cela eft même nécefTaire fi la mère eft p le in ep ou r
qu’elle puifie mieux nourrir fon foetus. L ’âne étalon
doit être choifi parmi les plus grands & les plus forts
de fon efpèce, il faut qu’il ait au moins trois ans, &
qu’il n’en pafie pas dix, qu’il ait les jambes hautes, le
corps étoffé, la tête élevée & légère, les yeux vifs, les
nafeaux gros, l ’encolure un peu longue, le poitrail
large, les reins charnus, la côte large, la croupe platte,
la queue courte, le poil luifant, doux au toucher &
d’un gris foncé-
L ’âne, qui comme le cheval eft trois ou quatre ans
à croître, vit auftî comme lui vingt-cinq ou trente
ans ; on prétend feulement que les femelles vivent
ordinairement plus long-temps que les mâles, mais
cela ne vient peut-être que de,ce qu’étant fouvent
pleines, elles font un peu plus ménagées, au lieu qu’on
excède continuellement les mâles de fatigues 6c de
coups ; fis dorment moins que les chevaux, & ne fe
couchent pour dormir que quand iis font excédés: l’âne
étalon dure auftî plus long-temps que le cheval étalon,
plus il eft vieux, plus il paraît ardent, & en générai
la fànté-de cet animal eft bien plus ferme que celle
du cheval; il eft moins d é l i c a t , i l n’eft pas fujet,
à beaucoup près, à un auftî grand nombre de maladies;
les Anciens mêmes ne lui en connoifloient guère
d’autres que celle de la morve, à laquelle il eft, comme
nous l’avons dit, encore Lien moins fiijet que le cheval.
Il y a parmi les ânes différentes races comme parmi
les chevaux, mais que l’on connoît moins, parce qu’on
ne les a ni foignés ni fuivis avec la même attention;
feulement on ne peut guère douter que tous ne foicnt
originaires des climats chauds : Ariftote a aftiire qu’il
n’y en avoit point de fon temps en Scythie, ni dans les
autres pays feptentrionaux qui avoifinent la Scythie, ni
même dans les Gaules, dont le climat, dit-il, ne laifle
pas d’être froid; & il ajoute que le climat froid, ou
les empêche de produire, ou les fait dégénérer, & que
c’eft par cette dernière raifon que dans l’Illyrie, la
Thrace & l’Epire ils font petits & foihles; ils font
encore tels en France, quoiqu’ils y foient déjà affez
anciennement naturalifés, & que le froid du climat foit
bien diminué depuis deux mille ans par la quantité de
forêts abattues & de marais deftèchés ; mais ce qui paraît
encore plus certain, c’eft qu’ils font nouveauxb pour
la Suède & pour les autres pays du nord; ils paroifîènt
être venus originairement d’Arabie , & avoir pafté
d’Arabie en Egypte, d’Egypte en Grèce, de Grèce
en Italie, d’Italie en France, & enfuite en Allemagne,
en Angleterre, & enfin en Suède, &c. car ils font en
effet d’autant moins forts & d’autant plus petits, que
les climats font plus froids.
Cette migration paraît affez bien prouvée par le
rapport des voyageurs : Chardinc dit « qu’il y a de deux
* Vide Arijfot. de générât, animal. lib. I T.
b Vide Linnoei Faiiiiam Suecicam.
c Voy. le voyage de Chardin, tome. 11, pages i i ï & zj»
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