibles que Jes
autres; & que ceux qui paroilfent les plus forts font
ruinés en moins, de temps que ceux qui trottent &
galopent: mais il y a encore deux autres allures,.l’en-
trépas & l’aubin, que les chevaux foibles ou excédés
prennent d’eux-mêmes, qui font beaucoup plus défec-
tueufes que l ’amble; on a appelé ces,mauvaifes allures
des trains rompus, defunis ou compofés : l ’entrepas tient
du pas & de l ’amble, & l’aubin tient du trot & du
(0) Y. l’école de cavalerie de M. de la Guérinière. Paris, 1 7 7 1 ,.
k-folk, page 7 7 .,
galop, l’un & l’autre viennent des excès d’une longue
fatigue ou d’une grande foibleffe de reins ; les chevaux
de meffagerie qu’on furcharge, commencent à aller
l ’entrepas au lieu du trot à mefure qu’ils fe ruinent, &
les chevaux de polie ruinés, qu’on prelTe de galoper,
vont l’aubin au lieu du galop.
Le cheval elt de tous:les animaux celui qui, avec une
grande taille,.a le plus de proportion & d’élégance
dans les parties-de fon corps; car en lui comparant
les animaux qui font immédiatement au delfus & au
deffous, on verra que l’âne elt mal fait, que- le lion
a la tête trop greffe, que le boeuf a les- jambes trop
minces & trop courtes pour la groffeur de fon corps,
que le chameau elt difforme, & que les plus gros animaux.,
le rhinocéros & l ’éléphant, ne font, pour ainli
dire, que des maffes informes; Le-grand alongement
des mâchoires elt la principale caufe de la différence
entre la tête des quadrupèdes & celle de l ’homme, c ’elt
auffi le caraétère le plus ignoble de tous; cependant,
quoique les mâchoires du cheval foient fort alongées, il
n’a pas,, comme l’âne, un air d’imbécillité, ou dé ftupi-ï
dité comme le boeuf; la régularité des-proportions de fa
tête lui donne au contraire un air de légèreté- qui elt bien
foûtenu par la beauté delbn encolure. Le cheval femble
Vouloir fe mettre au deffus de fon état-de quadrupède
en élevant la tête; dans cette noble attitude il regarde
fhomme face à lace; fes yeux font vifs & bien ouverts,
les oreilles, font bien laites & d’une julle grandeur-, làns
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