auffi-bien que les jambes, qui de plus font raboteufes, ifs
ont auffi les oreilles & le col longs, les habitans du pays
les apprivoifent aifément & les font enliiite travailler,
les chaffeurs leur font porter leurs cuirs; on fe fert
pour les prendre de lacs de corde, qu’on tend dans
les endroits où ils fréquentent, ils s’y engagent aifément,
& s’ils fe prennent par le col ils s’étranglent
eux-mêmes, à moins qu’on n’arrive alfez-tôt pour les
fecourir, on les arrête par le corps & les jambes, <Sc
on les attache à des arbres, où on les laiffe pendant
deux jours fans boire ni manger: cette épreuve fuffit
pour commencer à les rendre dociles, & avec le temps
ils le deviennent autant que s’ils n’eulfent jamais été
farouches, & même, fi par quelque hafàrd ils fe retrouvent
en liberté, ils ne deviennent pas fàuvages une
fécondé fois, ils reconnoiffent leurs maîtres, & fe laiffertt
approcher & reprendre aifément ( i) . »
m M. de Gariault donne un
autre moyen d’apprivoifer les chevaux
farouches: « quand on n’a
>» point apprivoifé, dit-il, les pou-
y> lains dès leur tendre jeunefie, il
>3 arrive fouvent que l’approche &
» l’attouchement de l’homme leur
33 caufeijt tant de frayeur, qu’ils s’en
33 défendent à coups de dents & de
>3 pieds, de façon qu’ii eft prefque
33 impofïible de les panier & de les
33 ferrer ; fi la patience & la douceur
» ne fufïïfent pas, il faut, pour Içs
apprivoiser, fe fervir du moyenne
qu’on emploie en fauconnerie«
pour priver un oifeau qu’on vient «
de prendre & qu’on veut drefîer oc
au vol, c’eft de l’empêcher de«
dormir jufqu’à ce qu’il tombe de <«
foïbleïïe, fl faut en ufer de même «
à l’égard d’un cheval farouche, «c
& pour cela il faut le tourner à là «
place le derrière à la mangeoire y*c
& avoir un homme toute la nuit «
& tout le jour à fa tête, qui lui «
donne de temps en temps une «
Cela prouve que ces animaux font naturellement
doux & très-difpofés à fe fàmiliarifer avec l’homme &
à s’attacher à lui, auffi n’arrive - 1 - il jamais qu’aucun
d ’eux quitte nos maifons pour fe retirer dans les forêts
ou dans les deferts, ils marquent au contraire beaucoup
d’empreffement pour revenir au gîte, où cependant ils
ne trouvent qu’une nourriture grofîière, toujours la
même, & ordinairement mèflirée fur l’économie beaucoup
plus que fur leur appétit ; mais la douceur de
l ’habitude leur tient lieu de ce qu’ils perdent d’ailleurs;
après avoir été excédés de fatigue, le lieu du repos eft
un lieu de délices, ils le fentent de loin, ils favent le
reconnoître au milieu des plus grandes villes, & fem-
blent préférer en tout l’efclavage à la liberté; ils fe
font même une fécondé nature des habitudes auxquelles
on les a forcés ou fournis, puifqu’on a vu des chevaux,
abandonnés dans les bois, hennir continuellement pour
fe faire-entendre, accourir à la voix des hommes, & en-
même temps maigrir & dépérir en peu de temps, quoiqu’ils
euffent abondamment de quoi varier leur nourriture
& fatisfàire leur appétit.
Leurs moeurs viennent donc prefque en entier de leur
éducation, & cette éducation fuppofe des foins & des
peines que l ’homme ne prend pour aucun autre animal,
» poignée tle foin & l’empêche de
x fe coucher, on verra avec éton-
» neinent comme il fera fuhitement
» adouci ; il y a cependant des
chevaux qu’il faut veiller ainfi «-
pendant huit jours. x V. le nouveau
parfait Maréchal', page 89.
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