mulets, des jumars, &c. & nous terminerons l’hiftoiré
de l’âne par celle de fés propriétés & des ufages auxquels
nous pouvons l’employer.
Comme les ânes lauvages font inconnus dans ces
climats, nous ne pouvons pas dire fi leur chair eft en
effet h onne à manger; mais ce qu’il y a de fur, c’eft
que celle des ânes domeftiques efl très - mauvaife, &
plus mauvaife, plus dure, plus defagréablement infipide
que celle du cheval ; Galien * dit même que c’eft un
aliment pernicieux & qui donne des maladies: le lait
d’âneffe au contraire eft un remède éprouvé & fpéci-
fiquepour certains maux, & l ’ufage de ce remède s’eft
confervé depuis les Grecs jufqu’à nous ; pour l’avoir
de bonne qualité, il faut choifir une âneffe jeune,
faine, bien en chair, qui ait mis bas depuis peu de
temps, & qui n’ait pas été couverte depuis; il faut lui
ôter l’ânon qu’elle alaite, la tenir propre, la bien
nourrir de foin, d’avoine, d’orge & d’herbes dont les
qualités fàlutaires puiffent influer fur la maladie, avoir
attention de ne pas laiffer refroidir le lait, & même ne
le pas expofer à l’air , ce qui le gâteroit en peu de temps.
Les anciens attribuoient aufti beaucoup de vertus
médicinales au fàng, à l’urine, &c. de l’âne, & beaucoup
d’autres qualités fpécifiques à la cervelle, au
coeur, au foie, &c. de cet animal; mais l’expérience a
détruit, ou du moins n’a pas confirmé ce qu’ils nous
en difent.
* Vide Galen, de aiment, facult. !ib. I I I..
Comme la peau de l’âne eft très-dure & très-élafti-
que, on l’emploie utilement à différens ufages, on en
fait des cribles, des tambours & de très-bons fouliers,
on en fait du gros parchemin pour les tablettes de
poche, que l’on enduit d’une couche légère de plâtre;
c ’eft auffi avec le cuir de l’âne que les Orientaux font
le fagri *, que nous appelons chagrin. Il y a apparence
que les os, comme la peau de cet animal, font auffi
plus durs que les os des autres animaux, puifque les
anciens en faifoient des flûtes, & qu’ils les trouvoient
plus fonnants que tous les autres os.
L ’âne eft peut-être de tous les animaux celui qui,
relativement à fon volume, peut porter les plus grands
poids; & comme il ne coûte prefque rien à nourrir,
& qu’il ne demande, pour ainfi dire, aucun foin, il eft
d’une grande utilité à la campagne, au moulin, &c. il
peut auffi fervir de monture, toutes fes alures font
douces, & il bronche moins que le cheval; on le met
fouvent à la charrue dans les pays où le terrein eft léger,
& fon fumier eft un excellent engrais pour les terres
fortes & humides.
* Voyez le voyage de Thévenot, tome I I , page 64.
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