fert de bafe à la fécondé & la précède néceffairemen-t
cette première aétion de la puiffance de réfléchir eft
de comparer les fenfations & d’en former des idées.»
& la fécondé eft de comparer les idées mêmes &
d’en former des raifonnemens : par la première de ces
opérations, nous acquérons des idées particulières & qui
fiiflifent à la connoiflance de toutes les chofes fenfibles;
par la féconde, nous nous élevons à des: idées générales
,. nécelfaires pour arriver à l’intelligence des chofes
abftraites. Les animaux, n’ont ni l’une ni l ’autre de ces
facultés, parce qu’ils, n’ont, point d’entendement, &
l ’entendement de la plufpart.des hommes paraît être
borné à la première de ces opérations.
Car fi tous les- hommes étaient également capables
de comparer des idées, de les généralifer & d’en former
de nouvelles combinaifons, tous manifefleroient leur
génie par des productions nouvelles, toujours différentes-
de celles des autres, & fouvent plus parfaites; tous
auroient le don d’inventer, ou du moins les talens de
perfectionner. Mais non : réduits à une imitation fervile,
la plufpart des hommes ne font que ce qu’ils, voient
faire, ne penfent que de mémoire & dans le même ordre
que les autres- ont penfé; les formules, les méthodes,
les métiers rempliffent toute la capacité de leur entendement,
& les difpenfent de réfléchir affez-pour créer.
L ’imagination eft aufli une faculté de l’ame: fi nous
entendons par ce mot imagination la puiffance que nous
avons de comparer des images avec des, idées, de
SUR LA NATURE DES ANIMAUX. 69
donner des couleurs à nos penfées, de repréfenter &
d’agrandir nos fenfations, de peindre le fentiment, en
un mot de fâifir Vivement les circonftances & de voir
nettement les rapports éloignés des objets que nous
confidérons, cette puiffance de notre ame en eft même
la qualité la plus brillante & la plus active, c’eft l’efprit
fupérieur, c’eft le génie, les animaux' en font encore
plus dépourvus que d’entendement & de mémoire; mais
il y a une autre imagination , un autre principe qui
dépend uniquement des organes corporels, & qui nous
eft commun avec les-animaux; c ’eft cette acftion tumul-
tueufe & forcée qui s’excite au dedans de nous-mêmes
par les objets analogues ou contraires à nos appétits;
c ’eft cette impreffion vive & profonde des images de
ces objets, qui malgré nous fe renouvelle à tout infi-
tant, & nous contraint d’agir comme les animaux, fans
réflexion, fans délibération ; cette repréfentation des
objets , plus active encore que leur préfence, exagère
tout, fàlfifie tout. Cette imagination eft l’ennemie de
.notre ame, c’eft la fource de l’iflufion, la mère des
paflîons qui nous maîtrifent, nous emportent malgré
les efforts de la raifon, & nous rendent le malheureux
théâtre d’un combat continuel, où nous fournies prefque
toujours vaincus.
Homo duplex-.
L ’homme intérieur eft double, il eft compofe de deux:
principes difïerens par leur nature, & contraires par leur
I- nj,