exadement, feroit la production la plus parfaite de cette
efpèce : or ils fe compenfent d’autant mieux, qu’on
met enfemble des animaux de pays plus éloignés, ou
pluftôt de climats plus oppofés ; le compofé qui en
réfulte eil d’autant plus parfait, que les excès ou les
défauts de l'habitude du père font plus oppofés aux défauts
ou aux excès de l’habitude de la mère.
Dans le climat tempéré de la France il faut donc,
pour avoir de beaux chevaux, faire venir des étalons
de climats plus chauds ou plus froids : les chevaux
Arabes, fi l’on en peut avoir, & les Barbes doivent
être préférés, & enfuite les chevaux d’Efpagne & du
royaume de Naples ; & pour les climats froids ceux de
Danemark, & enfuite ceux du Holftein & de Frife :
tous ces chevaux produiront en France, avec les jumens
du pays , de très - bons chevaux, qui feront d’autant
meilleurs & d’autant plus beaux , que la température du
climat fera plus éloignée de celle du climat de la
France, en forte que les Arabes feront mieux que les
Barbes, les Barbes mieux que ceux d’Elpagne, & de
même les chevaux tirés de Danemarck produiront de
plus beaux chevaux que ceux de Frife. Au défaut de
ces chevaux de climats beaucoup plus froids ou plus
chauds^ il faudra faire venir des étalons Anglois ou
Allemands, ou même des provinces méridionales de
la France dans les provinces feptentrionales : on gagnera
toujours à donner aux jumens des chevaux étrangers,
& au contraire on perdra beaucoup à laiffer multiplier
enfemble dans un haras des chevaux de même race, car
ils dégénèrent infailliblement & en très-peu de temps.
Dans l ’efpèce humaine, le climat & la nourriture
n’ont pas d’aufli grandes influences que dans les anr1
maux, & la raifon en eft alfez Ample; l’homme fe
défend, mieux que l’animal, de l’intempérie du climat,
il fe loge, il fe vêtit convenablement aux faifons, là
nourriture eft auffi beaucoup plus variée, & par confé-
quent elle n’influe pas de la même façon fur tous les
individus ; les défauts ou les excès qui viennent de ces
deux caufes, & qui font fi conftans & fi fenfibles dans
les animaux, lelont beaucoup moins dans les hommes;
d ailleurs, comme il y a eu de fréquentes migrations
de peuples, que les nations fe font mêlées, & que
beaucoup d’hommes voyagent & fe répandent de tous
côtés, il n’eft pas étonnant que les races humaines
paroiflent être moins fujettes au climat, & qu’il fe
trouve des hommes forts, bien faits, & même fpirituels
dans tous les pays. Cependant on peut croire que par
une expérience dont on a perdu toute mémoire, les
hommes ont autrefois connu le mal qui réfultoit des
alliances du même fang, puifque chez les nations les
moins policées, il a rarement été permis au frère d’é-
poufer fa foeur : cet ufage, qui eft pour nous de droit
divin, & qu’on ne rapporte chez les autres peuples
qu’à des vues politiques , a peut-être été fondé fur
1 obfervation ; la politique ne s’étend pas d’une manière
fi générale & fi abfolue, à moins qu’elle ne tienne au
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