excellence, car il rend à la terre tout autant qu’il en
tire, & même il améliore le fonds fur lequel il vit, il
engraifTe fon pâturage , au lieu que le cheval & la
plupart des autres animaux amaigriffent en peu d’années
les meilleures prairies.
Mais ce ne font pas là les feuls avantages que le
bétail procure à l’homme; fans le boeuf les pauvres &
les riches auraient beaucoup de peine à vivre, la terre
demeurerait incülte , les champs & même les jardins
feraient fecs & llériles; c’elt fur lui que roulent tous
les travaux de la campagne, il ell le domeltique le plus
utile de la ferme, le foûtien du ménage champêtre, il
fait toute la force de l’agriculture ; autrefois il faifoit
toute la richeffe des hommes , & aujourd’hui il ell
encore la bafe de l’opulence des E'tats, qui ne peuvent
fe foûtenir & fleurir que par la culture des terres &
par l’abondance du bétail, puifque ce font les feuls
biens réels, tous les autres, & même l’or & l’argent,
n’étant que des biens arbitraires, des repréfentations,
des monnoies de crédit, qui n’ont de valeur qu’autant
que le produit de la terre leur en donne.
Le boeuf ne convient pas autant que le cheval,
l’âne, le chameau, &c, pour porter des fardeaux, la
forme de fon dos & de fes reins le démontre ; mais
la groffeur de fon cou & la largeur de fes épaules indiquent
affez qu’il ell propre à tirer & à porter le joug,
cVll auffi dé cette manière qu’il tire le plus avantageu-
femérit, & il ell fmgulier que cet ufage ne foit pas
. D U B <E U F. 4,4.7
général, & que dans des provinces entières on l’oblige
à tirer par les cornes ; la feule raifon qu’on ait pu m’en
donner, c ’elt que quand il ell attelé par les cornes
on le conduit plus aifément; il a la tête très-forte, &
il ne lailfe pas de tirer alfez bien de cette façon, mais
avec beaucoup moins davantage que quand il tire par
les épaules ; il femble avoir été fait exprès pour la
charrue, la malfe de fon corps, la lenteur de fes mou-
vemens, le peu de hauteur de fes jambes, tout, jufqu’à
là tranquillité & à fa patience dans le travail > femble
concourir à le rendre propre à la culture des champs ,
& plus capable qu’aucun autre de vaincre la réfillance
confiante & toujours nouvelle que la terre oppofe à
fes efforts; le cheval, quoique peut-être auffi fort que
le boeuf, ell moins propre à cet ouvrage, il ctt trop
élevé fur fes jambes, fes mouvemens font trop grands,
trop brufques, & d’ailleurs il s’impatiente & fe rebute
trop aifément ; on lui ôte même toute la légèreté,
toute la fouplelfe de fes mouvemens, toute la grâce de
fon attitude & de fa démarche , lorfqu’on lé réduit à ce
travail pelant, pour lequel il faut plus dé confiance que
d’ardeur, plus de malfe que de vîtelfe, & plus de poids
que de raiforts.
Dans lés efpècés d’animaiix' dont l’homme a fait
des troupeaux & où la multiplication ell l’objet principal
, la femelle ell plus nécelîaire, plus utile que le
mâle ; le produit de la vache ell un bien qui croît &
qui fe renouvelle à chaque inllant ;. la chair du yeau.