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groffière, tandis que les différences que nous avons obfervéès
dans ces mêmes parties fur ie cheval, lui donnent un air de
fineflè; la tête de l’âne groflè 8c pelante, lès oreilles longues 8c
vacillantes, Ion encolure large & épailîè, Ion poitrail effacé,
Ion dos arqué.8c, pour ainfi dire, tranchant, fes hanches plus
élevées que le garrot, là croupe aplatie, là queue nue & les
jambes de derrière crochues, rendent Ion port ignoble.
Ces défauts influent for là démarche Sc for toutes les alures,
principalement lorfqu’on les compare à celles du cheval; cependant,
làns cet objet de contparaifon qui avilit fi fort l’âne, il
lèroit préféré à tous nos animaux domeftiques pour lèrvir de
monture 8c pour bien d’autres ulàges, & peut-être qu’après
l’avoir perfectionné autant qu’il peut l’être, par le choix des
étalons dans une longue luite de générations, & par les foins de
l’éducation, il pourrait lèrvir aux mêmes ulàges que le cheval :
on découvrirait de belles proportions dans la taille de l’âne, on
vanterait là légèreté 8c la diverfité de lès alures , on admirerait
les bonnes qualités de fon inltinél en comparaifon de la pelàn-
teur 8c de la férocité du taureau, de la lenteur 8c de la llupidité
du boeuf, qui feraient avec l’âne les feuls de nos animaux domeltiques
qui puffent lèrvir'de monture, s’il n’y avoit point de
chevaux; mais en vertu de cette foppolîtion, je ne prétends pas
entreprendre de tirer l’âne du mépris où il eft, ni le mettre en
rivalité avec le cheval, il me foffit de faire oblèrver qu’aux
yeux d’un Naturalilte, l’âne eft un animal auffi confidérable
& auffi digne de recherches que ie cheval ; les parties extérieures
de fon corps, prifes féparément ou confidérées relativement
à l’enfemble quelles forment, font auffi admirables,
quoique moins élégantes. Après avoir développé l’intérieur, on
eft étonné de la grande relfemblance qui fe trouve entre
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l’organilàtion 8c la cônftitution de l’âne 8c celles du cheval,
comme on peut Je voir dans la defeription des parties intérieures.
• Cette defeription a été faite for une ânelfe qui avoit cinq
pieds trois pouces de longueur mefurée en ligne droite depuis
le bout du niufeau jufqu’à l’origine de la queue ; la longueur de
la tête, depuis le bout des lèvres jufque derrière les oreilles, éfoit
d’un pied quatre pouces, 8c la circonférence, prife au deffus
des yeux, de deux pieds; le cou avoit un pied trois pouces
depuis l’omoplate jufqù’à l’oreille, un pied fept pouces de circonférence
près de la tête, 8c deux pieds deux pouces 8c demi
auprès des épaules; la hauteur de cette ânelfe étoit de trois
pieds un pouce 8c demi depuis terre jufqirau garrot, 8c de
trois pieds un demi-pouce depuis ie bas du pied jufquau deflùs
de l’os de la hanche; le corps avoit trois pieds trois pouces 8c
demi de circonférence prife derrière les jambes de devant,
quatre pieds au milieu du corps à l’endroit le plus- gras, 8c
trois pieds trois pouces devant les jambes de derrière.
A 1 ouverture de 1 abdomen on n’a point vû d’épiploon,
parce qui! nétoit pas plus étendu que celui du cheval: les
inteftins de l’âne n’ont paru différer de ceux du cheval que par
la grolfeur; en effet ils forment autant de pochés 8c de rétré-
cilfemens, 8c toutes les différentes portions d’inteftin font à
peu près proportionnelles à ces mêmes parties dans le cheval
pour la longueur 8c pour la conformation principale, mais non
pas pour la grolfeur, car les inteftins de l’âne font, à proportion
de leur longueur 8c du volume du corps entier, beaucoup plus
gros que ceux du cheval dans les differentes poches que forment
les inteftins de ces deux animaux. Pour donner des
preuves de cette différence, je vais rapporter en détail les