jambes au lieu de refter tranquilles, font foupçonnés d’être
excédés ou ufés par le travail, comme ceux qui pofent une
des jambes de derrière for la pince, ou ceux qui avancent une
des jambes de devant &• qui demeurent dans cette attitude, ce
que l’on appelle vulgairement montrer Je chemin de S .‘ Jacques;
cependant ces fignes peuvent être équivoques, parce qu’ils font
familiers à certains chevaux qui font inquiets & pleins d’ardeur,
il y en a d’autres à qui ces mouvemens & ces mauvaifes attitudes
font naturelles ; d’ailleurs une iaflîtude momentanée peut
en être la caufe, & même faire tenir en l’air une jambe de
devant, car il arrive alfoz fouvent à ces animaux de fe repofer
for trois jambes; mais s’ils appuient une jambe de derrière for
la pince, tandis qu’une des jambes de devant eft en l’air, c’efl
une marque certaine qu’ils reffentent de la douleur dans les
jambes.
Voilà la plulpart des fignes par lefquels on peut reconnoître
les difformités & les défauts des chevaux, j’aurois pû en rapporter
un plus grand nombre, mais j’ai été arrêté par la crainte
de rendre ce détail trop long; je ne me le ferois pas même
permis, s’il n’étoit ici queftion d’un animal qu’il importe de
connoître, parce qu’on ne trouve que très-rarement des chevaux
qui n’aient point de mauvaifes qualités, & qu’il eft très-
difficile de ne fe pas iaiflèr tromper fur les défauts des autres.
Le choix de ces animaux demande beaucoup d attention, aufïï
les a-t-on examinés très-ferupuleufement, car je ne crois pas
qu’il y ait aucun autre animal for lequel on ait. fait autant d’ob-
fervations que furaie cheval : tout ce que je viens de dire des
différentes parties de fon corps n’eft que pour faire connoître
par leur extérieur ce que l’on doit en attendre lorfqu’elles font
en mouvement, c’eft dans cet état que le cheval tourne toutes
fes forces à notre, avantage, qu’il nous obéit avec autant de
docilité que de confiance, & qu’il nous fort avec autant de
fineftè d’inftinét que de courage: c’eft alors que l’on peut le
juger avec le plus de certitude, puifqu’il eft dans l’exercice
actuel de fes bonnes ou de fes mauvaifes qualités.
M. de Buffon, dans fon hiftoire du cheval,-a décrit ce bel
animai dans l’état de repos & dans l’état de mouvement, & en
expofànt fes différentes allures, il a fait mention des défauts
qui peuvent les vicier. M. de Buffon a confidéré tous les chevaux
en général, & a diftingué les principales races de ces
animaux ; il ne refte donc plus qu’à détailler les différentes fortes
de chevaux que nous employons à divers ulâges, & qu’à décrire
le cheval comme individu, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur,
pour le comparer aux autres animaux, & diftinguer fon efpèce
relativement à toute autre.
Le mélange des différentes races de chevaux produit dans
nos haras des poulains qui different, pour ainfi dire, tous pour
la taille, les proportions du corps & les qualités dü tempérament
& de i’inftinct, &c. c’eft dans cette grande variété que l’on
choifit pour chaque ulige les chevaux qui paroiflènt y être le
plus convenables; ainfi on emploie différens chevaux pour les
voyages, pour la guerre, pour le tirage, pour le bât, &c.
Les chevaux que l’on deftine à fervir de monture dans les
voyages, & que l’on appelle chevaux de maître, doivent être
dans la force de leur âge 8c de bonne taille pour réfifter à la
fatigue, il faut qu’ils aient la jambe foré, le pied bien fait, la
corne bonne, la bouche légère & les mouvemens doux : on
recherche ceux qui n’ont pas trop d’ardeur, mais qui font tranquilles
fans être pareffeux; pourvû qu’ils aient un grand pas, on
n exige pas d’autres allures pour les voyages : on rejette les