a befoin; mais il croît & fe fortifie affez dans ces cinq
ou fix jours , pour qu’on foit dès-lors obligé de l’en
féparer fi l’on veut la ménager, car il l’épuiferoit s’il
étoit toujours auprès d’elle ; il fuffira de le laiffer teter
deux ou trois fois par jour, & fi l’on veut lui faire une
bonne chair & l’engraiffer promptement, on lui donnera
tous les jours des oeufs cruds, du lait bouilli, de la
mie de pain; au bout de quatre ou cinq femaines ce
veau fera excellent à manger : on pourra donc ne laiffer
teter que trente ou quarante jours les veaux qu'on
voudra livrer au boucher, mais il faudra laiffer au lait
pendant deux mois au moins ceux qu’on voudra nourrir,
plus on les laiffera teter, plus ils deviendront gros &
forts ; on préférera pour les élever ceux qui feront nés
aux mois d’avril, mai & juin , les veaux qui naiffent plus
tard ne peuvent acquérir affez de force pour réfifter
aux injures de l’hiver fuivant, ils languiffent par le froid,
& périffent prefque tous. A deux, trois ou quatre mois
on féyrera donc les veaux qu’on veut nourrir, & avant
de leur ôter le lait abfolument, on leur donnera un
peu de bonne herbe ou de foin fin, pour qu’ils commencent
à s’accoutumer à cette nouvelle nourriture,
après quoi on les féparera tout à fait de leur mère, &
on ne les en laiffera point approcher ni à l’étable ni au
pâturage, où cependant on les mènera tous les jours,
& où on les laiffera du matin au loir pendant l’été;
mais dès que le froid commencera à fe faire fentir en
automne , il ne faudra les laiffer fortir que tard dans 13
matinée, & les ramener de bonne heure le foir; &
pendant l’hiver, comme le grand froid leur efl extrêmement
contraire, on les tiendra chaudement dans une
étable bien fermée & bien garnie de litière; on leur
donnera, avec l’herbe ordinaire, du fainfoin, de la
luzerne, &c. & on ne les laiffera fortir que par les
temps doux; il leur faut beaucoup de foins pour paffer
ce premier hiver, c’efl le temps le plus dangereux
de leur vie, car ils fe fortifieront affez pendant l’été
fuiVant, pour ne plus craindre le froid du fécond
hiver.
La vache efl à dix-huit mois- en pleine puberté, &
le taureau à deux ans ; mais quoiqu’ils puiffcnt déjà
engendrer à cet âge, on fera bien d’attendre jufqu’à
trois ans avant de leur permettre de s’accoupler; ces
animaux font dans- leur grande force depuis trois ans-
jufqu’à neuf, après- cela les vaches & les taureaux ne
font plus propres qu’à être engraiffés & livrés au boucher
: comme ils prennent en deux ans la plus grande
partie de leur accroiffement, la durée de leur vie efl
auffi, comme dans la plupart des autres efpèces d’animaux,
à peu près de fept fois deux ans, & communément
ils ne vivent guère que quatorze ou quinze ans.
Dans tous les animaux quadrupèdes la voix du mâle
efl plus forte & plus grave que celle de la femelle, &
je ne crois pas qu’il y ait d’exception à cette règle;
quoique les Anciens aient écrit que la vache, le Boeuf
& même le veau ayoient la voix plus grave que le