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D E S C R I P T I O N
D E L ’ A S N E.
ON diftingue aifément au premier coup d’oeH lane du cheval,
on ne confond jamais ces animaux, quand même on en
verroit deux qui feraient précifément de la même taille & de la
même couleur; cependant, iorfque l’on confidère en détail les
différentes parties extérieures du corps de l’âne, & qu’on les
compare à celles du cheval, on trouve, dans la plufpart de ces
parties, tant de rapports & une relfemblance fi parfaite, qu’on
eft furpris que leur enfemble paroiffe fenfiblement différent de
l’enlèmble des parties du cheval: & de même fi on vient à
ouvrir le corps de l’âne, à développer fes entrailles & à dépouiller
Ion Iquelette, on croit reconnoître toutes les parties intérieures du
cheval; fi on ne regarde cju’au dedans de ces deux animaux, plus
on les obferve, plus on les compare l’un à fautre, plus, on eft
tenté de les prendre pour des individus de la même elpèce, &
même les différences que l’on trouve entre quelques-unes des
parties de l’extérieur ne prouveraient rien de contraire, car les
caractères Ipécifiques que l’on attribue communément à l’âne, &
qui confiftent en ce qu’il eft plus petit, qu’il a les oreilles & fa
queue plus longues, & la crinière plus courte que le cheval,
& en ce que là queue n’eft garnie de crins qu’à l’extrémité, ne
font pas des caractères elfentiels, puilque nous trouvons toutes
ces différences portées à un plus haut point dans différentes
races d’autres animaux.
Il n’y a pas tant d’inégalité entre la taille des plus grands
chevaux & celle des plus petits ânes, qu’entre la taille d’un
dogue & celle d’un petit danois ; les oreilles du chien-loup font
plus courtes, en comparaifon de celles du chien-baffet, que les
oreilles du cheval ne le font en comparaifon de celles de
fane; de plus les oreilles du chien-loup font droites, & celles
du baffet font pendantes, différence qui ne fe trouve pas entre
le cheval & l’âne: le chien-lion & l’épagneul ont les poils du
cou û longs, & le levrier & le danois les ont fi courts, que
cette inégalité furpaflè de beaucoup celle qui le trouve entre la
crinière de l’âne & celle du cheval ; n y a-t-il pas aufli plus de
différence dans la queue des chiens qu il ne s en trouve entre
celle du cheval & celle de lane, en confidérant cette partie
dans les chiens relativement à fa direction & à là courbure,
& par rapport aux poils dont elle eft. garnie? enfin l’âne ne
reffemble-t-il pas plus au cheval, pour 1 extérieur, que le chien-
turc ne reffemble au barbet, ou le baffet au levrier?
L’âne s’accouple avec la jument,. & le cheval avec ianellè; il
y , a tant de rapports entre les parties de la génération de ces
animaux, qu’il n’eft pas étonnant que leurs accouplemens foient
prolifiques, mais c’eft dans le produit que fe trouve une différence
eflêntielle: les mulets lie reflemblent parfaitement ni aux
chevaux ni aux ânes, puifqu’iis ne peuvent pas fe reproduire
comme les chiens qui viennent du mélange de différentes races,
de quelque façon qu’on, les combine, & lors même quon rapproche
les extrêmes en failànt accoupler les plus grands avec les
plus petits; il y a par conféquent une analogie plus parfaite entre
les chiens les plus différens en apparence, qu entre lane & le
cheval, même les mieux affortis pour la taille & pour toutes les
parties du corps, quand même on trouverait un cheval qui aurait,
comme l’âne, les oreilles fort longues, la crinière fort courte, &
une partie du tronçon de la queue naturellement dégarnie de crin&.
E e è iij.