Mofcovie, Dapper de l’ifïe de Chypre, où il y avoit,
dit-il ( b), des chevaux fauvages qui étoient beaux 6c
qui avoient de la force 6c de la vîteffe, Struys (c) de
1 ilîe de May au cap vert, où il y avoit des chevaux fauvages
fort petits; Leon l’Africain (d ) rapporte auffi
qu’il y avoit des chevaux fauvages dans les deferts de
l ’Afrique 6c de l’Arabie, & il affure qu’il a vu lui-même
dans les folitudes de Numidie, un poulain dont le poil
etoit blanc 6c la crinière crépue. Marmol (e) confirme
ce fait, en difant qu’il y en a quelques-uns dans les
deferts de l’Arabie 6c de laLybie, qu’ils font petits,6c
de couleur cendrée, qu’il y en a auffi de blancs, qu’ils
ont la crinière 6c les crins fort coiiytj &. hériffés, &
que les chiens ni les chevaux domeftiques ne peuvent
les atteindre à la courfe; on trouve auffi dans les Lettres
édifiantes( f ) qu a la Chine il y a des chevaux fauvages
fort petits.
Comme tontes les parties de l’Europe font aujourd’hui
peuplées 6c prefque également habitées, on n’y
trouve plus de chevaux fauvages, 6c ceux que l’on voit
en Amérique font des chevaux domeftiques 6c Européens
d’origine, que les Efpagnols y ont tranfportés,
6c qui fe font multipliés dans les vaftes deferts de ces
(b) Voyez la defcription des ifles de l’ArchipA, page y 0.
/cj V. les voyages de Jean Struys. Rouen, 1 y 1 p , tome I, page 1 1 ,
(d) De Africoe defmptione, part. I l, vol. II, p. 750 & 751.
(e) V . l’Afrique de Marmol. Paris, 1 66p, tome I, page y 0,
(f) V. les Lettres édifiantes, recueil X X r 1, page 371.
contrées inhabitées ou dépeuplées; car cette efpèce
d’animaux manquoit au nouveau monde. L ’étonnement
& la frayeur que marquèrent les habitans du Mexique
6c du Pérou à l ’afped des chevaux & des cavaliers,
firent affez voir aux Efpagnols que ces animaux étoient
abfoJument inconnus dans ces climats; ils en tranfpor-
tèrent donc un grand nombre, tant pour leur fervice 6c
leur utilité particulière, que pour en propager l’efpèce,
ils en lâchèrent dans plufieurs ifles, 6c même dans le
continent, ou ils fe font multipliés comme les autres
animaux fauvages. M. de la Salle (g ) en a vît en 168;
dans l’Amérique feptentrionale, près de la baie S.' Louis,
ces chevaux paiftoient dans les prairies, 6c ils étoient fi
farouches, qu’on ne pouvoit les approcher. L ’auteur (h)
de i’hiftoire des aventuriers flibuftiers dit « qu’on voit
quelquefois dans l’ifie S.' Domingue des troupes de plus
de cinq cens chevaux qui courent tous enfemble, 6c
que lorfqu ils aperçoivent un homme ils s’arrêtent tous;
que l’un d’eux s’approche à une certaine diftance, fouffle
des nafeaux , prend la fuite, & que tous les autres le
Lavent » ; il ajoute qu’il ne fait fi ces chevaux ont
dégénéré en devenant fauvages, mais qu’il ne les a pas
trouve auffi beaux que ceux d’Elpagne, quoiqu’ils
fiaient de cette race;-« ils ont, dit-il, la tête fort.groffe
(g) V. tes dernières découvertes dans l’Ai-kérique feptentrionale de
M. de In Salle, mifes au jour par M. le chevalier Tond. Paris,
1 69 7 , page zpo.
I’hiftoirè des aventuriers flibuftiers, par Oexmelin. Paris,
■ i-(/ 8 6,, tome-i; page-1 1 0 1 1 1 ,