beaucoup dans les deferts de Lybie & de a Numidie,
ils font gris & courent fi vite, qu’il n’y a que les chevaux
barbes qui puiffent les atteindre à la courfe ; lorf-
qu’ils voient un homme, ils jettent un cri, font une
ruade, s’arrêtent, & ne fuient que lorfqu’on les approche;
on les prend dans des pièges & dans des lacs de
corde, ils vont par troupes pâturer & boire, on en
mange la chair. Il y avoit auffi du temps de Marmol,
que je viens de citer, des ânes fauvages dans l’ifïe de
Sardaigne, mais plus petits que ceux d’Afrique ; &
Pietro délia Valle dit1 avoir vu un âne fâuvage à Baf-
fora ; fa figure n’étoit point différente de celle des
ânes domefliques, il étoit feulement d’une couleur plus
claire, & il avoit, depuis la tête jufqu’à la queue, une
raie de poil blond, if étoit aufîi beaucoup plus vif
& plus léger à la courfe que les ânes ordinaires.
Oleariusc rapporte qu’un jour le roi de Perfe le fit
monter avec lui dans un petit bâtiment en forme de
théâtre, pour faire collation de fruits & de confitures;
qu’après le répas on fit entrer trente-deux ânes fauvages
fur lefquels le Roi tira quelques coups de fufil & de
flèche, & qu’il permit enfuite aux AmbafTadeurs &
autres Seigneurs de tirer; que ce n’étoit pas un petit
divertiffement de voir ces ânes, chargés qu’ils étoient
* Vide Leonis afric. de Afric. defcript. tome I I ; page 52; &
l’Afrique de Mnrmol, tome I , page y f .
b Voy. les voyages de Pietro délia Valle, tome V III, page 4.p .
- - A p ja le voyage d ’Adam Olearius. Paris, 1 6 p 6, t. I, p. j r 1 ,
quelquefois
quelquefois de plus de dix flèches, dont ils incommo-
doient & blefloient les autres quand ils fe mêloient
avec eux, de forte qu’ils fe mettoient à fe mordre Sc
à ruer les uns contre les autres d’une étrange façon,
& que quand on les eut tous abattus & couchés de
rang devant le R o i, on les envoya à Ifpahan à la
cuiline de la Cour; les Perfàns fàifant un fi grand état
de la chair de ces ânes fauvages, qu’ils en ont fait un
proverbe, &c. Mais il n’y a pas apparence que ces
trente-deux ânes fauvages fuffent tous pris dans les
forêts, & c’étoient probablement des ânes qu’on éle-
voit dans de grands parcs pour avoir le plaifir de les
chaffer & de les manger.
On n’a point trouvé d’ânes en Amérique, non plus
que de chevaux, quoique le climat, fur-tout celui de
l’Amérique méridionale, leur convienne autant qu’aucun'autre;
ceux que les Efpagnols y ont tranfoortés
d’Europe, & qu’ils ont abandonnés dans les grandes
ilïes & dans le continent, y ont beaucoup multiplié,
& l’on y trouve * en plulieurs endroits des ânes fàuvagés
qui vont par troupes, & que l’on prend dans des pièges
comme les chevaux fauvaOg es. *
L ’âne avec la jument produit les grands mulets, le
cheval avec l’âneffe produit les petits mulets, diffërens
des premiers à plufieurs égards ; mais nous nous réfer-
vons de traiter en particulier de la génération des
* Voyez le nouveau voyage aux ilïes de l’Amérique. Paris, 1 y 22
tome I I , page apj .
Tome IV ' E e e