même de fort petits ( i) , qui n’en font pas moins,
bons ni moins forts, mais il s’en trouve aulfi beaucoup
de bonne taille, & plus grands que les chevaux de felle
Anglois (k). Ils ont tous la tête légère, l ’encolure fine,
le poitrail étroit, les oreilles bien faites & bien placées,,
les jambes menues, la croupe belle & la corne dure;
ils font dociles, vifs, légers, hardis, courageux & capables
de fupporter une grande fatigue ; ils courent d’une
très-grande vîtelfe, fans jamais s’abattre ni s’affaiffer; ils
font robulles & très-aifés à nourrir, on ne leur donne
que de l’orge mêlée avec de la paille hachée menu,
dans un fac qu’on leur pafife à la tête, & on ne les met
au verd que pendant.fix femaines au printemps; on leur
lailfe la queue longue, on ne lait ce que c ’efl que de
les faire hongres ; on leur donne des couvertures pour
les défendre des injures de l’air, on les foigne avec une
attention particulière, on les conduit avec un fimpfe
bridon & fans éperon, & on en tranfporte une très-
grande quantité en Turquie, & fur-tout aux Indes : ces
voyageurs, qui font tous.l’éloge des chevaux de Perfe,
s’accordent cependant à dire que les chevaux Arabes.,
font encore fupérieurs pour l’agilité', le courage & la
force, & même la beauté, & qu’ils font beaucoup plus
recherchés, en Perfe même, que les plus beaux chevaux
du pays.
Les chevaux qui naiflent aux Indes ne font pas,
■ ( l) Voyez les voyages de Thévenot; tome, II, page 220,
( k j Yoy. les voyages de Chardin, tome I I, page 2 5 frfuivantesi
bons ( l ) , ceux dont fe fervent les Grands du pays y
font tranfportés de Perfe & d’Arabie; on leur donne
un peu de foin le jour, & le foir on leur fait cuire des
pois avec du fucre & du beurre au lieu d’avoine ou d’orge;
cette nourriture les foûtient & leur donne un peu de
force, fans cela ils dépériraient en très-peu de temps,
le climat leur étant contraire. Les chevaux naturels du
pays font en général fort petits, il y en a même de fi
petits, que Tavernier rapporte que le jeune prince du
Mogol, âgé de fept ou huit ans, montoit ordinairement
un petit cheval très-bien fait, dont la taille n’excédoit
pas celle d’un grand lévrier (m ) . Il femble que les climats
exceflivement chauds foient contraires aux chevaux
: ceux de la côte d’Or, de celle de Juida, de
Guinée, &c. font, comme ceux des Indes, fort mauvais;
ils portent la tête & le col fort bas, leur marche
eft fi chancelante, qu’on les croit toujours prêts à
tomber; ils ne fe remueraient pas fi on ne les frappoit
continuellement, & la plufpart font fi bas, que les pieds
de ceux qui les montent touchent prefque à terre ( n ) ;
ils font de plus fort indociles, & propres feulement à
fervir de nourriture aux Nègres, qui en aiment la chair
autant que celle des chiens^; ce goût pour la chair
(!) Voyez le voyage de la BouIlaye-ie-Gouz. Paris, i 6p y, page:
2) 6; & le recueil des voyages qui-ont fervi à l’établiflèment de la.
Compagnie des Indes. Amjl. 1702, tome IV, page 424.
(m) Voy. les voyages de Tavernier, tome III, page 334.
• (n) Voy. hift. générale des voyages, tome IV, page 228.
(p) Idem, tome IV , page 333.
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