que l ’animal aperçoit quelque objet relatif à fes befoins,
le defir ou l’appétit naît, & l ’aétion fuit.
Les objets extérieurs exerçant leur aétion fur les fens,
il ell donc nécelfaire que cette aétion produife quelque
effet, & on concevroit aifément que l’effet de cette
aétion ferait le mouvement de l’animal, fi toutes les
fois que fes fens font frappés de la même façon, le
même effet, le même mouvement fùccédoit toujours à
cette imprefïion : mais comment entendre cette modification
de l ’aétion des objets fur l’animal, qui fait
naître l’appétit ou la répugnance ! comment concevoir
ce qui s’opère au-delà des fens à ce terme moyen entre
l’aétion des objets & l’aétion dé l’animal ! opération
dans laquelle cependant confrfle le principe de la détermination
du mouvement, puifqu’elle change & modifie
l’aétion de l’animal, & qu’elle la rend quelquefois nulle
malgré l’impreffion des objets.
Cette queftion eft d’autant plus difficile à réfoudre,
qu’étant par notre nature différens des animaux, lame
a part à prefque tous nos mouvemens , & peut-être à
tous, & qu’il nous eft-très - difficile de diftinguer les
effets de l’aétion de cette fiibftance fpirituelle, de ceux
qui font produits par les feules forces de notre être
matériel : nous ne pouvons en juger que par analogie &
en comparant à nos aétions les opérations naturelles des
animaux; mais comme cette fubftance fpirituelle n’a été
accordée qu’à l’homme, & que ce n’eft que par elle
qu’il penfe & qu’il réfléchit; que l’animal eft au contraire
un être purement matériel, qui ne penfe ni ne réfléchit,
& qui cependant agit & femble fe déterminer, nous ne
pouvons pas douter que le principe de la détermination
du mouvement ne foit dans l’animal un effet purement
méchanique, & abfolument dépendant de fon orga-
nifàtion.
Je conçois donc que dans l’animal l’aétion des objets
fur les fens en produit une autre fur le cerveau, que je
regarde comme un fens intérieur & général qui reçoit
toutes les impreffions que les fens extérieurs lui tranf-
mettent. C e fens interne eft non feulement fufceptible
d’être ébranlé par l’aétion des fens & des organes
extérieurs, mais il eft encore, par fa nature, capable
de conferver long-temps l ’ébranlement que produit
cette aétion; & c ’eft dans la continuité de cet ébran-^
lement que confifte l’impreffion, qui eft plus ou moins
profonde à proportion que cet ébranlement dure plus
ou moins de temps.
Le fens intérieur diffère donc des fens extérieurs,
d abord par la propriété qu’il a de recevoir généralement
toutes les impreffions, de quelque nature qu’elles
foient; au lieu que les fens extérieurs ne les reçoivent
que d’une manière particulière & relative à leur conformation
, puifque l’oeil n’eft jamais ni pas plus ébranlé
par le fon que l’oreille par la lumière. Secondement, ce
lens interieur diffère des fens extérieurs par la durée
de l ’ébranlement que produit l ’aéiion des tarifes extérieures;
mais pour tout le relie, il eft de la même nature