& le fuffent-ils, ils feraient, dans ces premiers milans,
inutiles à la détermination du mouvement. L ’oeil, qui
efl un fens plus relatif à la connoiffance qu’à l’appétit ;
efl ouvert dans l’homme au moment de là naiffancef
& demeure dans la plufpart des animaux fermé pour
plufieurs jours. Les fens de l ’appétit, au contraire, font
bien plus parfaits & bien plus développés dans l ’animai
que dans l’enfant : autre preuve que dans l’homme les
organes de l ’appétit font moins parfaits que ceux de la
connoiffance, & que dans l ’animal ceux de la connoif-
iànce le font moins que ceux de l’appétit.
Les fens relatifs à l’appétit font donc plus développés
dans l’animal qui vient de naître, que dans l’enfànt nouveau
né. Il en efl de meme du. mouvement progreffif
& de tous les. autres mouvemens extérieurs : l’enfant
peut à peine mouvoir fes membres, il fe paffera beaucoup
de temps avant qu?il ait la force de changer dé'
lieu ; ie jeune animal au contraire acquiert en très-peu
de temps toutes ces facultés : comme elles ne font
dans J’animai que relatives; à l’appétit, que cet appétit
efl véhément & promptement développé,, & qu’il efl
le principe unique de la détermination de tous les mom
vemens ; que dans l’homme au contraire l’appétit efl
foible, ne fe développe que plus tard, & ne doit pas
influer autant que là connoiffance, for la détermination
des mouvemens; l’homme efl à cet égard plus tardif
que l’animal..
T oui concourt donc à prouyer, même dans le phyfique;
SUR LA NATURE DES ANIMAUX. 37
que l’animal n’efl remué que par l ’appétit,; & que
l ’homme efl conduit par un principe fupérieur: s’il y a
toujours eu du doute fur ce fujet, c’efl que nous ne
concevons pas bien comment l’appétit foui peut produire
dans l’animal des effets fi femblables à ceux que
produit chez nous la connoiffance; & que d’ailleurs nous
ne diftfnguons pas aifément ce que nous fàifons en vertu-
de la connoiffance,.de ce que nous-ne faifons que par
la force de l’appétit. Cependant il me femble qu’il n’efl
pas impoffible de faire difparoître cette incertitude, &
même d’arriver à la conviélion, en employant le principe
que nous avons établi. Le fens intérieur matériel, avons-
nous dit, conferve long-temps les ébranlemens qu’il a-
reçus; ce fens exifle dans l’animal, & le cerveau en efl
l ’organe, ce fens reçoit toutes les impreffions que chacun
des fens extérieurs lui tranfmet: lorfqu’une caufe.
extérieure, un objet, de quelque nature qu’il foit, exerce
donc fon aélion for les- fens extérieurs, cette action,
produit un ébranlement durable dans le fens-intérieur,,
cet ébranlement communique du mouvement à l’animal;,
ce mouvement fora déterminé, fl l’impreffion vient des.
fons de l’appétit, car l ’animal avancera pour atteindre,,
ou fe détournera pour éviter l’objet de cette impreffion,
félon qu’il en aura été flatté ou bleffé ;, ce mouvement
peut auffi être incertain, lorfqu’il fera produit par les fens
qui ne font pas relatifs à l ’appétit, comme l’oeil &.
i’oreille. L ’animal qui voit ou qui entend pour la première
fois.,, efl à la vérité ébranlé par la lumière ou parc
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