& les définitions qu’elles renferment, ne font que des
efquiffes très-imparfaites du tableau de la Nature, qui
ne peut être exprimé que par des defcriptions complètes.
La defcription d’une chofe renferme fa définition
& lève toutes les difficultés qui pourroient naître de
l ’incertitude du nom, par conféquent une bonne méthode
de defcription, non feulement équivaut aux meilleures
méthodes de nomenclature, mais meme les
renferme toutes, tant pour les définitions que pour les
noms ; & la méthode de defcription ne peut pas être
arbitraire ni fujette aux erreurs des conventions des.
hommes, parce que les defcriptions préfentent leur fujet
en entier, & tel que la Nature le produit.
En Hiftoire Naturelle les defcriptions ne peuvent
être vraies qu’autant qu’elles font complètes ; car fi on
ne décrit, qu’une ou plufieurs parties de chaque objet,
fàris comprendre la totalité du fujet, on ne prefente
qu’un tableaudéfeélueux ou chimérique: en effet, quelle
idée peut-on prendre d’un animal dont on n’offre que
les dents, les mamelles ou les doigts! qu efï-ce que
nous repréfente un compofé fi abfurdeî c’eft, tout an
plus, une énigme dont les Naturalifles ont le mot, & que
les autres ne peuvent pas deviner. Prenons un exemple
pour le faire mieux fentir, & demandons: Quels font
les animaux qui different de bien d autres pour les dents,
qui en ont Jîx inciffves en chaque mâchoire, recourbées dans
celle du dejffis Èr dirigées en avant dans celle du deffous,
qui ont les dents canines fort courtes & éloignées des
autres, & qui n’ont qu’une corne au pied ix deux mamelles
inguinales (a) ! un Naturalifle répondra à l ’inflan t, votre
expoféefl trop long des trois quarts, Ariflote l’a dit en
un mot: ce font les folipèdes, c ’efl-à-dire, les chevaux,
les ânes, les mulets & les zèbres. Mais que penferont
les gens qui veulent s’inflruire ! que feront-ils de ces
dents, de cette corne, de ces mamelles, qui font les
feules chofes qu’on leur préfente! ils n’iront pas ouvrir
la bouche de tous les animaux pour compter les dents,
d’ailleurs elles leur feroient méconnoître les femelles,
qui n’en ont pas autant que les mâles, au moins dans la
plufpart des animaux dont il s’agit ici; chercheront-ils
les mamelles! on n’en voit point dans le plus grand
nombre dés mâles, & s’il y en a, elles ne font pas
placées dans l’endroit indiqué (b) ; il ne leur relie donc
que la troifième condition de l ’énigme, fàvoir, quels
font les animaux qui n’ont qu’une corne à chaque pied!
ce caractère efl le feul des trois qui foit effentiel &
confiant. Mais en croira-t-on le méthodifle fur fa parole,
après avoir été trompé fur les dents & fur les mamelles!
faudra-t-il donc voir tous les animaux de l’Univers
pour s'affilier qu’il n’y a que les chevaux, les ânes, les
mulets & les zèbres qui n’aient qu’une feule: corne
au pied! Pourfuivons, & examinons les moyens que les.
méthodifles nous donnent pour diflinguer les animaux
(a) Limai Syjf. Nat. 17 4 8 , pag. 11..
(b) Voyez la defcription du Cheval.
P iif