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prunelle; lorfque la vitre eft trouble & couverte, c’eft une
marque que le cheval eft fujet à avoir des fluxions; fl cette
maladie a altéré l’oeil à un certain point, il eft plus petit que
l’autre, ce qui prouve qu’il fe defsèche, par conféquent il eft
entièrement gâté. Un oeil peut être bon quoiqu’il paroiffe plus
petit que l’autre, parce que 'la paupière aura été rétrécie par
quelque accident, mais dans ce cas il n’eft ni trouble, ni. brun.,
Il y a suffi des maladies paflûgères qui rendent la vue trouble
pour un temps, c’eft fa gourme, l’éruption des dents de lait
& des crochets de la mâchoire fitpérieure: fi on voit au fond
de l’oeil une petite tache blanche, c’eft ce qu’on appelle le
dragon, elle s’étend avec le- temps & occupe la prunelle; de
forte que le cheval devient borgne fans qu’il y ait de remède;;
cette tache peut auffi être roufiè ou noire , elle a quelquefois
la figure d’un petit ver ou d’un petit ferpent tortueux, d’où
vient le nom de dragon. Lorfque la prunelle-paroit d’un blanc
verdâtre, c’eft un oeil cul de verre ; ce défaut ne- rend pas
toujours le cheval borgne, mais il y a beaucoup à craindre
qu’il ne le devienne; fi on voit dans la prunelle plus de blanc
que de verdâtre, on dit alors que fe cheval a l’oeil veron..
■ Lorfque les deux os de 1a mâchoire inferieure font trop gros,,
trop ronds ou trop chargés de chair,, on dit que la ganache:
eft quarrée, c’eft une difformité; mais fi ces deux os font trop
près l’un de l’autre, & fi le canal qu’ils forment n’eft pas aflêz.
iarge & aflëz évidé, c’eft un défaut, parce que le cheval ne.
pouvant pas faire toucher les parois de ce canal contre fon gofier,
ce que l’on appelle je ramener, cet obftaele. empêche qu’il ne
porte bien fa tête, à moins que l’encolure ne foit mince à proportion
du refferrement'du canal; fi on y font quelque tumeur,
c’eft un figne de maladie.
D U C H E V A L. 283
Quand la bouche du cheval eft trop grande ou trop petite,
c’eft un inconvénient pour la poûtion du mors ; dans le premier
cas il approche des dents niâcbelières, on. dit: alors que le cheval
boit la bride ; dans l’autre cas le mors fait froncer les lèvres
ou porte fur les crochets. Si les lèvres font trop groflès &
'trop charnues, elles couvrent les barres & empêchent l’effet du
mors, c’eft ce qu’011 appelle s’armer des lèvres. Le palais eft
trop fenfible au mors lorlque fes filions font trop gras & trop
épais; mais il faut remarquer qu’en général les vieux chevaux
ont le palais & les gencives moins charnus que les jeunes: les
barres doivent être élevées & former un canal qui foit fuffifant
pour loger la langue fans quelle déborde, & décharnées au point
d’être fenfibles au mors; lorfqu’eîles font trop tranchantes,
c’eft un défaut, parce que le cheval a trop de fènfibilité, & il
i’eft trop peu fi les barres font baffes, rondes & charnues. La
langue doit être proportionnée à la capacité du canal dans lequel
elle eft placée; fi elle en fort, ou fi elle eft épaiffe au point
de s’élever au dellùs des barres, c’eft un défaut qui s’oppofe à
l’impreffion du mors.
La barbe eft une partie qui contribue auffi beaucoup à la
bonté de la bouche; fi les deux os qui la compofent font trop
éloignés l’un de l’autre & trop peu faillans, elle eft trop plate
& trop peu fenfible, parce que la gourmette n’appuie que fur
les cotés; lorfque les deux os font trop près l’un de l’autre &
trop faillans, la barbe eft au contraire trop relevée & trop fenfible,
parce que la gourmette n’appuie que dans le milieu; enfin
fi la barbe a trop de poil, on fi elle eft trop charnue, s’il y a
des durettes ou des cafus, ce font des défauts qui marquent
que le cheval n’eft pas allés fenfible, ou qui! a été mal foigné
ou mal conduit.
N fl ij